PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Le scandale des hypocrites
Jeudi 20 septembre 2018
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n°042 du 18 octobre 2018)
«L’Eglise, quand elle marche dans l’histoire, est poursuivie par les hypocrites: hypocrites à l’intérieur et à l’extérieur» et «le diable qui est impuissant avec les pécheurs repentis», est précisément fort avec les hypocrites: «il les utilise pour détruire les gens, la société, l’Eglise». C’est avec une invitation à se remettre toujours plus à la miséricorde et au pardon de Dieu, en se tenant au large du «scandale des hypocrites», que le Pape a célébré Messe.
«Dans les lectures d’aujourd’hui, il y a trois groupes de personnes: Jésus et ses disciples; la femme et Paul; et les docteurs de la loi». Dans le passage évangélique de Luc (7, 36-50) «Jésus est invité mais reçu sans beaucoup de courtoisie — la courtoisie habituelle à son époque —, mais il fait semblant de ne pas s’en apercevoir et il va de l’avant. Et cette femme apparaît. L’Evangile dit une “pécheresse”. Mais «cette femme se fait voir avec de l’amour, avec beaucoup d’amour envers Jésus, et elle ne cache pas qu’elle est pécheresse, car tous la connaissaient, beaucoup de ceux qui étaient à table l’avaient même visitée».
Mentionnant ensuite le passage de la première lettre aux Corinthiens (15, 1-11), il a fait remarquer que «Paul après avoir parlé de tant de choses, même des charismes, va au cœur du salut: Je suis le plus petit parmi les apôtres et je ne suis pas digne d’être appelé apôtre parce que j’ai persécuté l’Eglise de Dieu».
Donc, «tous les deux cherchaient Dieu avec amour, mais un amour “à moitié”». Paul «parce qu’il pensait que l’amour était une loi et qu’il avait le cœur fermé à la révélation de Jésus Christ: il persécutait les chrétiens, mais par zèle pour la loi, pour cet amour qui n’était pas mûr». Et «cette femme cherchait l’amour, comme l’autre, la samaritaine: la pauvre, elle avait eu tant de maris et ne trouvait pas l’amour, et elle le cherchait. Le petit amour. Et Jésus dit: “A elle, beaucoup lui a été pardonné parce qu’elle a tant aimé”». «Mais comment aimer? Ceux-ci ne savent pas aimer. Ils cherchent l’amour».
«Un autre groupe» est celui composé par «les docteurs de la loi qui regardaient Jésus pour voir s’ils pouvaient le faire tomber dans l’erreur en lui tendant un piège». Ces personnes «ont une attitude que seuls les hypocrites utilisent souvent: ils se scandalisent. “Mais regarde, quel scandale! On ne peut pas vivre ainsi! Et cela est «le scandale des hypocrites».
«C’est le dialogue entre le grand amour qui pardonne tout, de Jésus, l’amour “à moitié” de Paul et de cette femme, et également le nôtre, qui est un amour incomplet car aucun de nous n’est un saint canonisé. Disons la vérité». C’est «l’hypocrisie: l’hypocrisie des “justes”, des “purs”, de ceux qui se croient sauvés par leurs propres mérites extérieurs». Mais «Jésus les qualifie — les hypocrites — de “sépulcres blanchis”. Tout semble beau, de beaux cimetières, mais à l’intérieur se trouve la pourriture et la moisissure». C’est précisément «ainsi qu’est l’âme des hypocrites».
«L’Eglise, quand elle marche dans l’histoire, est poursuivie par les hypocrites: hypocrites à l’intérieur et à l’extérieur». «Le diable n’a rien à faire avec les pécheurs repentis, parce qu’ils regardent Dieu et disent: “Seigneur, je suis pécheur, aide-moi”». Et si «le diable est impuissant» avec les pécheurs repentis, «il est fort avec les hypocrites. Il est fort et il les utilise pour détruire, détruire les gens, détruire la société, détruire l’Eglise». Et «le cheval de bataille du diable est l’hypocrisie, parce que c’est un menteur: il se fait voir comme un prince puissant, très beau, et par derrière c’est un assassin».
La liturgie propose donc aujourd’hui ces «trois groupes de personnes»: «Jésus qui pardonne, qui reçoit, qui est miséricordieux, une parole si souvent oubliée quand nous parlons mal des autres. Pensez à cela: nous devons être miséricordieux, comme Jésus et ne pas condamner les autres. Jésus doit être au centre». Ensuite il y a «Paul, pécheur, persécuteur, mais avec un amour “à moitié”» et «cette femme pécheresse, elle aussi avec un amour “incomplet”». Mais «Jésus pardonne les deux. Et ils rencontrent leur véritable amour: Jésus». Enfin, il y a «les hypocrites, qui sont incapables de rencontrer l’amour parce qu’ils ont le cœur fermé».
«Demandons à Jésus de protéger notre Eglise, par sa miséricorde et le pardon de chacun de nous».
Copyright © Dicastero per la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana