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PAROLES DU PAPE FRANÇOIS
AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS MONDIAL
DE LA FONDATION PONTIFICALE
SCHOLAS OCCURRENTES

Nouvelle salle du Synode
Dimanche 29 mai 2016

[Multimédia]


 

« Depuis que tu es devenu Pape, as-tu jamais pensé à t’arrêter en raison de l’excès de responsabilités ? » et « Comment construit-on un monde plus intégré ? » : telles sont les questions posées au Pape François par deux des douze jeunes youtubers qui, dans l’après-midi du dimanche 30 mai, se sont entretenus avec le Pape lors d’une rencontre privée en marge de la conclusion du sixième congrès de Scholas Occurentes. Par la suite, face à l’assemblée des participants au congrès réunis dans la salle du synode, au Vatican, le Pape a salué les personnes présentes et, après avoir écouté une série de témoignages introduits par la coordinatrice Maria Paz Jurado, il a répondu aux questions des bloggers.

Merci d’être ici. je suis heureux de vous saluer et j’espère que tout cela n’a pas été trop ennuyeux; qu’il y a eu un climat de communication, un climat de rencontre, un climat de « pont » qui nous unit et qui est un défi pour ce monde, un monde qui court toujours le risque de s’« atomiser » et de se séparer. Et quand les peuples se séparent, les familles se séparent, les amis se séparent, dans la séparation, on ne peut semer que l’inimitié et même la haine. En revanche, quand on s’unit, il y a l’amitié sociale, l’amitié fraternelle; et il y a une culture de la rencontre, qui nous défend de tout type de culture du rebut. Merci pour cela et pour ce que vous faites dans ce sens.

Après les questions des youtubers :

La première. Je n’ai pas pensé me retirer en raison des responsabilités... Je vous confie quelque chose: je ne pensais pas qu’ils m’auraient élu. Cela a été une surprise pour moi... Mais à partir de ce moment, Dieu m’a donné une paix qui dure aujourd’hui encore. Et cela me fait avancer. Cela est la grâce que j’ai reçue. D’autre part, je suis inconscient par nature, et j’avance ainsi.

En réponse à la deuxième question :

Vois-tu, je pense que construire un monde meilleur peut se résumer dans les choses dont nous avons parlé ici, ensemble. N’est-ce pas ? C’est-à-dire que chaque personne soit reconnue dans son identité. Mais il ne peut y avoir d’identité s’il n’y a pas d’appartenance. Essayez de donner une appartenance. L’un de vous me demandait : si un garçon ou une fille n’a pas d’appartenance, comment est-il possible de l’aider ? Lui offrir au moins une appartenance virtuelle, mais qui puisse être ressentie... Ainsi, il aura une identité. Une personne sans identité n’a pas d’avenir. Il est donc urgent, il est urgent d’offrir une appartenance de n’importe quel type, mais de faire en sorte qu’ils sentent qu’ils appartiennent à un groupe, à une famille, à une organisation, à quelque chose, et cela peut leur donner une identité. Identité, appartenance.

Autre chose : le langage des gestes. Efforcez-vous d’avoir un langage des gestes. Parfois, nous aimons parler, parler... Parfois, le langage des gestes est différent. Il ne suffit pas de parler. Nous risquons de tromper les autres, et cela ne fonctionne pas. Le langage des gestes, qui parfois est une caresse, un sourire... Ce que tu as dit m’a plu : « Ce sourire, personne ne pourra me l’enlever ! ». Un sourire qui donne de l’espérance, regarder dans les yeux, des gestes d’approbation, de patience, de tolérance, des gestes.

Arrêter les agressions, le harcèlement — le bullying — est une agression qui cache une profonde cruauté, et le monde est cruel, le monde est cruel. Et les guerres sont des monuments de cruauté.

Une religieuse d’un pays africain, qui traverse des guerres intestines, m’a envoyé des photographies, je les ai ici... Jusqu’où peut aller la cruauté de la guerre. Un enfant égorgé. Un enfant ! Nous pouvons comprendre le bullying. Si cela se produit [les cruautés de la guerre], comment le harcèlement ne pourrait-il pas se produire ? C’est la même cruauté contre un enfant, un enfant qui ensuite le fait à un autre... Si tu sèmes la cruauté. Un enfant massacré dans sa tête. Et cela s’est produit le mois dernier.

Donc, pour construire un monde nouveau, un monde meilleur, nous avons besoin de déraciner tous les types de cruauté. Et la guerre est une cruauté. Mais ce type de guerre est encore plus cruel, parce qu’elle s’en prend à des innocents.

Et puis écouter l’autre. La capacité d’écouter, ne pas discuter tout de suite, demander, et cela est le dialogue, et le dialogue est un pont. Le dialogue est un pont. Ne pas avoir peur de dialoguer. Ici, il ne s’agit pas du match San Lorenzo-Lanùs, qui se dispute aujourd’hui, et on verra qui gagne. Il s’agit de s’accorder sur des propositions pour aller de l’avant ensemble. Dans le dialogue, tout le monde gagne, personne ne perd. Dans la discussion, il y a en un qui gagne et l’autre qui perd, ou tous les deux perdent. Le dialogue est douceur, c’est la capacité d’écoute, c’est se mettre à la place de l’autre, c’est jeter des ponts. Et dans le dialogue, même si j’ai une opinion différente, il ne faut pas discuter, mais plutôt persuader avec douceur.

Comme vous le voyez, ce sont autant de comportements qui sont apparus dans les questions que vous avez posées. Et il faut déraciner l’orgueil, l’arrogance. Parce que l’orgueil et l’arrogance finissent toujours mal. L’arrogance se termine mal. C’est-à-dire, je répondrais à cette question : comment construire un monde meilleur ? À travers cette voie. Notre monde a besoin de baisser le niveau d’agressivité. Il a besoin de tendresse, il a besoin de douceur, il a besoin d’écoute, il a besoin de marcher ensemble. Autrement, ces choses-là se produisent, parce que manquent toutes les attitudes dont j’ai parlé. Je ne sais pas si j’ai répondu à la question.

Au terme de la rencontre, le Pape a béni les personnes présentes en prononçant les paroles suivantes.

Je vous remercie tous pour votre collaboration, votre travail et votre patience. Pensons à tous les enfants du monde, avec leurs cultures, leurs langues, leurs races et leurs religions différentes.

Et nous nous adressons à Dieu à travers le texte de bénédiction le plus ancien, qui est valable et utilisé par les trois religions monothéistes : Que le Seigneur vous bénisse et vous protège ; qu’il fasse resplendir son visage sur vous et qu’il vous montre sa grâce ; qu’il vous révèle son visage et vous accorde la paix. Amen.

Et merci beaucoup pour tout, et priez pour moi, s’il vous plaît, car j’en ai besoin.

 



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