J’ai reçu la lettre par laquelle Votre Béatitude m’a informé avoir été élu, en ce jour, patriarche de Cilicie des Arméniens par le synode des évêques, en me demandant de lui accorder la communion ecclésiastique. 

Je désire m’unir à la joie des fils et des filles de cette Eglise et  de l’Eglise universelle, qui ont tant accompagné par la prière les évêques réunis tout d’abord au Liban, au début de l’été, et ces jours-ci à Rome, au siège du col-lège pontifical arménien. Chaque membre du saint peuple catholique arménien de Dieu attendait son pasteur, pour être connu de lui, appelé par son nom et conduit avec la parole forte et douce de l’Evangile.

L’élection de Votre Béatitude a eu lieu à un moment où les hommes sont particulièrement éprouvés par divers défis. Je pense aux souffrances de la Syrie et du Liban — pays où l’Eglise de Cilicie des Arméniens est présente — ainsi qu’à la pandémie qui, dans de nombreuses parties du monde, est encore loin d’être surmontée. Tous les hommes de bonne volonté, en particulier les chrétiens, sont appelés à être proches et à se montrer frères, en surmontant l’indifférence et la solitude. Même sous les déluges de l’histoire et dans les déserts de notre époque, nous pouvons et devons marcher vers le Crucifié qui est Ressuscité.

Nous connaissons le peuple arménien comme étant expert en souffrance, à cause des nombreuses épreuves tout au long de ses plus de 1700 ans d’histoire chrétienne, mais aussi pour sa capacité inépuisable à s’épanouir et à porter du fruit, à travers la sainteté et la sagesse de ses saints et de ses martyrs, la culture de ses docteurs et penseurs, l’art qui sait graver dans le roc le signe de la croix comme un arbre de la vie, témoignage de la victoire de la foi sur toute les forces adverses dans le monde.

  L’Eglise que votre Béatitude a été appelée à guider est pleinement inscrite dans la vie du peuple arménien, en conservant sa mémoire et ses traditions, et est également profondément liée au Successeur de l’apôtre Pierre: je vous confie le soin des jeunes générations, la promotion des vocations, la sage harmonie que vous devez être en mesure de trouver entre les diverses instances de votre communauté, comme les sœurs de l’Immaculée Conception,  la Congrégation méchitariste et l’institut  et le clergé patriarcal de Bzommar, ainsi que vos nombreux fils et filles  qui se sont formés et vivent au sein de l’Eglise latine mais qui ont bien conscience de leur appartenance arménienne.   

Que soient pour vous un guide, un exemple et une intercession la Toute Sainte Mère de Dieu, ainsi que les saints de votre tradition, en particulier saint Grégoire de Narek, que j’ai eu la joie de proclamer docteur de l’Eglise: puissent-ils nous indiquer  avant tout le chemin de la fraternité authentique et du dialogue œcuménique avec nos frères de l’Eglise apostolique arménienne.

Puisse l’Eglise patriarcale de Cilicie des Arméniens, guidée par Votre Béatitude, avec les évêques du synode, avancer encore en eau profonde en ces premières décennies du troisième millénaire. 

En tant que Successeur de l’apôtre Pierre, appelé à confirmer mes frères dans la foi, je vous donne avec plaisir la communion ecclésiastique demandée, conformément  à la Tradition et aux normes en vigueur, en vous transmettant mon baiser de paix  et ma Bénédiction apostolique.  

François