CELEBRATION MATINALE RETRANSMISE EN DIRECT
DEPUIS LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE
HOMELIE DU PAPE FRANÇOIS
"Demander pardon nécessite de pardonner"
Mardi 17 mars 2020
Introduction à la Messe
Je voudrais que nous priions aujourd'hui pour les personnes âgées qui souffrent de ce moment d'une manière particulière, avec une très grande solitude intérieure et parfois avec tant de peur. Prions le Seigneur d'être proche de nos grands-parents, de nos grands-mères, de toutes les personnes âgées et de leur donner de la force. Ils nous ont donné la sagesse, la vie, l'histoire. Nous aussi, nous sommes proches d'eux par la prière.
Homélie Demander pardon nécessite de pardonner
Jésus vient de faire une catéchèse sur l'unité des frères et la conclut par une belle parole : "Je vous assure que si deux d'entre vous, deux ou trois, se mettent d'accord pour demander une grâce, elle leur sera accordée » (cf. Mt 18,19). L'unité, l'amitié, la paix entre les frères attire la bienveillance de Dieu. Et Pierre pose la question : "Oui, mais pour les gens qui nous offensent, que devons-nous faire ? « Si mon frère commet des péchés contre moi, - m'offense -, combien de fois devrai-je lui pardonner? Jusqu’à sept fois?" (v. 21). Et Jésus répondit par cette parole qui signifie, dans leur langage, "toujours" : "Soixante-dix fois sept" (v. 22). Il faut toujours pardonner.
Et ce n'est pas facile de pardonner. Parce que notre cœur égoïste est toujours attaché à la haine, à la vengeance, à la rancune. Nous avons tous vu des familles détruites par des haines familiales renvoyées d'une génération à l'autre. Des frères qui, devant le cercueil d'un de leurs parents, ne se saluent pas parce qu'ils gardent de vieilles rancunes. Il semble que s'accrocher à la haine soit plus fort qu'à l'amour et c'est précisément le trésor – pour ainsi dire - du diable. Il est toujours accroupi parmi nos rancunes, parmi nos haines et les fait grandir, les maintient là pour détruire. Détruire tout. Et bien souvent, par de petites choses, il détruit.
Et il détruit aussi ce Dieu qui n'est pas venu pour condamner, mais pour pardonner. Ce Dieu qui est capable de faire la fête pour un pécheur qui s'approche de lui et oublie tout.
Quand Dieu nous pardonne, il oublie tout le mal que nous avons fait. Quelqu'un disait : "C'est la maladie de Dieu". Il n'a pas de mémoire, il est capable de perdre la mémoire dans ces cas-là. Dieu perd la mémoire des vilaines histoires de tant de pécheurs, de nos péchés. Il nous pardonne et continue. Il nous demande seulement : "Fait pareille : apprends à pardonner", ne pas continuer à avancer avec cette croix non féconde de la haine, de la rancœur, du "tu vas me le payer". Cette parole n'est ni chrétienne ni humaine. La générosité de Jésus nous enseigne que pour entrer au ciel, nous devons pardonner. En effet, il nous dit : "Vas-tu à la messe?" - "Oui" – « Mais si, lorsque tu vas à la messe, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, réconcilie-toi d'abord ; ne viens pas vers moi avec l'amour pour moi dans une main et la haine envers ton frère dans l'autre.» La cohérence de l'amour. Pardonner. Pardonner sincèrement.
Il y a des gens qui vivent en condamnant les gens, en parlant mal des gens, en salissant constamment les collègues de travail, en salissant les voisins, les parents… parce qu'ils ne pardonnent pas quelque chose qu'ils leur ont fait, ou ne pardonnent pas quelque chose qu'ils n'ont pas aimé. Il semble que la richesse du diable soit ceci : semer de l'amour du ‘ne pas pardonner’, vivre attaché au ‘ne pas pardonner’. Et le pardon est la condition pour entrer au ciel.
La parabole que Jésus nous raconte (cf. Mt 18,23-35) est très claire : pardonner. Que le Seigneur nous enseigne cette sagesse du pardon qui n'est pas facile. Et faisons une chose : lorsque nous allons nous confesser, pour recevoir le sacrement de la réconciliation, demandons-nous d'abord : "Est-ce que je pardonne ? » Si je sens que je ne pardonne pas, je ne dois pas faire semblant de demander pardon, car je ne serai pas pardonné. Demander pardon, c'est pardonner. Les deux vont ensemble. Ils ne peuvent pas se séparer. Et ceux qui demandent pardon pour eux-mêmes comme ce monsieur, auquel le maître pardonne tout, mais ne pardonne pas aux autres, finiront comme ce monsieur. (cf. vv. 32-34). "C’est ainsi que mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur." (v. 35).
Que le Seigneur nous aide à comprendre cela et à baisser la tête, à ne pas être orgueilleux, à être magnanime dans le pardon. Au moins à pardonner « par intérêt ». Comment? Oui : pardonner, car si moi je ne pardonne pas, je ne serai pas pardonné. Au moins cela. Mais toujours le pardon.
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