PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Reconnaître notre vulnérabilité
Vendredi 16 juin 2017
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 027 du 6 juillet 2017)
Le secret pour être « très heureux » est de se reconnaître toujours faibles et pécheurs, c’est-à-dire des « vases d’argile », ce matériel pauvre qui peut toutefois contenir également « le trésor le plus grand : la puissance de Dieu qui nous sauve ». Et c’est contre la tentation de nombreux chrétiens de se masquer pour apparaître en revanche comme des « vases d’or », « se suffisant à eux-mêmes » hypocritement que François a mis en garde. « Dans ce quatrième chapitre de la deuxième lettre aux Corinthiens — a fait remarquer le Pape en se référant au passage proposé par la liturgie (4, 7-15) — Paul parle de la force du mystère du Christ, de la puissance du mystère du Christ ». Puis l’apôtre « poursuit avec le passage que nous avons lu : “Frères nous portons un trésor — le Christ — dans des vases d’argile” ». Donc, « ce trésor du Christ, nous l’avons, mais dans notre fragilité : nous sommes faits d’argile ». C’est un grand trésor dans des vases d’argile : mais pourquoi? ». La réponse de Paul est claire : « Afin qu’il apparaisse que cette extraordinaire puissance appartient à Dieu, et ne vient pas de nous ». D’où « la puissance de Dieu, la force de Dieu qui sauve, qui guérit, qui remet sur pied, et la faiblesse de l’argile, que nous sommes ». Avec la conscience, donc, qu’« aucun d’entre nous ne peut se sauver : nous avons tous besoin de la puissance de Dieu, de la puissance du Seigneur pour être sauvés ». Cette vérité « est comme un leitmotiv dans les lettres de Paul ». En effet, « le Seigneur dit à Paul : Ma puissance se manifeste pleinement dans la faiblesse. S’il n’y a pas de faiblesse, ma puissance ne peut se manifester ». D’où l’image efficace du « vase, mais le vase fragile d’argile ». C’est précisément « cela la réalité de notre vulnérabilité ». Parce que « nous sommes tous vulnérables, fragiles, faibles, et nous avons besoin d’être guéris ». « Parfois — a admis le Pape — nous tentons de couvrir la vulnérabilité, pour qu’elle ne se voie pas; ou de la masquer »; ou nous finissons par « dissimuler ». Au point que « Paul lui-même, au début de ce chapitre » de sa deuxième lettre aux Corinthiens, dit : « nous avons répudié les dissimulations de la honte ». Parce que « les dissimulations sont honteuses, toujours; elles sont hypocrites, parce qu’il y a une hypocrisie envers les autres ». En effet, « aux docteurs de la Loi, le Seigneur dit : “hypocrites” ». Mais « il y a une autre hypocrisie : la confrontation avec nous-mêmes, c’est-à-dire quand je crois être autre chose que ce que je suis, je crois ne pas avoir besoin de guérison, de ne pas avoir besoin de soutien; je crois que je ne suis pas fait d’argile, que j’ai un trésor “à moi” ». Et cela « est le chemin, est la voie vers la vanité, l’orgueil, l’auto-référentialité de ceux qui, ne se sentant pas d’argile, cherchent le salut, la plénitude d’eux-mêmes ». Il ne faut jamais oublier, donc, que c’est « la puissance de Dieu qui nous sauve ». Parce que « Paul reconnaît notre vulnérabilité », disant clairement : « Nous sommes pressés de toute part, mais non pas écrasés parce que la puissance de Dieu nous sauve ». « Paul nous conduit, avec cette façon de penser, de raisonner, de prêcher la parole de Dieu, à un dialogue entre le trésor et l’argile ». « Un dialogue que nous devons constamment instaurer pour être honnêtes », a ajouté le Pape, indiquant comme exemple « quand nous allons nous confesser » et que nous reconnaissons : « Oui, j’ai fait cela, j’ai pensé cela ». Mais la véritable question à se poser est : « As-tu conscience de cette argile, de cette faiblesse, de ta vulnérabilité? ». Car « il est difficile de l’accepter ». En conclusion, le Pape a prié le Seigneur précisément afin qu’« il nous donne cette grâce » d’en avoir conscience afin d’être toujours capables de recevoir « ton trésor, Seigneur, dans la conscience d’être des vases d’argile ».
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