PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE
EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE
Vendredi 11 septembre 2015
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 41 du 8 octobre 2015)
Un risque d’hypocrisie
« Si l’on trouvait une personne qui n’a jamais, jamais, jamais mal parlé d’une autre, l’on pourrait la canoniser tout de suite » : c’est avec une expression forte que François a mis en garde contre la tentation « hypocrite » de toujours montrer les autres du doigt. En invitant à avoir plutôt « le courage de faire le premier pas » en reconnaissant ses propres erreurs, ses propres faiblesses et en s’accusant soi-même. C’est le conseil spirituel, centré sur le pardon et la miséricorde, que le Souverain Pontife a suggéré. Car « l’hypocrisie » est un risque que nous courrons « tous, à commencer par le Pape ». « Ces jours-ci, la liturgie nous a conduits à réfléchir sur cette route de la miséricorde, du pardon, du style chrétien avec ces sentiments de tendresse, de bonté, d’humilité, de mansuétude, de magnanimité ». Le style chrétien, en effet, consiste dans le fait de « se supporter mutuellement, l’un l’autre » : une attitude qui « conduit à l’amour, au pardon, à la magnanimité ». Parce que « précisément, le style chrétien est magnanime, il est grand ». « Le Seigneur nous a ensuite dit que, avec ce grand esprit, il y a aussi autre chose : cette générosité, une générosité du pardon, une générosité de la miséricorde ». Et « il nous pousse à être ainsi, généreux, et à donner : donner de nous, de notre cœur ; donner de l’amour surtout ». Dans cette perspective, « il nous parle de la “récompense” : ne jugez pas et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés ». Cela, donc, « est le résumé du Seigneur : pardonnez et vous serez pardonnés ; donnez et vous recevrez ». L’apôtre Paul, dans la première lettre à Timothée (1, 1-2. 12-14), « loue le Seigneur car il l’a élu et rend grâce car il “l’a jugé assez fidèle pour m’appeler à son service, moi, naguère un blasphémateur, un persécuteur, un insulteur” ». Cela « a été miséricorde ». Paul « dit de lui-même ce qu’il était, un blasphémateur, mais celui qui blasphémait était condamné à la lapidation, à la mort ». Paul était donc un « persécuteur de Jésus Christ, un violent, un homme qui n’avait pas la paix dans son âme et ne faisait pas la paix avec les autres ». Et voilà qu’aujourd’hui « Paul nous enseigne à nous accuser nous-mêmes ». Ainsi, François a-t-il aussi suggéré un examen de conscience « quand nous viennent des pensées sur d’autres personnes », du type : « Mais regarde celui-ci, celui-là, celui-là fait ci, et ça... ». Dans ces moments précis, il est important de se demander : « Et toi, que fais-tu ? Que fais-tu ? Et moi, que fais-je ? Suis-je juste ? Ai-je le sentiment d’être un juge, pour retirer la paille de l’œil des autres et accuser les autres ? ». Pour ces situations, Jésus choisit le mot « hypocrite ». L’homme et la femme « qui n’apprennent pas à s’accuser eux-mêmes deviennent hypocrites ». Tous, hein ! Tous ! À commencer par le Pape : tous ! ». En effet, « si un de nous n’a pas la capacité de s’accuser lui-même et ensuite de dire, si cela est nécessaire, les choses qui concernent les autres, il n’est pas chrétien, il n’entre pas dans cette œuvre si belle de la réconciliation, de la pacification, de la tendresse, de la bonté, du pardon, de la magnanimité, de la miséricorde qui nous a amené Jésus Christ ». Pour cela, a affirmé le Souverain Pontife, « si tu ne peux faire ce premier pas, demande la grâce au Seigneur d’une conversion » : « Quand il me vient à l’esprit de penser aux défauts des autres, je m’arrête : “Ah, et moi ?”. Quand me vient l’envie de dire aux autres les défauts d’autres personnes, je m’arrête ». Avant de poursuivre la célébration, le Souverain Pontife a invité à demander dans la prière « au Seigneur la grâce — cela est aussi le courage de Paul — de suivre le conseil de Jésus : être généreux dans le pardon, être généreux dans la miséricorde ». Si bien que « pour reconnaître une personne comme étant sainte, il y a tout un processus, il y a besoin d’un miracle, et ensuite l’Eglise la proclame sainte. Mais si l’on trouvait une personne qui n’a jamais, jamais, jamais mal parlé d’une autre, l’on pourrait la canoniser tout de suite. C’est beau, n’est-ce pas ? ».
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