PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Jeudi 15 septembre 2016
( L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 39 du 29 septembre 2016 )
Sous le manteau
Dans un monde d’orphelins, Marie est la mère qui nous comprend entièrement et nous défend, notamment parce qu’elle a vécu en première personne les mêmes humiliations que subissent aujourd’hui, par exemple, les mères des détenus. Le jour de la fête de la bienheureuse Vierge Marie des douleurs, le Pape a suggéré de se réfugier toujours, dans les moments difficiles, « sous le manteau » de la mère de Dieu, en reproposant ainsi « le conseil spirituel des mystiques russes » que l’occident a relancé avec l’antienne Sub tuum praesidium. Pour sa méditation sur le « mystère de la maternité de Marie », le Pape est parti de la dernière cène : « Jésus, à table, prend congé de ses disciples : il règne un climat de tristesse, tous savaient que quelque chose allait mal finir et ils posaient des questions, ils étaient tristes ». Dans ce long, long discours avec les disciples, Jésus parle du Père, en assurant « que le Père les aime et que quoi qu’ils demandent au Père, le Père le leur donnera. Qu’ils aient confiance dans le Père ». Puis « a lieu tout ce que nous savons, après la cène : l’humiliation, la prison, la trahison des disciples ; Pierre renie Jésus, les autres fuient ». Au point que, a dit le Pape en se référant au passage liturgique de l’Évangile de Jean (19, 25-27), sous la croix il n’y avait « qu’un disciple, avec la mère de Jésus, avec Marie de Magdala, et l’autre Marie, parente ». Et là, sous la croix, « il y a Marie, la mère de Jésus : tous la regardaient », peut-être en murmurant : « C’est la mère de ce délinquant! C’est la mère de ce subversif! ». Et Marie « sentait ces choses, elles souffrait d’humiliations terribles et entendait aussi les grands, certains prêtres qu’elle respectait parce qu’ils étaient prêtres », dire à Jésus : « Mais toi qui es si fort, descends, descends! ». Marie, « à côté de son Fils, nu, là, éprouvait une souffrance si grande, mais elle n’est pas partie, elle n’a pas renié son Fils, il était sa chair ». « Il est arrivé tant de fois, dans le diocèse de Buenos Aires, quand je me rendais dans les prisons visiter les détenus, de voir la queue, la queue des femmes qui attendaient pour entrer : c’était des mères mais elles n’avaient pas honte, leur chair était là dedans ». Et ces « femmes souffraient non seulement de la honte d’être là », entendant dire : « Mais regarde celle-là, qu’aura donc fait son fils? ». Ces mères « subissaient également les plus terribles humiliations dans les perquisitions qu’elles devaient endurer avant d’entrer, mais c’était des mères et elles allaient rendre visite à leur chair ». Et il en a été ainsi pour Marie, qui « était là, avec cette souffrance si grande ». Précisément « à ce moment Jésus, qui avait dit qu’il ne nous laisserait pas orphelins, qui avait parlé du Père, regarde sa mère et nous la donne comme mère : “Voilà ta mère!” ». Le Seigneur « ne nous laisse pas orphelins : nous chrétiens avons une mère, la même que celle de Jésus ; nous avons un Père, le même que celui de Jésus. Nous ne sommes pas orphelins ». Et Marie « nous engendre à ce moment avec tant de douleur, c’est véritablement un martyre : le cœur transpercé, elle accepte de nous engendrer tous dans ce moment de douleur. Et à partir de ce moment, elle devient notre mère, à partir de ce moment, elle est notre mère, celle qui prend soin de nous et n’a pas honte de nous : elle nous défend ». « Les mystiques russes des premiers siècles de l’Église donnaient un conseil à leurs disciples, les jeunes moines : lors des troubles spirituels, réfugiez-vous sous le manteau de la sainte mère de Dieu. Là ne peut entrer le diable parce qu’elle est mère et en tant que mère, elle défend ». Puis « l’occident a repris ce conseil et a créé la première antienne mariale Sub tuum praesidium : sous ton manteau, sous ta protection, ô Mère, nous sommes saufs ». « Aujourd’hui, nous fêtons la mémoire du moment où la Vierge nous a engendrés et elle a été fidèle à cette naissance jusqu’au jour d’aujourd’hui et elle continuera d’être fidèle ».
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