PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Le chrétien vit pour servir
Jeudi 26 avril 2018
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n°019 du 10 mai 2018)
Combien chaque chrétien pourrait-il apprendre si, avec «humilité», il se laissait regarder par Jésus «avec le même regard» que celui avec lequel le maître regarda ses amis pendant la dernière Cène. Il pourrait partager le privilège qui fut celui des apôtres de recevoir et comprendre ce que signifie pour sa vie l’«héritage de Jésus», le «testament» qu’il confia à deux gestes: l’institution de l’Eucharistie et le lavement des pieds.
C’est au moment suprême où « Jésus prend congé » des apôtres avant la Passion (Jean 16-20), que le Pape a consacré sa méditation. «Dans ce congé», le Seigneur accomplit «deux gestes, qui sont des institutions: deux gestes pour les disciples et pour toute l’Eglise qui viendra. Deux gestes qui sont le fondement de sa doctrine»: l’institution de l’Eucharistie et le lavement des pieds. De ces gestes «naissent les deux commandements: les deux commandements qui feront croître l’Eglise si nous sommes fidèles».
Avant tout, il y a le «premier commandement», qui est celui «de l’amour». Et il est «nouveau» parce qu’«il y avait le commandement de l’amour — aimer mon prochain comme moi-même — mais celui-ci marque une étape supplémentaire: aimer son prochain comme moi je vous ai aimés». Donc: «l’amour sans limites», sans lequel «l’Eglise ne va pas de l’avant, l’Eglise ne respire pas».
Il y a ensuite l’autre geste, celui du lavement des pieds, dans lequel «Jésus nous enseigne le service, comme voie du chrétien». «Le chrétien existe pour servir, pas pour être servi». Et c’est une règle qui vaut «toute la vie». «L’héritage de Jésus est cela: “Aimez-vous comme je vous ai aimés” et “servez-vous les uns les autres”. Lavez les pieds les uns des autres, comme j’ai lavé vos pieds».
Au cours de la dernière cène, donc, le Seigneur a laissé les deux commandements de l’amour et du service, et également «un avertissement»: «Vous devez aimer comme des serviteurs, vous devez servir, parce que vous êtes des serviteurs». Et l’explication de ces paroles «est également une règle de vie: “En vérité, je vous dis: un serviteur ne peut pas être plus grand que son maître, et un envoyé ne peut pas être plus grand que celui qui l’a envoyé”». C’est-à-dire: «Vous pourrez célébrer l’Eucharistie, vous pouvez servir, mais envoyés par moi, Vous n’êtes pas plus grands que moi». Il s’agit de l’«attitude de l’humilité simple, pas de l’humilité fausse»: de l’humilité qui vient de la «conscience qu’il est plus grand que nous tous, et que nous sommes serviteurs, et que nous ne pouvons pas dépasser Jésus, nous ne pouvons pas utiliser Jésus. C’est Lui le Seigneur, pas nous. Il est le Seigneur».
Voilà donc «le testament du Seigneur. Il se donne à manger et à boire, et il dit: aimez-vous ainsi. Il lave les pieds et il dit: servez-vous ainsi, mais attention, un serviteur n’est jamais plus grand que celui qui l’envoie». En quelques lignes, a dit François, le «fondement de l’Eglise».
Ce sont des «paroles et des gestes contondants». Mais «si nous allons de l’avant avec ces trois choses, nous ne nous tromperons jamais». «Les martyrs sont allés de l’avant ainsi», et aussi «de nombreux saints anonymes». «Je crois que cela nous fera du bien, à nous tous, dans un moment de silence, de nous laisser regarder par le Seigneur et de regarder le Seigneur», de reconnaître que Jésus nous a «enseigné l’amour, avec l’Eucharistie», et «le service avec le lavement des pieds», comprendre que «personne n’est plus grand que celui qui l’a envoyé» et être conscients d’être face à celui qui nous connaît. A ce moment-là, il est bon «de laisser le regard de Jésus entrer en moi. Nous sentirons tant de choses: nous sentirons l’amour », ou peut-être « serons-nous bloqués, nous éprouverons de la honte». En tout cas, «laisser toujours venir le regard de Jésus. Le même regard avec lequel il regardait ce soir-là, au cours de la cène, les siens».
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