PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Vendredi 6 mai 2016
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 19 du 12 mai 2016)
Avec joie et avec espérance
Le chrétien n’anesthésie pas la douleur, pas même la plus grande douleur qui fait vaciller la foi, et il ne vit pas la joie et l’espérance comme si c’était toujours carnaval. Mais il trouve le sens de son existence dans le profil de la femme qui accouche : quand l’enfant naît, elle est tellement heureuse qu’elle ne se rappelle plus de sa souffrance. C’est cette image forte proposée par Jésus lui-même que le Pape a reprise au cours de la Messe. « Dans la liturgie de l’Ascension du Seigneur — a fait remarquer François en se référant à la célébration de la fête de la veille — l’Église explose dans une attitude qui n’est pas habituelle et, au début, la première prière est un cri : “Seigneur, que ton Église exulte !” ». Une invocation qui exprime « précisément la joie qui envahit toute l’Église, joie et espérance : toutes les deux vont de pair ». De fait, « une joie sans espérance est un simple divertissement, une allégresse passagère ». Et « une espérance sans joie n’est pas une espérance, elle ne va pas au-delà d’un sain optimisme ». Voilà pourquoi « joie et espérance vont de pair et toutes les deux provoquent cette explosion que dans sa liturgie l’Église, je me permets de dire le mot, crie presque sans pudeur : “Que ton Église exulte !”, qu’elle exulte de joie, sans formalité ». « En trois touches l’Église nous dit quelle doit être l’attitude chrétienne : joie et espérance à la fois ». Et ainsi, « la joie rend l’espérance forte et l’espérance fleurit dans la joie ». Et « toutes les deux, avec cette attitude que l’Église veut leur donner, ces deux vertus chrétiennes indiquent une sortie de nous-mêmes : la personne joyeuse ne se ferme pas sur elle-même; l’espérance te conduit là, elle est précisément l’ancre qui est sur la plage du ciel et qui te conduit à l’extérieur ». Nous pouvons donc « sortir de nous-mêmes avec la joie et l’espérance ». C’est une réflexion qui fait référence au passage évangélique de Jean (16, 20-23) proposé par la liturgie. « Le Seigneur nous dit qu’il y aura des problèmes et que dans la vie, cette joie et cette espérance ne sont pas un carnaval : elles sont également quelque chose d’autre, devoir affronter les difficultés ». François a reproposé « l’image qu’utilise le Seigneur aujourd’hui dans l’Evangile : celle de la femme quand l’heure de l’accouchement est arrivée ». Oui, « la femme, quand elle accouche, est dans la douleur car son heure est venue; mais quand elle a donné le jour à son enfant, elle ne se rappelle plus de la souffrance ». « Cette image du Seigneur doit beaucoup nous aider dans les difficultés », également celles « qui sont terribles, mauvaises et qui nous font même douter de notre foi ». Mais « allons de l’avant avec la joie et l’espérance, car après cette tempête arrive un homme nouveau, comme pour la femme quand elle accouche ». Et « Jésus nous dit que cette joie et cette espérance sont durables, qu’elles ne passent pas ». Ce sont des mots qui doivent être soulignés : « La joie humaine peut être enlevée par n’importe quelle chose, par n’importe quelle difficulté. Mais cette joie que le Seigneur nous donne, qui nous fait exulter, nous élève dans l’espérance de le trouver, cette joie, personne ne peut l’enlever, elle est durable. Même dans les moments les plus sombres ». « Joie, espérance est le cri de l’Église, heureuse après l’Ascension du Seigneur ». François a rappelé que « Luc dit dans les Actes que, à un certain point, quand le Seigneur s’en va et que les disciples ne le voient plus, ils restent à regarder le ciel avec un peu de tristesse ». Et « ce sont les anges qui les réveillent, en les invitant à s’en aller. Et ensuite, dans l’Evangile de Luc, on lit : “Ils revinrent heureux, pleins de joie” ». Précisément de cette joie de savoir que notre humanité est entrée au ciel : pour la première fois ! ».
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