PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Lundi 18 janvier 2016
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 4 du 28 janvier 2016)
Des outres neuves
Le chrétien qui se dissimule derrière l’idée que « l’on a toujours fait ainsi... » commet un péché, en devenant idolâtre et rebelle et en vivant une « vie rapiécé, à moitié », car il ferme son cœur aux « nouveautés de l’Esprit Saint ». C’est une invitation à se libérer des « habitudes », pour laisser place aux « surprises de Dieu », que le Pape François a lancée. Dans la première lecture, extraite du premier livre de Samuel (15, 16-23), « nous avons écouté que le roi Saul est rejeté par Dieu car il n’obéit pas : le Seigneur lui a dit qu’il aurait remporté la bataille, la guerre, mais que tout aurait dû être voué à l’extermination ». Et Saul « n’a pas obéi ». Samuel dit à Saul : « Yahvé se plaît-il aux holocaustes et aux sacrifices comme dans l’obéissance à la parole de Yahvé ? ». Par conséquent, « l’obéissance va plus loin » et dépasse aussi les paroles de justification de Saul : « J’ai écouté le peuple et le peuple m’a dit : l’on a toujours fait de la sorte ! Les choses qui ont le plus de valeur iront au service du Seigneur, aussi bien au temple que pour les sacrifices. L’on a toujours fait ainsi ! ». Saul a « eu peur » et pour cette raison, « il a laissé la vie se poursuivre contre la volonté du Seigneur ». La même attitude, a dit le Pape en se référant au passage liturgique de Marc (2, 18-22), nous est « enseignée par Jésus dans l’Evangile, quand les docteurs de la loi lui reprochent le fait que les disciples ne jeûnent pas : “Mais cela s’est toujours passé ainsi, pourquoi les tiens ne jeûnent-ils pas ?” Et Jésus répond par ce principe de vie : “Personne ne coud une pièce de drap non foulé à un vieux vêtement ; autrement, la pièce neuve tire sur le vieux vêtement et la déchirure s’aggrave. Personne non plus ne met du vin nouveau dans des outres vieilles ; autrement, le vin fera éclater les outres, et le vin est perdu tout comme les outres. Mais du vin nouveau dans des outres neuves !” ». En substance, « la loi est au service de l’homme, qui est au service de Dieu et c’est pourquoi l’homme doit avoir le cœur ouvert ». Le comportement de celui qui dit : « L’on a toujours fait ainsi... » naît d’un « cœur fermé ». Au contraire, « Jésus nous a dit : “Je vous enverrai l’Esprit Saint et il vous conduira jusqu’à la pleine vérité” ». Ainsi, « si tu as le cœur fermé à la nouveauté de l’Esprit, tu n’arriveras jamais à la pleine vérité ». Et « ta vie chrétienne sera une vie à moitié, une vie rapiécée, raccommodée par de nouvelles choses, mais sur une structure qui n’est pas ouverte à la voix du Seigneur : un cœur fermé, car tu n’es pas capable de changer les outres ». Mais « pourquoi cela arrive-t-il ? Pourquoi est-ce si grave, pourquoi le Seigneur rejette Saul et choisit ensuite un autre roi ? ». La réponse est donnée par Samuel lorsqu’il « explique ce qu’est un cœur fermé. Celui qui a un tel cœur, affirme Samuel, « est un pécheur ». Par conséquent, « les chrétiens obstinés dans le “on a toujours fait ainsi, tel est le chemin, telle est la voie”, pèchent : ils pèchent par divinisation ». Et cela « est aussi un péché d’idolâtrie : l’obstination. Le chrétien qui s’obstine pèche. Il pèche par idolâtrie ». Face à cette vérité, la question à se poser est la suivante : « Quelle est la route à suivre ? ». François a suggéré d’« ouvrir son cœur à l’Esprit Saint, de discerner quelle est la volonté de Dieu ». « Il était habituel, à l’époque de Jésus, que les bons israéliens jeûnent ». Cependant, « il existe une autre réalité : il existe l’Esprit Saint qui nous conduit à la pleine vérité ». « Les habitudes doivent aussi se renouveler face à la nouveauté de l’Esprit, aux surprises de Dieu ».
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