PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Face à face avec Dieu
Jeudi 15 mars 2018
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n°013 du 29 mars 2018)
Savoir «risquer», ne pas se contenter du «hors-d’œuvre», mais dépasser les tiédeurs pour «saisir les signes et aller au-delà» dans son propre parcours de foi, pour ne pas rester «immobiles», «garés» dans la «médiocrité»: voilà le profil du chrétien tracé par le Pape François. «Les Galiléens accueillirent Jésus, parce qu’ils avaient entendu parler des nombreux miracles qu’il avait fait ailleurs et il pensèrent: “Il en fera tout autant ici, il nous fera du bien: qu’il vienne, il nous fera du bien à tous”», a affirmé François en se référant au passage de Jean (4, 43-54) proposé par la liturgie. Ainsi, quand ce fonctionnaire du roi en Galilée «s’est approché pour demander de l’aide pour son fils malade, Jésus semble perdre la patience», au point de lui dire: «Si vous ne voyez pas des signes et des prodiges, vous ne croyez pas». En somme, «il lui reproche» le fait que «le signe principal est le prodige» et qu’«avec ça» tous sont «contents» et que c’est seulement ainsi qu’ils croient. Cependant, dit le Seigneur, «vous n’allez pas au-delà, vous ne marchez pas au-delà: où est votre foi?». Car «la foi est cela: avoir le désir de trouver Dieu, de le rencontrer, d’être avec lui, d’être heureux avec lui».
«Quand le Seigneur passe dans notre vie et accomplit un miracle en chacun de nous, et que chacun de nous sait ce qu’a fait le Seigneur dans sa vie, tout ne finit pas là: c’est l’invitation à aller de l’avant, à continuer à marcher, à “chercher le visage de Dieu” dit le psaume, à chercher cette joie». Le signe est «le début et on comprend que Jésus soit un peu impatient, je ne dis pas qu’il se met en colère, mais qu’il est impatient, quand il voit que les gens s’arrêtent au premier pas».
«Il m’arrive de penser: que pense Jésus, que sent Jésus avec les chrétiens qui ne marchent pas, qui ne vont pas au-delà, qui s’arrêtent au premier pas, à la première grâce reçue?». En somme, que pense Jésus devant un chrétien qui dit: «Oui, je me suis installé, je conduis une vie chrétienne qui marche bien, je vais à la Messe le dimanche, je me confesse chaque mois, je fais quelques œuvres de charité, tout va bien et je m’arrête là?». Car «il y a tant de chrétiens immobiles qui ne marchent pas, des chrétiens englués dans les choses de chaque jour — bons, bons! — mais ils ne grandissent pas, ils restent petits». Ce sont des «chrétiens garés», qui «se garent, des chrétiens dans des cages qui ne savent pas s’envoler en rêvant à cette belle chose à laquelle le Seigneur nous appelle».
Voilà que «chacun de nous peut se demander: Quel est mon désir? Mon désir est-il rassasié par la vie que je mène ou est-ce que je cherche à aller de l’avant, même avec difficultés, avec des épreuves, toujours plus, plus, plus, parce que le Seigneur est ce plus, plus, plus?». Et «il est cette joie, cette joie ensemble et il nous attend avec cela». Il est donc bon de se demander: «Est-ce que je cherche le Seigneur ainsi ou bien ai-je peur ou suis-je médiocre?». Il y a la tentation de répondre: «Je me sens satisfait de cela...». Et cela n’a pas de sens de dire que «pour moi les hors-d’œuvre sont suffisants». «Conserver son propre désir, le réveiller: tel est le titre d’une belle lettre qu’un évêque italien a écrit il y a quelques semaines, à ses prêtres». Ce «conserver son propre désir» veut dire «ne pas s’installer trop, aller un peu de l’avant, risquer».
Car «le vrai chrétien, sort de la sécurité». Et aussi se demander «quelle est la mesure de mon désir: le hors-d’œuvre ou tout le banquet?». «Demandons au Seigneur la grâce de la magnanimité, de risquer, d’aller de l’avant».
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