PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Vigilants contre la mondanité
Vendredi 13 octobre 2017
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 043 du 26 octobre 2017)
Le Pape François a mis en garde contre les «démons bien élevés», qui, bien mimétisés, proposent astucieusement des tentations et des séductions avec de bonnes manières, finissant par effectuer des «possessions de salon». Et sur ce point, il a suggéré de répondre par «la vigilance», ce qui signifie «prière, examen de conscience et œuvres de charité», pour ne pas tomber dans la «mondanité» et mériter également l’appellatif de «sot» que saint Paul réserve aux Galates. D’où l’invitation à recommencer à regarder le «Christ crucifié», en abandonnant l’attitude de «chrétiens tièdes». «Très souvent Jésus, dans ses prédications, nous admoneste à être vigilants, à veiller, à rester en attente». En pratique, a-t-il expliqué en reparcourant le passage de l’Evangile de Luc (11, 15-26), Jésus «chasse un démon et, ensuite, a lieu une discussion. Certains disent: “C’est grâce à Belzébuth”, et ainsi de suite; Jésus se défend et, dans la diatribe, il ridiculise ces derniers. Ayant fini de parler, il s’arrête et prononce une vérité. Quand l’esprit impur sort de l’homme, il erre dans les lieux déserts, cherchant un soulagement, et n’en trouvant pas, il dit: “je reviendrai dans la maison dont je suis sorti”. Une fois arrivé, il la trouve nettoyée et décorée. L’homme qui habite là est libre. Alors il s’en va, il prend sept autres esprits pires que lui, ils y entrent et y prennent leur demeure. Et la condition ultime de cet homme devient pire que la première. La condition de cet homme avant que le démon ne soit chassé de sa vie étaient bien meilleure que celle-ci». «Ce mot — pire — a beaucoup de force, dans ce passage» a observé le Pape. «Et ensuite il entre», dit Luc. Mais «comment entre-t-il? Il entre doucement: il frappe à la porte, il demande la permission, il sonne, il revient de manière bien élevée». Et «cette deuxième fois, ce sont des diables bien élevés». Ainsi, «l’homme ne s’en aperçoit pas: ils entrent en sourdine, ils commencent à faire partie de sa vie, avec leurs idées, et leurs inspirations aident cet homme à mieux vivre et ils entrent dans la vie de l’homme. Toute «cette façon de faire» «est différente de la possession diabolique qui est forte: celle-ci est une possession diabolique disons “de salon”». Et «c’est ce que le diable fait lentement dans notre vie pour changer nos critères, pour nous conduire à la mondanité: il se mimétise dans notre manière d’agir et nous nous en apercevons difficilement». Ainsi «cet homme, libéré par un démon, devient un homme mauvais, un homme opprimé par la mondanité». C’est précisément «ce que le diable veut: la mondanité». C’est donc, «un sortilège: c’est la séduction, parce que» le diable «est le père de la séduction». Mais «quand le démon entre si doucement, de manière bien élevée et prend possessions de nos attitudes, nos valeurs passent du service de Dieu à la mondanité». Ainsi «nous sommes des chrétiens tièdes, des chrétiens mondains». Toutefois, on ne peut pas vivre ainsi, cela éloigne du Seigneur». La question est de se demander «comment fait-on pour ne pas tomber dans cela et pour en sortir?». La réponse est claire: «Avant tout, je reprends le mot “vigilance”. «Veiller signifie comprendre ce qui se passe dans mon cœur, cela signifie m’arrêter un peu et examiner ma vie». Pour répondre, il faut avoir recours à la «même recette que Paul: regarder Jésus crucifié». En effet, «on ne comprend où est la mondanité et on ne la détruit que devant la croix du Seigneur». C’est précisément «le but du crucifix devant nous: ce n’est pas une décoration», mais «c’est précisément ce qui nous sauve de ces sortilèges, de ces séductions qui conduisent à la mondanité».
Copyright © Dicastero per la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana