PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
La paix n’est pas la tranquillité
Mardi 16 mai 2017
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 023 du 8 juin 2017)
Le Pape François a mis en garde contre le risque de se laisser tromper par une «paix tranquille, artificielle et anesthésiée» — avec un écriteau qui dit «ne pas déranger» — propre au monde que chacun peut se construire tout seul. Et il a reproposé la véritable essence de la paix que nous donne en revanche Jésus: «Une paix réelle, parce qu’enracinée dans la croix, capable de passer à travers les nombreuses tribulations quotidiennes de la vie, entre les souffrances et les maladies. Mais sans jamais tomber dans le stoïcisme ou faire “les fakirs”». Et précisément à ce propos, François a voulu reproposer la pensée éloquente de saint Augustin: «La vie du chrétien est un chemin entre les persécutions du monde et les consolations de Dieu» (De Civitate Dei XVIII, 51). Pour sa méditation, le Pape s’est inspiré du passage évangélique de Jean (14, 27-31), proposé par la liturgie: «Jésus dînait avec ses disciples, lors la dernière cène, et il leur dit: “Je vous laisse ma paix; c’est ma paix que je vous donne”». Jésus «leur donne la paix». Et il ajoute aussi: «Que votre cœur ne se trouble ni ne s’effraie, parce que je vous donne ma paix». En outre, «nous avons également écouté le passage des Actes des apôtres» (14, 19-28), qui raconte «le voyage que Paul et Barnabé ont fait à partir d’Antioche, pour ensuite revenir à Antioche, et nous avons entendu tout ce qu’ils ont souffert». Paul et Barnabé, en effet, «prêchaient à Lystres»; mais «certaines personnes sont venues à Iconium et persuadèrent la foule que ce que Paul prêchait n’était pas vrai». Et la foule a immédiatement «changé d’attitude: ils lapidèrent Paul et le traînèrent hors de la ville, le croyant mort». En somme, «mais est-ce donc la paix que donne Jésus? Ou Paul n’avait pas reçu la paix?». Les Actes racontent ensuite que «“les disciples faisaient cercle autour de lui [Paul], et qu’il se releva”, parce qu’il n’était pas mort, et il continua à annoncer l’Evangile». Paul «continuait à travailler». Et face à tout cela, il répétait: «Soyez fermes dans la foi, parce que nous devons entrer dans le royaume de Dieu à travers de nombreuses tribulations». Donc, «il s’agit d’une paix au milieu des tribulations». C’est pour cette raison que «quand Jésus fait ce cadeau et dit aux apôtres: “je vous laisse ma paix, c’est ma paix que je vous donne”, il ajoute: “je vous la donne, non comme la donne le monde”». Le monde nous offre «une paix qui regarde uniquement ses propres intérêts, ses propres assurances, que rien ne lui manque». «Le monde nous enseigne la route de la paix par l’anesthésie». Et le monde «nous anesthésie pour ne pas voir une autre réalité de la vie: la croix». C’est pour cette raison que «Paul dit que l’on doit entrer dans le royaume du ciel en étant sur le chemin, avec tant de tribulations». Mais «peut-on trouver la paix dans la tribulation?». «En ce qui nous concerne, non», parce que «nous ne sommes pas capables de faire une paix qui soit tranquillité, une paix psychologique, une paix faite par nous, car les tribulations existent: pour certains une douleur, pour d’autres une maladie, ou une mort». En revanche, «la paix que donne Jésus est un cadeau: c’est un don de l’Esprit Saint». Et «cette paix va au milieu des tribulations et va de l’avant: ce n’est pas une sorte de stoïcisme, ce que fait le fakir». C’est vraiment «quelque chose d’autre, c’est un don qui nous fait aller de l’avant». Voilà alors que «la paix de Dieu est une paix réelle, qui va dans la réalité de la vie, qui ne nie pas la vie». Parce que «la vie est ainsi: il y a la souffrance, il y a les malades, il y a tant choses laides, il y a les guerres, mais cette paix intérieure, qui est un cadeau, ne se perd pas, elle va de l’avant en portant la croix et la souffrance». En appliquant sa réflexion à la vie quotidienne de chacun, le Pape a expliqué que «quand je me mets en colère et que je perds la paix, quand mon cœur se trouble, c’est parce que je ne suis pas ouvert à la paix de Jésus; parce que je ne suis pas capable de porter la vie comme elle vient, avec les croix et les douleurs qui viennent: par ce que je ne suis pas capable de demander: “Seigneur, donne-moi ta paix”». Et cela «est une belle grâce à demander aujourd’hui, que le Seigneur nous fasse bien comprendre comment est cette paix qu’il nous offre avec l’Esprit Saint».
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