PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Ceux qui passent à côté
Lundi 9 octobre 2017
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 043 du 26 octobre 2017)
Devant les nombreuses «blessures» des personnes qu’il rencontre, l’attitude du chrétien est-elle celle du brigand qui les inflige, du prêtre ou du «dirigeant catholique» qui regarde et passe à côté, ou bien est-elle celle de Jésus, le samaritain qui prend vraiment soin de son «prochain», en s’en chargeant jusqu’au bout? C’est un examen de conscience approfondi que le Pape François a suggéré, en s’inspirant du passage évangélique de Luc (10, 25-37) proposé par la liturgie. Celui-ci s’ouvre par les paroles de «ceux qui veulent mettre Jésus à l’épreuve». Jésus répond «toujours plus haut». Dans le passage de Luc «il y a précisément un docteur de la loi qui veut le mettre à l’épreuve et comme Jésus lui fait dire le commandement et qu’il ne sait pas éviter ce petit piège que Jésus lui avait tendu, il demande: “Et qui est mon prochain?”». A ce point du passage évangélique, Jésus raconte «cette histoire, dans laquelle il y a six acteurs: les brigands, le pauvre homme blessé à mort, le prêtre, le lévite, le samaritain et l’aubergiste». «Que font ces gens»: à l’exception du samaritain, ils passent à côté. C’est malheureusement «une attitude très fréquente parmi nous: regarder une catastrophe, regarder une chose laide et passer à côté, pour ensuite la lire dans les journaux. Mais voilà qu’«en revanche un païen, pécheur, qui était en voyage, “vit et ne passa pas à côté: il eut compassion” de l’homme blessé. Il ne s’éloigna pas, mais s’approcha et lui pansa ses blessures». Ce païen, donc, «ne le laissa pas là», il l’amena à l’auberge et prit soin de lui». C’est précisément «cela le mystère du Christ: c’est ce qu’a fait Jésus, qui a pris l’apparence d’un serviteur, qui s’est fait serviteur, qui s’abaissa, qui s’anéantit et mourut pour nous». En somme, «à la volonté de ce docteur de la loi de le mettre à l’épreuve, Jésus répond par son propre mystère». Le Seigneur «est le samaritain et cet homme était embarrassé: mais comment cela finit-il? Il reste en silence et Jésus pose la question: “Qui de ceux-ci te semble avoir été le prochain de celui qui est tombé entre les mains des brigands?». Il répondit: «Celui qui a eu compassion de lui». Et Jésus lui dit: «Va et toi aussi fais de même». Cela est donc «le mystère de Jésus: il s’abaissa, ensuite il ne passa pas à côté, il alla auprès de nous, mortellement blessés, il prit soin de nous, il paya pour nous et continue à payer». «Cela n’est pas un récit pour les enfants: cela est le mystère de Jésus Christ». Et «en regardant cette parabole, nous comprendrons davantage la profondeur, la largeur du mystère de Jésus Christ». «Peut-être le docteur de la loi aura-t-il compris ce principe humain qui nous approche de la compréhension du mystère du Christ: que chaque homme ne regarde un autre homme de haut en bas uniquement que quand il doit l’aider à se relever. Et si quelqu’un fait cela, il est en bon chemin, il est sur la bonne voie, vers Jésus». «Moi, j’aime penser à l’aubergiste — a confié le Pape — qui est le grand inconnu: que comprit l’aubergiste?». En réalité, «il ne comprit rien, mais il fut étonné: il ressenti l’étonnement d’une rencontre avec quelqu’un qui faisait des choses qu’il n’avait jamais pensé être possibles». Et «l’étonnement de l’aubergiste est précisément la rencontre avec Jésus». «Cela nous fera du bien de lire ce passage du chapitre 10 de Luc et aussi de nous demander: Et moi, que fais-je? Suis-je un pécheur? Quelqu’un qui doit être condamné pour ses péchés? Est-ce que je m’approche, est-ce que je me fais le prochain, est-ce que je prends soin de celui qui a besoin? Que fais-je devant tant de blessures, tant de personnes blessées que je rencontre tous les jours? Est-ce que je fais comme Jésus? Est-ce que je prends l’attitude d’un serviteur?». Dans ce passage, «se manifeste le mystère de Jésus Christ qui, étant pécheur, est venu pour nous, pour nous guérir et donner sa vie pour nous».
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