PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Judas la brebis égarée
mardi, 6 décembre 2016
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n°001 du 5 janvier 2017)
La « bonne nouvelle de Noël » est que « le Seigneur vient avec sa puissance », mais surtout que cette puissance « sont ses caresses », sa « tendresse ». Une tendresse qui, comme le bon pasteur avec les brebis, est pour chacun de nous : Dieu n’oublie jamais aucun de nous, pas même si nous nous étions tragiquement « égarés » comme cela est arrivé à Judas qui, perdu dans son « obscurité intérieure », est d’une certaine façon le prototype, l’« icône » de la brebis égarée de la parabole évangélique. Le Pape François est entré dans le cœur de cette « bonne nouvelle » face à laquelle, lit-on dans la liturgie du jour, nous sommes appelés à une « sincère exultation ». Et « devant Noël, nous demandons cette grâce de recevoir cette bonne nouvelle avec une sincère exultation et de nous réjouir », mais également « de laisser le Seigneur nous consoler ». Parce que « le Seigneur vient et quand le Seigneur vient, il touche l’âme avec ces sentiments ». En effet, « il vient comme un juge, mais comme un juge qui caresse, un juge qui est plein de tendresse » et qui « fait tout pour nous sauver ». Le Pape a pris comme référence l’Évangile du jour, dans lequel Matthieu (18, 12-14) parle du bon pasteur. Le pasteur « connaissait bien » cette brebis égarée, elle ne s’était pas perdue, « elle connaissait bien le chemin » : elle s’était perdue « parce qu’elle avait le cœur égaré, elle avait le cœur malade. Elle était aveuglée par quelque chose d’intérieur et, mue par cette dissociation intérieure, elle fuit l’obscurité pour se « défouler ». Le Seigneur connaît ces choses et va la chercher. Le Pape François a alors introduit un autre élément dans sa méditation : « Pour moi, la figure qui me fait comprendre le plus l’attitude du Seigneur avec la brebis égarée est l’attitude du Seigneur avec Judas. La brebis égarée la plus parfaite dans l’Évangile est Judas ». C’est « un homme qui avait toujours, toujours quelque chose d’amer dans le cœur, quelque critique à faire sur les autres, toujours détaché ». Judas « s’enfuyait parce que c’était un voleur », d’autres sont « luxurieux » et eux aussi « s’enfuient parce qu’il y a cette obscurité dans le cœur qui les détache du troupeau ». Nous sommes face à « cette double vie » qui est celle « de tant de chrétiens » et de « prêtres » et d’« évêques ». Du reste, « Judas était évêque, l’un des premiers évêques... ». Il s’agit d’une réalité à laquelle les chrétiens d’aujourd’hui ne sont pas étrangers. C’est pourquoi « nous aussi nous devons comprendre les brebis égarées ». En effet, « nous aussi nous avons toujours quelque chose, une petite chose ou pas si petite, des brebis égarées ». Nous devons donc comprendre que « ce n’est pas une erreur qu’a commise la brebis égarée : c’est une maladie, c’est une maladie que Judas avait dans le cœur » et dont le diable profite. Jésus, « le pasteur, va le chercher : “Fais ce que tu dois faire, mon ami” et il l’embrasse ». Mais Judas « ne comprend pas », n’acceptant pas les caresses du Seigneur. Mais la réflexion du Pape a atteint un autre degré de profondeur. Le Seigneur est bon, même pour ces brebis », et il ne cesse d’aller les chercher ». Le Pape a souligné un mot que nous retrouvons dans la Bible, « un mot qui dit que Judas s’est pendu, pendu et “repenti” ». Voilà alors « l’annonce » dont on parlait au début de l’homélie, « la bonne nouvelle que nous apporte Noël et qui nous demande cette sincère exultation qui change le cœur, qui nous conduit à nous laisser réconforter par le Seigneur. La « bonne nouvelle », la « sincère exultation », la « consolation », qui « nous réjouissent dans le Seigneur » jaillissent du fait que « le Seigneur vient avec sa puissance. Les caresses du Seigneur! ». Qui ne connaît pas les caresses du Seigneur ne connaît pas la doctrine chrétienne. Qui ne se laisse pas caresser par le Seigneur est perdu ».
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