PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Si l’on offense les faibles
Lundi 8 janvier 2018
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n°003 du 18 janvier 2018)
Agresser et mépriser une personne plus faible, parce qu’elle est étrangère ou porteuse de handicap, est une «trace du péché originel» et de l’«œuvre de Satan». Il est impressionnant de constater qu’aujourd’hui de graves épisodes de harcèlement ont lieu également dans les écoles, et que leurs protagonistes sont des enfants et des jeunes. Le Pape François a demandé de ne pas céder à la cruauté et à la méchanceté de s’en prendre aux plus faibles, dont il faut au contraire être proches avec une authentique compassion. Et il a également voulu partager un souvenir personnel touchant de lorsqu’il était enfant à Buenos Aires.
Dans la «première lecture commence l’histoire de Samuel (1, 1-8), dont le père aura deux femmes: Peninna, avec deux enfants, et Anne, qui deviendra la mère de Samuel et qui était alors stérile». Mais Peninna, «au lieu de l’aider ou de la consoler, la traitait avec dureté. Elle la maltraitait et l’humiliait: “Tu es stérile”. Elle se moquait». «La même chose se produit avec Agar et Sara, les femmes d’Abraham, l’esclave et l’épouse». Devant cette réalité, «je me demande: qu’y a-t-il dans ces personnes? Qu’y a-t-il en nous, qui nous conduit à mépriser, à maltraiter, à nous moquer des plus faibles?». Il s’agit de «quelque chose d’habituel, comme si j’avais besoin de mépriser l’autre pour me sentir sûr se moi. Comme une nécessité».
A cet égard, François a voulu partager un épisode de sa vie. «Je me rappelle — cela se produit aussi parmi les enfants — quand j’étais enfant, je devais avoir sept ans: dans le quartier il y avait une femme, seule, un peu folle. Et toute la journée, elle marchait dans le quartier, elle saluait, elle disait des sottises et personne ne comprenait ce qu’elle disait, elle ne faisait de mal à personne. Les femmes du quartier lui donnaient à manger, certaines lui donnaient aussi quelques vêtements. Elle vivait seule. Elle se promenait toute la journée et ensuite elle rentrait chez, elle vivait dans un pauvre logis, là-bas». Cette femme «s’appelait Angiolina, et nous les enfants nous nous moquions d’elle. L’un des jeux que nous faisions était: “Allons chercher Angiolina pour nous amuser un peu’”. A présent, quand je pense à cela, je me dis: “Mais combien de méchanceté aussi chez les enfants! S’en prendre au plus faible!”. Et aujourd’hui, nous le voyons sans cesse, dans les écoles, avec le phénomène du harcèlement: agresser celui qui est faible, parce que tu es gros ou parce que tu es comme ça, ou que tu es étranger ou que tu es noir, agresser pour cela, agresser. Les enfants, les jeunes». Donc ce n’est pas «seulement Peninnà ou Agar» qui s’en sont prises aux plus faibles; les «enfants aussi» le font.
«Cela signifie qu’il y a quelque chose en nous qui nous conduit à cela, à l’agression du faible». Et «je crois que c’est l’une des traces du péché originel, car cela — agresser le faible — a été la tâche de Satan au début: il l’a fait avec Jésus et il le fait avec nous, avec nos faiblesses». Mais «nous le faisons avec les autres. Il n’y a pas de compassion chez Satan: il n’y a pas de place pour la compassion. Et quand on agresse celui qui est faible, la compassion manque. Il y a toujours besoin de salir l’autre. Quand nous nous apercevons que nous avons en nous ce désir d’agresser cette personne parce qu’elle est faible, n’ayons pas de doute: le diable est là. Car c’est là l’œuvre du diable que d’agresser le faible».
En conclusion, le Pape a suggéré de demander «au Seigneur qu’il nous aide à vaincre cette cruauté», conscients «que nous avons tous la possibilité de la commettre: nous tous!». Et il a également souhaité que le Seigneur «nous donne la grâce de la compassion, celle-ci vient de Dieu».
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