PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Mardi 12 avril 2016
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 16 du 21 avril 2016)
Deux persécutions
Il existe deux persécutions contre les chrétiens : il y a la persécution « explicite » — et le souvenir du Pape est allé aux martyrs tués à Pâques au Pakistan — et il y la persécution « éduquée, déguisée en culture, modernité et progrès », qui finit par retirer à l’homme la liberté, également l’objection de conscience. Mais précisément dans les souffrances des persécutions, le chrétien sait qu’il a toujours le Seigneur à ses côtés. Pour sa méditation, le Souverain Pontife s’est inspiré de la première lecture, extraite des Actes des apôtres (5, 51-8, 1). « C’est ce qui apparaît clairement dans l’extrait des Actes des apôtres que nous lirons demain : après le martyre d’Étienne, une grande persécution éclata à Jérusalem ». Alors « tous les chrétiens se sont enfuis, seuls les apôtres sont restés ». Voilà que « la persécution est le pain quotidien de l’Église : Jésus l’a du reste dit ». « Quand nous faisons un peu de tourisme dans Rome, et que nous allons au Colisée, nous pensons que les martyrs étaient ceux qui étaient tués par des lions ». Cependant, « les martyrs n’ont pas été de ceux-là ». En réalité, les martyrs « sont des hommes et des femmes de tous les jours : le jour de Pâques, il y a à peine trois semaines ». Les pensées de François sont allées vers « ces chrétiens qui célébraient Pâques au Pakistan : ils ont été martyrisés précisément parce qu’ils célébraient le Christ ressuscité ». « La persécution est une des caractéristiques, des traits dans l’Église, elle recouvre toute son histoire ». Et « la persécution est cruelle, comme celle d’Étienne, comme celle de nos frères pakistanais il y a trois semaines ». Il y a toutefois également « une autre persécution dont on ne parle pas beaucoup ». La première forme de persécution « est due à la confession du nom du Christ » et est donc « une persécution explicite, claire ». Mais l’autre persécution « se présente déguisée sous forme de culture, déguisée en culture, déguisée en modernité, déguisée en progrès : c’est une persécution — dirais-je un peu ironiquement — éduquée ». On la reconnaît « lorsque l’homme est persécuté non pas parce qu’il confesse le nom du Christ, mais parce qu’il veut avoir et manifester les valeurs de fils de Dieu ». Il s’agit donc d’« une persécution contre Dieu Créateur en la personne de ses fils ». Et ainsi, « nous voyons tous les jours que les puissances font des lois qui obligent à aller sur cette route et un pays qui ne suit pas ces lois modernes, cultivées, ou du moins qui n’en veut pas dans sa législation, est accusé, est persécuté de façon éduquée ». C’est « la persécution qui ôte à l’homme la liberté, également celle de l’objection de conscience ! Dieu nous a faits libres, mais cette persécution t’ôte la liberté ! Et si tu ne fais pas cela, tu seras puni : tu perdras ton travail et tant de choses ou tu seras écarté ». « Telle est la persécution du monde ». Et « cette persécution a également un chef ». Dans la persécution d’Étienne, « les chefs étaient les docteurs des lettres, les docteurs de la loi, les grands prêtres ». Au contraire, « le chef de la persécution éduquée, Jésus l’a nommé : le prince de ce monde ». On le voit « lorsque les puissances veulent imposer des comportements, des lois contre la dignité du fils de Dieu, elles les persécutent et vont à l’encontre du Dieu créateur : c’est la grande apostasie ». C’est ainsi que « la vie des chrétiens avance avec ces deux persécutions ». Mais également dans la certitude que « le Seigneur nous a promis de ne pas s’éloigner de nous : “Faites attention, faites attention ! Mais allez de l’avant, Je serai avec vous” ».
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