PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
La conversion de la pensée
Lundi 5 mars 2018
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n°013 du 29 mars 2018)
«Convertir la pensée», pas seulement «les œuvres et les sentiments», pour «changer la manière de penser», dans la conviction que «la foi n’est pas un spectacle»: voilà la suggestion proposée pour le carême par le Pape François. Car «ce n’est pas seulement ce que je pense, mais comment je pense qui est important». «En ce temps de carême, temps de conversion, l’Eglise nous fait réfléchir aujourd’hui sur la conversion de la pensée». Oui, «la pensée doit elle aussi se convertir: pas dans ce qu’elle pense, mais dans la façon dont elle pense». Et ainsi, «le style de pensée doit lui aussi se convertir». «L’Eglise nous dit que nos œuvres doivent se convertir et elle nous parle du jeûne, de l’aumône, de la pénitence: c’est une conversion des œuvres». Il s’agit en substance de «faire des œuvres nouvelles, des œuvres dans un style chrétien, ce style qui vient des Béatitudes».
Mais «l’Eglise nous parle aussi de la conversion des sentiments», car «les sentiments doivent eux aussi se convertir: pensons par exemple à la parabole du bon samaritain», qui nous appelle à «nous convertir à la compassion». C’est précisément «le message que l’Eglise nous offre aujourd’hui»: «deux histoires» proposées par la liturgie qui «nous aident à comprendre» (2 R 5, 1-15). Il y a «Naaman le Syrien qui va chez Elisée pour être guéri», mais «quand il entend ce que le prophète lui demande de faire, il se fâche, il s’indigne et veut repartir sans le faire», en disant «mais c’est une plaisanterie, il se moque de moi, chez nous, il y a des fleuves qui sont plus beaux que ce Jourdain». Et François a expliqué: «Ce sont les serviteurs, qui ont un sens de réalités souvent plus juste, qui lui disent “fais l’essai”», il doit se plonger sept fois dans le fleuve Jourdain pour guérir de la lèpre. La question est que Naamam «attendait un spectacle, il pensait que Dieu ne venait qu’avec un spectacle et, dans le spectacle», il attendait aussi «la guérison». Mais «le style de Dieu est un autre: il guérit d’une autre manière». Et on «doit apprendre à penser dans un style nouveau», on «doit convertir la manière de penser». «La même chose arrive avec Jésus», a expliqué François, en se référant au passage évangélique de Luc (4, 24-30): «Jésus revient à Nazareth, il va à la synagogue et, comme c’était l’habitude, on lui offre un livre pour le lire. Il lit le passage d’Isaïe et finit en disant: “Aujourd’hui cette parole a été faite ici, elle s’est accomplie”».
«Le texte précédant celui d’aujourd’hui, la partie qui vient avant, dit en particulier que les gens le regardaient, ils étaient étonnés — «que c’est beau, ce qu’il a dit, comme c’est beau!» — ils étaient contents». Mais «il y a toujours un bavard, et celui-ci a commencé à dire “mais c’est le fils du menuisier, que nous enseigne-t-il ?, dans quelle université a-t-il étudié?”». «Ils commencèrent à s’échanger des opinions et l’attitude des gens changea: ils voulurent le tuer». On passe «de l’admiration à l’envie de le tuer». Le fait est que «également ceux» qui étaient dans la synagogue de Nazareth «voulaient un spectacle» de Jésus. Mais «la religion n’est pas un spectacle, la foi n’est pas un spectacle: c’est la parole de Dieu et l’Esprit Saint qui agit dans les cœurs». Et alors demandons-nous: «Avec quel esprit est-ce que je pense: avec l’esprit chrétien ou avec l’esprit mondain?». Concrètement, le Pape a proposé plusieurs questions à se poser: «Avec quel esprit est-ce que je pense? Avec l’esprit du Seigneur ou avec mon esprit, l’esprit de la communauté à laquelle j’appartiens, ou du petit groupe, ou de la classe sociale à laquelle j’appartiens ou du parti politique auquel j’appartiens?». Et ainsi, en vérifiant «si je pense avec l’esprit de Dieu, demander la grâce de discerner quand je pense avec l’esprit du monde et quand je pense avec l’esprit de Dieu».
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