PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Mardi 10 mai 2016
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 20 du 19 mai 2016)
Jeunesse brûlée
« Brûler sa vie pour de nobles causes » : voilà une opportunité offerte aux jeunes d’aujourd’hui, qui, immergés dans une « culture du consumérisme » et « du narcissisme », sont souvent insatisfaits et peu heureux. Le Pape François a placé au centre de sa réflexion le témoignage des missionnaires — « la gloire de notre Église » — en la proposant comme modèle pour les jeunes. L’homélie du Souverain Pontife s’est inspirée de la première lecture du jour extraite des Actes des apôtres (20, 17-27), dans laquelle l’on peut lire ce que « nous pourrions appeler le “départ d’un apôtre” ». Cet extrait des Écritures fait venir à l’esprit « le beau passage littéraire de l’Espagnol José María Pemán », dans lequel on lit « la description du congé de la vie de saint François-Xavier devant les plages de la Chine. Lui aussi fait un examen de conscience : seul, devant Dieu ». La suite du récit est aussi significative, car l’on peut se demander : « Qu’est-ce qui attend Paul ? ». En effet, l’apôtre écrit qu’il « va à Jérusalem “sans savoir ce qui [lui] y adviendra” ». Comme un missionnaire qui part « sans savoir ce qui l’attend ». Il est certain d’une seule et unique chose : « que, de ville en ville, l’Esprit Saint [l]’avertit que chaînes et tribulations [l]’attendent ». Et « le missionnaire aussi sait que la vie ne sera pas facile, mais il va de l’avant ». Enfin, Paul ajoute « une autre vérité qui fait pleurer les prêtres d’Éphèse : “et maintenant voici que, je le sais, vous ne reverrez plus mon visage, vous tous au milieu de qui j’ai passé en proclamant le Royaume” ». Il donne ensuite « quelques conseils. Ils l’accompagnent jusqu’au bateau et sur la plage, ils se jettent à son cou, ils pleurent... Et ainsi prend-il congé de la communauté d’Éphèse, dans la ville de Milet ». « L’objectif de l’apôtre est l’objectif des missionnaires ». « Je crois que cet extrait » évoque « la vie de nos missionnaires : de nombreux jeunes, garçons et filles, qui ont quitté leur patrie, leur famille et sont allés loin, dans d’autres continents, annoncer Jésus Christ ». Eux aussi « y allaient “contraints” par l’Esprit Saint », c’était leur « vocation ». Et aujourd’hui, lorsqu’en ces lieux, « nous nous rendons dans les cimetières » et que « nous voyons leurs pierres tombales », nous nous rendons compte que « beaucoup sont morts jeunes, à moins de quarante ans », souvent parce qu’ils n’étaient pas préparés à supporter les maladies locales. Nous comprenons que ces jeunes « ont donné leur vie », ils ont « brûlé leur vie ». La réflexion de François est significative : « Je pense que, en ce dernier moment, loin de leur patrie, de leur famille, de leurs proches, ils ont dit : “il valait la peine de faire ce que j’ai fait !” ». Dans le souvenir de ces jeunes, « héros de l’évangélisation de notre temps », en repensant au fait que l’Europe a rempli d’autres continents de missionnaires qui partaient sans revenir — et que probablement, dans leur « dernier moment », celui du « congé », ils ont dit comme François- Xavier : « J’ai tout quitté, mais cela en valait la peine ! » — le Pape a affirmé : « Je crois qu’il serait bon que nous rendions grâce au Seigneur pour leur témoignage ». Certains sont morts « anonymes », d’autres comme des « martyrs, c’est-à-dire en offrant leur vie pour l’Évangile » : c’est « notre gloire, ces missionnaires ! La gloire de notre Église ! ». Face à de tels exemples, le Souverain Pontife a adressé une pensée « aux jeunes garçons et filles d’aujourd’hui », souvent mal à l’aise dans la « culture du consumérisme, du narcissisme ». Et il leur a dit : « Mais regardez l’horizon ! Regardez là-bas, regardez nos missionnaires ! ». C’est pour cela qu’il faut « prier l’Esprit Saint qui les contraint à aller loin, à “brûler” leur vie ». Il a utilisé précisément cette expression forte en précisant : « C’est un mot un peu dur, mais la vie vaut la peine d’être vécue ; mais pour la vivre bien », il faut « “la brûler” dans le service, dans l’annonce ; et aller de l’avant. Et c’est cela la joie de l’annonce de l’Évangile ».
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