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Matteo Bruni

Bonjour Sainteté, bonjour à tous !

Merci de nous avoir rejoints ici à l’arrière pour une rencontre avec vous. Merci pour ces journées que nous avons pu vivre en suivant votre voyage dans ces deux pays que vous avez visités. Pour ce dernier pays, le Liban, les journalistes ont quelques questions, mais je voudrais d'abord dire quelques mots. Il y a une journaliste qui a travaillé pendant de nombreuses années en suivant le Saint-Siège, le Vatican, le Pape, et qui prend sa retraite en décembre : Cindy Wooden, qui travaille avec la CNS. La relation a été précieuse et amicale pendant toutes ces années.

En ce qui concerne les questions, la première vient d'un journaliste libanais, si vous ne voulez pas dire un mot avant...

Pape Léon XIV

Juste un mot. Bonjour à tous ! Tout d'abord, je tiens à tous vous remercier tous, vous qui avez travaillé si dur, et je voudrais que vous transmettiez également ce message aux autres journalistes, tant en Turquie qu'au Liban, à tous ceux qui ont travaillé pour communiquer les messages importants de ce voyage. Alors, merci à vous, vous méritez tous aussi un tonnerre d'applaudissements pour votre travail. Merci, merci !

Matteo Bruni

La première question est posée par Joseph Farchakh, de la télévision publique libanaise (LBC International).

Joseph Farchakh - Télévision publique libanaise (LBC International)

Tout d'abord, merci beaucoup de nous avoir accordé cette opportunité, en tant que seul média libanais, de vous accompagner lors de votre premier voyage à l'étranger. Avant de poser ma question, voici un cadeau de la part de la famille LBCI. Il a été dessiné en direct à la télévision pendant que vous vous déplaciez d'une étape à l'autre. C'est vous ici, et ce sont les différents arrêts. Vous pouvez voir Notre-Dame du Liban, Saint Charbel, le port de Beyrouth, chaque arrêt, chaque étape notable.

Nous vous remercions sincèrement pour cette opportunité qui est une bénédiction. Au dos, vous trouverez les sincères remerciements de notre Président Directeur Général et de son épouse, Pierre et Randa Daher. Ils vous sont très reconnaissants de cette opportunité. Il a été peint en direct pendant que vous vous déplaciez d'un arrêt à l'autre.

Revenons à ma question, Votre Sainteté. Vous êtes un Pape américain qui conduit un processus de paix ; vous êtes en mission de paix dans la région. Ma question est la suivante : allez-vous utiliser vos relations avec le Président Donald Trump, avec le Premier Ministre Benjamin Netanyahou ? Vous avez déclaré dans l'avion auparavant que le Vatican était ami avec Israël ? Allez-vous soulever la nécessité de mettre fin aux agressions israéliennes contre le Liban ? Une paix durable est-elle possible dans la région ?

Pape Léon XIV

Tout d'abord, je crois qu'une paix durable est envisageable. Je pense que lorsque nous parlons d'espérance et de paix, et que nous regardons vers l'avenir, nous le faisons parce qu'il est possible que la paix revienne dans la région et dans votre pays, le Liban. En fait, j'ai déjà très modestement entamé quelques conversations avec certains dirigeants des pays que vous avez mentionnés, et j'ai l'intention de continuer à le faire, personnellement ou par l'intermédiaire du Saint-Siège, car nous entretenons des relations diplomatiques avec la plupart des pays de la région et nous espérons continuer à lancer cet appel à la paix dont j'ai parlé à la fin de la messe aujourd'hui.

Matteo Bruni

Merci, Sainteté. La question suivante est posée par Imad Atrach, de Sky News Arabia.

Imad Atrach - Sky News Arabia

Sainteté, je suis Libanais, moi, je parlerai en italien si vous me le permettez. Dans votre dernier discours, que je considère comme très important, vous avez adressé un message clair aux autorités libanaises, en les invitant à négocier. Par conséquent, négocier, dialoguer, construire. Le Vatican prendra-t-il des mesures concrètes dans ce sens ? Hier soir, vous avez également rencontré un représentant chiite. Avant votre voyage, le Hezbollah vous avait envoyé un message. Je ne sais pas si vous l'avez reçu, si vous l'avez lu, et que pourriez-vous nous en dire ? Je vous remercie beaucoup d'avoir visité le Liban, c'était un rêve pour nous.

Pape Léon XIV

Bien, merci. C'est un aspect de ce voyage qui n'était pas, disons, la cause principale, car le voyage lui-même est né en pensant aux questions œcuméniques, avec le thème de Nicée, la rencontre avec les patriarches catholiques et orthodoxes, et la recherche de l'unité dans l'Église. Mais en effet, au cours de ce voyage, j'ai également eu des rencontres personnelles avec des représentants de différents groupes qui représentent effectivement des autorités politiques, des personnes ou groupes ayant un lien avec les conflits internes ou internationaux dans la région. Notre travail est essentiellement une action publique que nous ne crions pas sur les toits, mais plutôt une action “en coulisses”. C'est quelque chose que nous avons déjà fait et que nous continuerons à faire pour essayer, disons, de convaincre les parties de déposer les armes, de renoncer à la violence et de se réunir autour d'une table de dialogue. Chercher des réponses et des solutions qui ne soient pas violentes, mais qui soient plus efficaces et meilleures pour le peuple.

Imad Atrach - Sky News Arabia

Le message du Hezbollah l'avez-vous vu ?

Pape Léon XIV

Oui, je l'ai vu. Il est évident que l'Église propose qu'ils déposent les armes et que nous recherchions le dialogue. Mais je préfère ne pas faire d'autres commentaires à ce sujet dans le contexte actuel.

Matteo Bruni

Merci, Sainteté. L'autre question vient de Cindy Wooden, de CNS (Catholic News Service).

Cindy Wooden - CNS

Saint-Père, il y a quelques mois, vous avez déclaré qu'il fallait du temps pour apprendre à être Pape. Hier, lorsque vous êtes arrivé à Harissa, où vous avez reçu un accueil chaleureux, vous avez semblé dire “waouh”. Pouvez-vous nous dire ce que vous apprenez ? Qu'est-ce qui est le plus difficile à apprendre pour vous dans votre rôle de Pape ? Vous ne nous avez pas non plus dit ce que vous avez ressenti lorsque vous avez compris ce qui se passait lors du conclave. Pouvez-vous nous en dire davantage à ce sujet ?

Pape Léon XIV

Eh bien, ma première remarque serait qu'il y a encore un an ou deux, je pensais moi aussi un jour prendre ma retraite. Vous avez apparemment reçu ce cadeau. Certains d'entre nous continueront à travailler.

En ce qui concerne le conclave lui-même, je crois très fermement au secret du conclave, même si je sais qu'il y a eu des interviews publiques au cours desquelles certaines choses ont été révélées. La veille de mon élection, une journaliste m'a intercepté dans la rue alors que j'allais déjeuner chez les Augustins, de l'autre côté de la rue, et m'a demandé : « Qu'en pensez-vous ? Vous êtes devenu l'un des candidats ! » Et j'ai simplement répondu : « Tout est dans les mains de Dieu. » Et j'y crois profondément. L'un d'entre vous — il y a ici un journaliste allemand qui m'a dit l'autre jour : « Citez-moi un livre, outre saint Augustin, que nous pourrions lire pour comprendre qui est Prévost. » Il y en a plusieurs auxquels j’ai pensé, mais l'un d'entre eux est un livre intitulé “La Pratique de la Présence de Dieu”. C'est un livre très simple, écrit par un certain Frère Laurent qui ne donne même pas son nom de famille. Je l'ai lu il y a de nombreuses années.

Mais il décrit, si vous voulez, un type de prière et de spiritualité où l'on offre simplement sa vie au Seigneur et où l'on se laisse guider par le Seigneur. Si vous voulez en savoir davantage sur moi, c'est ma spiritualité depuis de nombreuses années. Au milieu de grands défis, alors que je vivais au Pérou pendant les années de terrorisme, appelé à servir dans des endroits où je n'aurais jamais pensé être appelé à servir. Je fais confiance à Dieu et c'est un message que je partage avec tout le monde. Alors, comment cela s'est-il passé ? Je me suis résigné à la situation lorsque j'ai vu comment les choses évoluaient, et je me suis dit que cela pouvait être une réalité. J'ai pris une grande inspiration et j'ai dit : “Allons-y, Seigneur, tu es aux commandes, montre-moi le chemin”.

Cindy Wooden répète la première partie de sa question.

Pape Léon XIV

Je ne sais pas si j'ai dit “wow” hier soir. Dans le sens où... mon visage est très expressif, mais je suis souvent amusé par la façon dont les journalistes interprètent l’expression de mon visage. Sérieusement, je trouve cela intéressant. Parfois, vous me donnez de très bonnes idées, car vous pensez pouvoir lire dans mes pensées ou sur mon visage. Mais ce n'est pas toujours le cas, vous n'avez pas toujours raison.

J'étais au Jubilé des jeunes, où il y avait plus d'un million de jeunes. Hier soir, il y avait peu de monde. C'est toujours merveilleux pour moi. Je me dis que ces gens sont là parce qu'ils veulent voir le Pape, mais je me dis aussi qu'ils sont là parce qu'ils veulent voir Jésus-Christ, et qu'ils veulent voir un messager de paix, dans ce cas particulier. Donc, simplement écouter leur enthousiasme et entendre leur réponse à ce message est, je pense, quelque chose qui est - cet enthousiasme -impressionnant. J'espère juste ne jamais me lasser d'apprécier tout ce que tous ces jeunes montrent.

Matteo Bruni

Merci, Sainteté. La question suivante vient de Gian Guido Vecchi, Corriere della Sera

Gian Guido Vecchi – Corriere della Sera

Nous vivons actuellement des heures de grande tension entre l'OTAN et la Russie. On parle de guerre hybride, de cyberattaques, etc. Voyez-vous le risque d'une escalade, c'est-à-dire d'un conflit mené avec de nouveaux moyens, comme l'ont dénoncé les dirigeants de l'OTAN ? Dans ce contexte, est-il possible de mener des négociations en vue d'une paix juste sans l'Europe, systématiquement exclue ces derniers mois par l'administration américaine ?

Pape Léon XIV

C'est évidemment un sujet important pour la paix dans le monde, mais le Saint-Siège n'y participe pas directement, car nous ne sommes pas membres de l'OTAN et n'avons pris part à aucun des dialogues menés jusqu'à présent. Même si nous avons souvent appelé au cessez-le-feu et au dialogue plutôt qu'à la guerre. Cette guerre comporte désormais de nombreux aspects, notamment l'augmentation du nombre d'armes, toute la production existante, les cyberattaques et l'énergie. Maintenant que l'hiver approche, un problème très grave se pose également. Il est évident que, d'une part, le Président des États-Unis pense pouvoir promouvoir un plan de paix qu'il souhaiterait mettre en œuvre et qui, du moins dans un premier temps, s'est fait sans l'Europe. Cependant, la présence de l'Europe est en réalité importante et cette première proposition a été modifiée, notamment en raison de la position de l'Europe. Je pense plus précisément que le rôle de l'Italie pourrait être très important. Plus précisément, disons culturellement et historiquement, en raison de la capacité de l'Italie à servir d'intermédiaire dans un conflit qui oppose différentes parties. L'Ukraine, la Russie évidemment, les États-Unis... En ce sens, je pourrais suggérer que le Saint-Siège encourage également ce type de médiation et que nous cherchions ensemble une solution qui pourrait vraiment apporter la paix, une paix juste, dans ce cas en Ukraine. Merci !

Matteo Bruni

Merci, Sainteté ! La question suivante est posée par Elisabetta Piqué, de La Nación, qui se trouve également ici devant.

Elisabetta Piqué - La Nación

Tout d'abord merci, Saint-Père, pour ce premier voyage international. Ensuite, eh bien, le drapeau du Liban a les mêmes couleurs que celui du Pérou : est-ce un signe que vous allez effectuer ce voyage en Amérique latine, théoriquement au cours du second semestre de l'année prochaine, avec l'Argentine et l'Uruguay qui restent en suspens ? Blague à part, nous aimerions savoir quels voyages vous prévoyez pour l'année prochaine. Et puis, en parlant de l'Amérique latine, la situation est très préoccupante : il y a beaucoup de tensions à cause de la situation au Venezuela. Le Président Trump a lancé un ultimatum à Maduro pour qu'il parte, qu'il quitte le pouvoir, et a menacé de le renverser par une opération militaire. Nous aimerions connaître votre opinion à ce sujet. Merci.

Pape Léon XIV

En ce qui concerne les voyages, rien n'est sûr. J'espère pouvoir faire un voyage en Afrique. Ce serait peut-être mon prochain voyage.

Elisabetta Piqué

Où ?

Pape Léon XIV

En Afrique, en Afrique. Personnellement, j'espère me rendre en Algérie pour visiter les lieux où a vécu saint Augustin, mais aussi pour poursuivre le dialogue, pour construire des ponts entre le monde chrétien et le monde musulman. Dans le passé, dans un autre rôle, j'ai déjà eu l'occasion d'aborder ce sujet. C'est intéressant : la figure de saint Augustin aide beaucoup à jeter des ponts, car il est très respecté en Algérie en tant que fils de la patrie. En voilà un. Nous travaillons sur d'autres pays. Évidemment, j'aimerais beaucoup visiter l'Amérique latine, notamment l'Argentine et l'Uruguay qui attendent la visite du Pape. Le Pérou... Je pense qu'ils m'accueilleront aussi ! Et puis, si je vais au Pérou, il y a aussi beaucoup de pays voisins... Mais le projet n'est pas encore défini...

Elisabetta Piqué

26 ou 27 ?

Pape Léon XIV

26 ou 27, nous verrons.

Elisabetta Piqué

Merci.

Pape Léon XIV

En ce qui concerne le Venezuela, au niveau de la Conférence épiscopale, avec le Nonce, nous cherchons des moyens d'apaiser la situation, en recherchant avant tout le bien du peuple, car ce sont souvent les populations qui souffrent dans ces situations, et non les autorités. Il faut bien constater que les positions des États-Unis changent, et parfois assez fréquemment. D'un côté, il semble qu'il y ait eu une conversation téléphonique entre les deux Présidents. D'un autre côté, il y a ce danger, cette possibilité d’une action, d’une opération, voire d’une invasion du territoire vénézuélien. Je n'en sais pas plus. Je pense qu'il vaut mieux chercher à nouveau des moyens de dialogue, voire de pression, y compris économique, pour changer les choses, si c'est ce que les États-Unis décident de faire.

Matteo Bruni

Merci Elisabetta. Sainteté, l'autre question vient de Mikael Corre, de La Croix.

Mikael Corre - La Croix

Bonjour, Votre Sainteté. Je vous remercie pour ce voyage très intéressant. Vous venez de parler de la nécessité de continuer à construire des ponts entre les différents mondes, et j'aimerais vous poser une question. Certains catholiques en Europe estiment que l'islam constitue une menace pour l'identité chrétienne de l'Occident. Ont-ils raison et que leur diriez-vous ?

Pape Léon XIV

Toutes les conversations que j'ai eues pendant mon séjour, tant en Turquie qu'au Liban, y compris avec de nombreux musulmans, ont précisément porté sur le thème de la paix et du respect des personnes de différentes religions. Je sais, en effet, que cela n'a pas toujours été le cas. Je sais qu'en Europe, il y a souvent des craintes, mais celles-ci sont souvent alimentées par des personnes opposées à l'immigration et qui tentent d'exclure les personnes issues d'un autre pays, d'une autre religion ou d'une autre ethnie. En ce sens, je dirais que nous devons tous travailler ensemble. L'un des intérêts de ce voyage est précisément d'attirer l'attention du monde sur la possibilité d'un dialogue et d'une amitié entre musulmans et chrétiens. Je pense que l'une des grandes leçons que le Liban peut enseigner au monde est précisément de montrer qu'il est possible de vivre ensemble et d'être amis, dans un pays où l'islam et le christianisme sont tous deux présents et respectés. Les récits, les témoignages et les témoins que nous avons entendus ces deux derniers jours, par exemple de chrétiens et de musulmans qui s'entraident et dont les villages ont été détruits, montraient que nous pouvons nous réunir et travailler ensemble. Je pense qu'il serait important de faire entendre ces leçons également en Europe ou en Amérique du Nord. Nous devrions peut-être cesser d'être un peu moins craintifs et chercher des moyens de promouvoir un dialogue et un respect authentiques.

Matteo Bruni

La prochaine question vient de la journaliste de la radio ARD, Anna Giordano.

Anna Giordano - Radio ARD

L'Église au Liban est également soutenue par l'Église allemande. Il existe, par exemple, certaines agences d'aide allemandes très actives au Liban. De ce point de vue, il est donc important que l'Église allemande soit forte. Vous savez sans doute qu'il existe ce chemin synodal, que nous appelons Synodaler Weg, un processus de changement en cours dans l'Église allemande. Pensez-vous que ce processus puisse être un moyen de renforcer l'Église en Allemagne ? Ou est-ce l'inverse ? Et pourquoi ?

Pape Léon XIV

Le chemin synodal n'est pas propre à l'Allemagne, toute l'Église a célébré un synode et la synodalité ces dernières années. Si de grandes similitudes existent, il y a également des différences marquées entre la manière dont le Synodaler Weg a été mené en Allemagne et la manière dont il pourrait se poursuivre dans l'Église universelle. D'une part, je dirais qu'il y a certainement place pour le respect de l'inculturation. Le fait que la synodalité soit vécue différemment selon les lieux ne signifie pas qu'il y aura rupture ou fracture. Je pense qu'il est très important de s'en souvenir. En même temps, je suis conscient que de nombreux catholiques en Allemagne estiment que certains aspects du chemin synodal célébré jusqu'à présent en Allemagne ne représentent pas leur espérance pour l'Église ou leur façon de vivre l'Église. Il est donc nécessaire de poursuivre le dialogue et l'écoute au sein même de l'Allemagne, afin que la voix de personne ne soit exclue, afin que la voix de ceux qui sont plus puissants ne fasse pas taire ou étouffer celle de ceux qui sont peut-être très nombreux mais qui n'ont pas la possibilité de s'exprimer et de faire entendre leur propre voix et leur propre expression de la participation à l'Église. Dans le même temps, comme vous le savez certainement, le groupe d'évêques allemands se réunit depuis deux ans avec un groupe de cardinaux de la Curie romaine. Un processus est également en cours pour essayer de s'assurer que le chemin synodal allemand ne s'écarte pas, si vous voulez, de ce qui doit être considéré comme le chemin de l'Église universelle. Je suis certain que cela va se poursuivre. Je pense qu'il y aura quelques ajustements de part et d'autre en Allemagne, mais j'ai bon espoir que les choses s'arrangeront de manière positive.

Matteo Bruni

Merci, Votre Sainteté, merci Anna. La dernière question vient de Rita El-Mounayer (Sat-7 International), une autre journaliste vient de la région du Liban.

Rita El-Mounayer - Sat-7 International

Nous sommes quatre différentes chaînes chrétiennes diffusant au Moyen-Orient et en Afrique du Nord : deux en arabe, une en farsi et une en turc. Tout d'abord, je tiens à vous remercier d'avoir pris ce temps pour le peuple libanais. Je suis moi-même une enfant de la guerre et je sais à quel point il est important de recevoir une accolade, une tape sur l'épaule et un “Tout ira bien” de Votre Sainteté. Ce qui m'a frappée, c'est votre devise, Votre Sainteté, qui dit : « En Celui qui est Un, nous sommes Un ». Cette devise prône la construction de ponts entre les différentes confessions chrétiennes, entre les religions, mais aussi entre les voisins, ce qui peut parfois être difficile.

Ma question est donc la suivante : selon vous, quel cadeau unique l'Église du Moyen-Orient, avec toutes ses larmes, ses blessures, ses défis et son histoire passée, a-t-elle à offrir à l'Église occidentale et au monde ?

Pape Léon XIV

Permettez-moi de commencer ma réponse en disant qu'aujourd'hui, les personnes qui ont grandi dans une société très individualiste, les jeunes qui ont passé beaucoup de temps pendant la pandémie à cause du Covid et dont les relations personnelles sont souvent très isolées, car elles se limitent à des écrans d'ordinateur ou à des smartphones, se demandent parfois : “Pourquoi devrions-nous vouloir être unis ? Je suis un individu et je me moque des autres”. Je pense qu'il y a ici un message très important à transmettre à tous : l'unité, l'amitié, les relations humaines, la communion sont extrêmement importantes et extrêmement précieuses. Ne serait-ce que pour l'exemple que vous avez mentionné, celui d'une personne qui a vécu la guerre ou qui a souffert et qui est dans la douleur, ce qu'une étreinte peut signifier pour elle. Ce que cette expression très humaine, réelle et saine d'attention personnelle, peut faire pour guérir le cœur d'une autre personne. Sur le plan personnel, cela peut devenir, si vous voulez, un niveau commun, un niveau communautaire qui nous unit tous et nous aide à comprendre que le respect mutuel va bien au-delà de la formule “tu gardes tes distances, je reste ici, tu restes là-bas et nous n'avons aucune interaction”. Il s'agit plutôt de construire des relations qui enrichiront tout le monde. Avec ce message, ma devise est bien sûr principalement due au Christ : « in illo », c'est-à-dire « dans le Christ qui est Un, nous sommes tous un ». Mais elle ne s'adresse pas uniquement aux chrétiens. En fait, c'est une invitation à chacun d’entre nous, et aux autres, à dire que plus nous pouvons promouvoir une unité et une compréhension authentiques, le respect et les relations humaines d'amitié et de dialogue dans le monde. Ainsi, nous aurons plus de chances de mettre de côté les armes de la guerre, la méfiance, la haine et l'animosité, et de trouver des moyens de nous rassembler pour promouvoir une paix et une justice authentiques dans le monde entier.

Matteo Bruni

Merci, Sainteté, merci pour votre réponse et pour toutes vos réponses. Merci pour votre disponibilité tout au long de ce voyage.

Pape Léon XIV

Bon voyage à tous et merci à vous !

Matteo Bruni

Merci !