PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Par foi, pas par intérêt
Lundi 16 avril 2018
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n°019 du 10 mai 2018)
«Comment est-ce que je suis Jésus?». Telle est la question simple que chaque chrétien devrait se poser pour comprendre si sa foi est une foi authentique et sincère, ou, d’une certaine façon, «intéressée». Le risque, en effet, est celui d’affaiblir son adhésion au Christ par des calculs d’intérêt. En commentant la liturgie de la parole, le Pape a identifié deux possibles voies qui s’ouvrent à chaque baptisé: celle du protomartyr Etienne, qui «plein de grâce et d’Esprit Saint», agissait «sans peser les conséquences» de ses choix, et celle de la foule qui se laissait conquérir par les miracles.
Il y a donc «diverses façons, manières de suivre Jésus». Les gens qui «suivaient Jésus pour l’écouter», après la multiplication des pains, voulaient même «le faire roi». C’est pourquoi il s’en alla, «seul, pour prier». En résumant le récit évangélique, le Pape a décrit ce qui est arrivé, avec les gens qui cherchent le Seigneur et le trouvent, le lendemain, de l’autre côté du lac. Pourquoi cette recherche insistante? Pour écouter Jésus aussi, mais surtout «par intérêt». François est entré dans la psychologie de la foule: «de braves gens» qui veulent «entendre la parole de Jésus et sentir comment cette parole atteint le cœur», mais aussi poussés par l’intérêt. Leur foi est donc une foi qui allie «les deux choses: une foi, une volonté d’aimer Jésus, mais un peu intéressée».
Ils ne sont pas les seuls dans l’Evangile à avoir cette attitude. On peut penser aux dix lépreux dont parle encore Luc (17, 11-19), qui «ont été guéris et sont partis, mais un seul est revenu le remercier: les autres avaient obtenu la guérison et ainsi ont oublié Jésus». Face à une foi conditionnée par l’intérêt, Jésus fait des reproches et «dit: “Travaillez non pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure en vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme”. La nourriture est la parole de Dieu et l’amour de Dieu».
A l’inverse, la première lecture présente l’exemple d’Etienne qui lui aussi, «suivait Jésus, mais de façon résolue, claire. Il suivait Jésus sans peser les conséquences: cela m’arrange, cela ne m’arrange pas... Il n’était pas intéressé. Il aimait. Et il suivait Jésus, sûr». Jusqu’à la mort. Etienne et la foule, «deux façons de suivre Jésus. Tous deux suivent Jésus; certains pas tout à fait, un peu oui, un peu non, avec un peu d’intérêt personnel; d’autres, comme Etienne, donnent leur vie pour suivre Jésus». Face à ces exemples, François a invité: «Chacun de nous peut se demander: mais comment est-ce que moi, je suis Jésus? Et comment est-ce que je sais, comment puis-je savoir si je suis correctement Jésus ou si je suis intéressé?». D’où un conseil: «le conseil de la mémoire». Le Pape a suggéré que le juste discernement peut arriver en se «rafraîchissant la mémoire». C’est-à-dire que «nous pouvons nous demander: qu’a fait Jésus pour moi?», en pensant surtout et concrètement à notre vie. Alors «nous trouverons tant de grandes choses que Jésus nous a données gratuitement, parce qu’il nous aime: à chacun de nous».
D’où l’étape suivante: «Une fois que je vois les choses que Jésus a faites pour moi, je me pose la question suivante: et moi, que dois-je faire pour Jésus? Et ainsi, avec ces deux questions, peut-être serons-nous capables de purifier notre foi de tout intérêt».
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