PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Jeudi 7 avril 2016
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 15 du 14 avril 2016)
Sang vivant
L’Église « a besoin de témoins », de martyrs, de chrétiens « cohérents » qui « vivent leur vie sérieusement ». La réflexion de François s’est arrêtée sur la sève vitale de l’Église, sur ce « sang vivant » qui la fait avancer jour après jour: le témoignage. Une méditation qui s’est inspirée de la liturgie du jour, en particulier de la première lecture, tirée des Actes des apôtres (5, 27-33), dans laquelle est présenté « un extrait de cette longue histoire » qui débute lorsque Jean et Pierre guérissent « l’estropié qui était à la belle porte du temple ». Tous « avaient vu cette guérison », et personne ne pouvait nier le caractère exceptionnel du fait, car « tous connaissaient cet homme qui avait quarante ans ». Pourtant, les chefs, les prêtres, en colère, interdirent aux apôtres « d’enseigner, de prêcher au nom de Jésus ». Face à eux, « fort dans son témoignage », se trouvait Pierre. Et le Pape a voulu rappeler, en comparaison, l’attitude différente de l’apôtre à l’occasion du reniement du Christ : « Pensons à Pierre, le lâche, cette nuit du Jeudi saint, lorsque, rempli de crainte, il renie trois fois le Seigneur ». Au contraire, en cette circonstance, l’apôtre affirme : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Le Dieu de nos Pères a ressuscité Jésus, que vous avez tué, en le pendant à une croix. Dieu l’a élevé à sa droite comme chef et sauveur et nous sommes témoins de ces faits, de même que l’Esprit Saint, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent ». Il nous vient l’envie de dire : « Quel courage ! ». François a ainsi commenté : « Ce Pierre n’a rien à voir avec ce Pierre du Jeudi, rien ! Un Pierre plein de force qui rend témoignage ». Mais ce témoignage courageux eut des conséquences : « En entendant ces choses, ils — les chefs, les grands prêtres — furent pris de fureur et voulurent le mettre à mort ». Le Pape a alors approfondi le concept de témoignage en partant d’une question : « Pourquoi Pierre devint-il si fort dans son témoignage ? ». Après avoir guéri l’impotent, l’apôtre avait dit : « Nous ne pouvons taire ce que nous avons vu et écouté ». C’est-à-dire, que « la cohérence entre la vie et ce que nous avons vu et écouté est précisément le début du témoignage ». Mais le témoignage chrétien a une autre caractéristique, « il n’appartient pas seulement à celui qui le donne : le témoignage chrétien se fait toujours à deux ». C’est ce qu’explique saint Pierre lui-même : « Nous sommes témoins de ces faits, de même que l’Esprit Saint ». Par conséquent, « sans l’Esprit Saint, il n’y a pas de témoignage chrétien ». Cette compréhension provient également de l’Évangile. C’est, du reste, le témoignage même de Jésus : « Il atteste de ce qu’il a vu et entendu avec l’Esprit qui donne à ses disciples ». Et cela « est le courage chrétien, tel est le témoignage ». Un témoignage que nous retrouvons chez « nos martyrs d’aujourd’hui, nombre d’entre eux étant chassés de leur terre, déplacés, égorgés, persécutés ». Ceux-ci « ont ce courage de confesser Jésus jusqu’au moment de la mort, précisément ». Combien de fois, « dans des moments difficiles de l’histoire », l’on a entendu dire : « Aujourd’hui, la patrie a besoin de héros ». L’on peut se demander de la même manière : « De quoi l’Église a-t-elle besoin aujourd’hui ? ». La réponse est immédiate: « de témoins, de martyrs », à savoir « des saints de tous les jours, ceux de la vie ordinaire » conduite « avec cohérence » mais aussi de ceux qui ont le courage d’être « des témoins jusqu’au bout, jusqu’à la mort ». Tous « sont le sang vivant de l’Église ». Ce sont eux « qui font avancer l’Église, les témoins : ceux qui attestent que Jésus est ressuscité, que Jésus est vivant, et ils l’attestent avec cohérence de vie et avec l’Esprit Saint qu’ils ont reçu en don ».
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