PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Dieu s’arrange pour entrer
Lundi 12 juin 2017
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 026 du 29 juin 2017)
Il suffit de maintenir la porte du cœur entrouverte et «Dieu s’arrange pour entrer», nous empêchant de rejoindre la foule des «in-miséricordieux»: un néologisme qui signifie ceux qui, privés de miséricorde, mettent en pratique les béatitudes à l’inverse. C’est précisément contre la tentation «narcissique de l’auto-référentialité» — le contraire de l’«altérité» chrétienne qui «est don et service» — que le Pape a voulu mettre en garde. En se référant au passage de la seconde lecture de saint Paul aux Corinthiens (1, 1-7), proposé par la liturgie comme première lecture, il a immédiatement souligné qu’en à peine «dix-neuf lignes, par huit fois, Paul parle de consolation, de nous laisser consoler pour consoler les autres». «L’expérience de la consolation, qui est une expérience spirituelle, a toujours besoin d’altérité pour être totale: personne ne peut se consoler soi-même, personne». Et «qui cherche à le faire, finit par se regarder dans le miroir». Mais «c’est la consolation truquée qui ne fait pas grandir, qui n’est pas une consolation parce qu’elle est fermée, il lui manque une altérité». «Dans l’Evangile, nous trouvons tant de personnes ainsi». «Par exemple les docteurs de la loi qui sont pleins de leur suffisance, fermés, et cela est “leur consolation” entre guillemets». Le Pape a voulu faire une référence explicite au «riche Epulon, qui vivait de fête en fête et avec cela, pensait être consolé». «La consolation, pour être vraie, pour être chrétienne, a besoin d’une altérité», parce que «la véritable consolation se reçoit». Et «c’est précisément le Seigneur, c’est Dieu qui nous console, c’est Dieu qui nous donne ce don: nous, avec le cœur ouvert, lui qui vient et nous donne». D’où le fait que «la consolation est un état de passage du don reçu au service donné», au point que «la véritable consolation a cette double altérité: elle est don et service». «Ainsi, si je laisse entrer la consolation du Seigneur comme don, c’est parce que j’ai besoin d’être consolé: je suis dans le besoin». En effet, «pour être consolé, il est nécessaire de reconnaître d’être dans le besoin: ce n’est qu’ainsi que le Seigneur vient, il nous console, et nous donne la mission de consoler les autres». «Un cœur ouvert, est un cœur heureux et dans l’Evangile, nous avons entendu qui sont les heureux, qui sont les bienheureux: les pauvres». Ainsi, «le cœur s’ouvre dans une attitude de pauvreté, de pauvreté d’esprit: ceux qui savent pleurer, ceux doux, la douceur du cœur; ceux qui sont assoiffés de justice, qui luttent pour la justice; ceux qui sont miséricordieux, qui font preuve de miséricorde à l’égard des autres; les purs de cœur; les artisans de paix et ceux qui sont persécutés à cause de la justice, par amour de la justice». Et «ainsi le cœur s’ouvre et le Seigneur vient avec le don de la consolation et la mission de consoler les autres». Mais il y a toutefois également ceux qui «ont un cœur fermé: ils ne suivent pas les béatitudes, en somme et «se sentent riches d’esprit, c’est-à-dire suffisants». Ce sont «ceux qui n’ont pas besoin de pleurer parce qu’ils se sentent justes; les violents qui ne savent pas ce qu’est la douceur; les injustes qui vivent de l’injustice et font l’injustice; ceux «in-miséricordieux», c’est-à-dire sans miséricorde, qui ne pardonnent jamais, qui n’ont jamais besoin de pardonner parce qu’ils ne sentent pas le besoin d’être pardonnés; ceux qui ont le cœur sale; les artisans de guerre, et non pas de paix; et ceux qui ne sont jamais critiqués ou persécutés parce qu’ils luttent pour la justice parce qu’ils ne se préoccupent pas des injustices des autres personnes: ceux-là sont fermés». Précisément devant cette inversion des béatitudes, «il nous fera du bien aujourd’hui de penser» à «comment est mon cœur? Est-il ouvert?». En rappelant que Dieu «nous demande seulement que la porte de notre cœur soit ouverte, ou tout au moins entrouverte, ainsi il s’arrange pour entrer».
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