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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE
EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE

Mardi 9 juin 2015

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 26 du 25 juin 2015)

Le dernier mot

L’«identité chrétienne» trouve sa force dans le témoignage et ne connaît pas l’ambiguïté: c’est pourquoi le christianisme ne peut pas être «dilué», il ne peut pas cacher le fait qu’il est «scandaleux» et être transformé en une «belle idée» pour celui qui a toujours besoin de «nouveauté». Il faut également faire attention à la tentation de la mondanité, caractéristique de celui qui «élargit sa conscience» au point de tout y faire rentrer à l’intérieur. C’est ce qu’a affirmé le Pape en rappelant que «la dernière parole de Dieu s'appelle “Jésus” et rien d’autre». «La liturgie d’aujourd’hui nous parle de l’identité chrétienne», en posant immédiatement la question centrale: «Quelle est cette identité chrétienne?». «Pour arriver à cette identité chrétienne notre Père, Dieu, nous a fait parcourir un long chemin d’histoire, de siècles et de siècles, avec des figures allégoriques, avec des promesses, des alliances et ainsi de suite, jusqu’au moment de la plénitude des temps, quand il envoya son Fils né d’une femme». Il s'agit donc d’«un long chemin». Et «nous aussi devons parcourir un long chemin dans notre vie, pour que cette identité chrétienne soit forte et porte témoignage». Un chemin «que nous pouvons définir de l’ambiguïté à la véritable identité». «Il est vrai» «qu’il y a le péché et le péché nous fait tomber, mais nous avons la force du Seigneur pour nous relever et aller de l’avant avec notre identité». Mais «je dirais aussi que le péché est une partie de notre identité: nous sommes pécheurs, mais des pécheurs avec la foi en Jésus Christ». En effet, «ce n’est pas seulement une foi de connaissance» mais «c’est une foi qui est un don de Dieu et qui est entrée en nous par Dieu». «Nous sommes des personnes qui ne poursuivent pas une philosophie», car «nous avons un don, qui est notre identité: nous sommes oints, nous avons imprimé en nous le sceau et nous avons en nous la garantie, la garantie de l’Esprit». Et «le Ciel commence ici, c’est une belle identité qui se fait voir à travers le témoignage». Assurément, «l’identité chrétienne, parce que nous sommes pécheurs, est également soumise à la tentation, elle est tentée — des tentations se présentent toujours — et elle peut régresser, elle peut s’affaiblir et peut se perdre». Mais comment cela peut-il se produire? «Je pense que l’on peut y arriver principalement par deux voies». La première est «celle de passer du témoignage aux idées», c’est-à-dire de «diluer le témoignage». Comme pour dire: «Eh oui, je suis chrétien, le christianisme est cela, une belle idée, je prie Dieu». Mais «ainsi, du Christ concret, car l’identité chrétienne est concrète — nous le lisons dans les Béatitudes; ce caractère concret est également présent dans le chapitre 25 de Matthieu — nous passons à une religion un peu soft, dans le style et sur la voie des gnostiques». Derrière, en revanche, «il y a le scandale: cette identité chrétienne est scandaleuse». En conséquence «la tentation est de dire “non, non, sans scandale; mais la croix est un scandale; que Dieu se soit fait homme» est «un autre scandale» et on le laisse de côté; c’est-à-dire que nous cherchons Dieu «avec ces spiritualités chrétiennes un peu éthérées, légères». Au point qu’«il y a des gnostiques modernes et ils te proposent ceci et cela: non, le dernier mot de Dieu est Jésus Christ, il n’y en a pas d’autre!». «Sur cette voie» se trouvent aussi «ceux qui ont toujours besoin de nouveauté dans l’identité chrétienne: ils ont oublié qu’ils ont été choisis, oints, qu’ils ont la garantie de l’Esprit et ils cherchent: “Mais où sont les voyants qui nous parlent de la lettre que la Vierge nous enverra aujourd’hui à 4h00 de l’après-midi?”. «Une autre voie pour régresser dans l’identité chrétienne est la mondanité». C’est-à-dire «élargir sa conscience au point que tout y rentre». «Nous voyons des communautés chrétiennes, également des chrétiens, qui se disent chrétien, mais ne peuvent pas et ne savent pas témoigner de Jésus Christ». Et «ainsi, l’identité régresse et se perd» et il s’agit de «ce nominalisme mondain que nous voyons tous les jours». Avant de poursuivre la célébration eucharistique, François n’a pas manqué de souligner que celle-ci aussi est «un “scandale”». Il a même conclu: «Je me permets de dire “un double scandale”». Tout d’abord «parce que c’est le “scandale” de la croix: Jésus qui donne sa vie pour nous, le Fils de Dieu». Et ensuite «le “scandale” que nous chrétiens célébrons la mémoire de la mort du Seigneur et savons qu’ici se renouvelle cette mémoire». Ainsi, la célébration eucharistique est précisément «un témoignage de notre identité chrétienne».

 



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