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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Vendredi 5 février 2016

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 4 du 28 janvier 2016)

Diminuer, diminuer, diminuer

Jean-Baptiste, « le plus grand des prophètes », nous enseigne une règle fondamentale de la vie chrétienne : nous faire petits avec humilité pour que ce soit le Seigneur qui grandisse. C’est le « style de Dieu », différent du « style des hommes ». Marc, dans le passage évangélique d’aujourd’hui (6, 14-29), écrit « que les gens parlaient de Jésus parce que “son nom était devenu célèbre” ». En somme, « tous parlaient » et se demandaient qui il était vraiment. Alors que le roi Hérode, écrit toujours Marc, était « craintif, angoissé », également parce qu’il était « hanté par le fantôme de Jean » qu’il avait fait tuer. C’est précisément « dans ce cadre que l’évangéliste raconte la fin de Jean-Baptiste, “le plus grand homme né d’une femme” comme le dit la formule de canonisation ». Et « cette formule ce n’est pas le Pape qui l’a dite : Jésus l’a dite ! ». Vraiment, Jean « est le plus grand homme né d’une femme, le saint le plus grand : Jésus l’a canonisé ainsi ». Mais Jean « finit en prison, décapité ». Et « la dernière phrase » du passage évangélique d’aujourd’hui semble également contenir une note de « résignation » : « Les disciples de Jean l’ayant appris, vinrent prendre son cadavre et le mirent dans un tombeau ». Et c’est ainsi que « finit “le plus grand homme né d’une femme” : un grand prophète, le dernier des prophètes, le seul auquel il a été permis de voir l’espérance d’Israël ». Oui, « le grand Jean qui a appelé à la conversion : tout le peuple le suivait et lui demandait “que devons-nous faire ?” ». Il était aussi suivi par « les soldats, tous allaient à sa suite pour se faire baptiser, demander pardon, au point que les docteurs de la loi sont allés lui poser une question : “Es-tu celui que nous attendons ? ». La réponse de Jean est claire : « Non, non : ce n’est pas moi. Il y en a un autre qui vient après moi : c’est lui. Je suis seulement la voix qui crie dans le désert ». Vraiment, « Jean est grand ». Grand quand il dit ne pas être celui qui est attendu : en particulier « cette phrase est son destin, son programme de vie : “Lui, celui qui vient après moi, doit grandir; moi, en revanche, diminuer” ». C’est précisément « ainsi qu’a été la vie de Jean : diminuer, diminuer, diminuer et finir de cette manière si prosaïque, dans l’anonymat ». Voilà, Jean a été « un grand qui n’a pas cherché sa propre gloire, mais celle de Dieu ». Mais cela ne finit pas là. Jean « a aussi souffert en personne de la torture intérieure du doute ». Au point qu’« il a envoyé ses disciples demander à Jésus : “Dis la vérité : est-ce toi qui dois venir ?” ». Évidemment, « ce doute le faisait souffrir » et il se demandait : « Me suis-je trompé en annonçant celui qui n’est pas ? Ai-je trompé le peuple ?” ». Grande a été « la souffrance, la solitude intérieure de cet homme ». C’est ainsi que reviennent, dans toute leur force, ses paroles : « Moi, en revanche, je dois diminuer, mais diminuer ainsi : dans l’âme, dans le corps, dans tout ». Au doute de Jean, « Jésus répondit : “Regarde ce qui arrive”. Et il a confiance, il ne dit pas : “C’est moi”. Il dit : “Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu”. Il donne aussi des signes, et il le laisse seul avec le doute et l’interprétation des signes ». Voilà, « il est le grand prophète ». Mais, toujours à propos de Jean, « il y a une dernière chose qui nous laisse à penser : avec ce comportement de “diminuer” pour que le Christ puisse “grandir”, il a préparé la route à Jésus. Et Jésus mourut dans l’angoisse, seul, sans les disciples ». La « grande gloire » de Jean est donc d’avoir été « prophète non seulement dans ses paroles, mais dans sa chair : à travers sa vie, il a préparé la route à Jésus. C’est un grand homme ! ».

 



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