PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE
EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE
Lundi 1er juin 2015
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 25 du 18 juin 2015)
Le salut vient du rejet
Dieu donne toujours vie à une « histoire d’amour » avec chacun de nous. Et malgré ce qui semble être des « échecs », petits et grands, à la fin ce « rêve d’amour » est vainqueur. C’est précisément notre chemin sur une « route difficile », avec un Dieu qui sauve à travers ce qui est rejeté, qui a été reproposé par François. Point de départ pour le Pape, la parabole des vignerons et du maître de la vigne, racontée par Marc dans le passage évangélique (12, 1-12). Et « c’est une belle parabole » qui « commence par un rêve, un projet d’amour ». L’homme, en effet, « aimait ce début de vigne » et ainsi « il la donne en fermage, il la confie » pour qu’elle donne des fruits. Ensuite, « au moment opportun, il envoie un serviteur chez les vignerons pour prendre sa part de la récolte et alors commence tout ce que nous avons entendu: à l’un d'eux ils donnent des coups de bâtons, ils frappent un autre et un autre encore est tué ». À la fin, « il envoie son fils » mais ces vignerons « le tuent: ainsi finit l’histoire ». En fin de compte « cette histoire qui semble une histoire d’amour, qui devrait aller de l’avant en effectuant des pas d’amour entre Dieu et son peuple », apparaît en revanche « une histoire d’échecs ». « Que fera donc le maître de la vigne ? ». Et il a répondu : « Il viendra et il mettra son peuple devant le jugement ». À cet égard Jésus dit « des mots qui semblent un peu hors propos : “Vous n’avez pas lu l’Écriture ? La pierre que les constructeurs ont écartée deviendra la pierre angulaire. C’est là l'œuvre du Seigneur, une merveille à nos yeux” ». Le Pape a donc éclairci que « cette histoire d’échec s’inverse et que ce qui a été rejeté devient une force ». Ainsi « les prophètes, les hommes de Dieu qui ont parlé au peuple, qui n’ont pas été écoutés, qui ont été rejetés, seront sa gloire ». Et « le Fils, le dernier envoyé, qui a justement été rejeté, jugé, non écouté et tué, est devenu la pierre angulaire ». Voilà alors que « cette histoire, qui commence par un rêve d’amour et semble être une histoire d’amour, mais qui semble ensuite finir en une histoire d’échecs, finit avec le grand amour de Dieu, qui de ce qui est rejeté tire le salut ; à partir de son Fils rejeté, il nous sauve tous ». Pour le Pape, c’est une belle expérience « de lire dans la Bible les nombreuses, nombreuses plaintes de Dieu ». Du reste, « quand Dieu parle à son peuple, il dit : “Mais pourquoi fais-tu cela ? Rappelle-toi de tout ce que j’ai fait pour toi: comment je t’ai choisi, comment je t’ai libéré. Mais pourquoi me fais-tu cela ?” ». Le Père « se plaint, pleure aussi ». Et « à la fin » il y a précisément « ces pleurs de Jésus sur Jérusalem : “Jérusalem, Jérusalem, qui tue les prophètes” ». C’est là « l’histoire d’un peuple qui ne réussit pas à se libérer de cette envie qu’a semée Satan chez nos ancêtres : vous deviendrez des dieux ». C’est « un peuple qui ne sait pas obéir à Dieu, car il veut devenir dieu » à son tour. Cette attitude en fait « un peuple fermé, un peuple dans lequel les ministres se raidissent ». C’est pourquoi, « la fin de ce passage, que nous avons lu, est triste », car apparaît « la rigidité de ces prêtres, de ces docteurs de la loi : ils cherchaient à capturer Jésus pour le tuer, mais ils eurent peur de la foule ». En effet, « ils avaient compris qu’il avait raconté cette parabole contre eux ». Et ainsi, « ils le laissèrent et s’en allèrent ». « La voie de notre rédemption est un chemin où ne manquent pas de nombreux échecs ». Au point que « même le dernier, celui de la croix, est un scandale : mais c’est précisément là que l’amour est vainqueur ». Et « cette histoire qui commence avec un rêve d’amour, et qui se poursuit avec une histoire d’échecs, finit par la victoire de l’amour : la croix de Jésus ». François a invité à « ne pas oublier cette route », même si « c’est une route difficile ». Mais « la nôtre aussi » est toujours une route difficile. Ainsi, « si chacun de nous fait un examen de conscience, il verra combien de fois il a chassé les prophètes ; combien de fois il a dit à Jésus : “Va-t’en !”; combien de fois il a voulu se sauver lui-même ; combien de fois il a pensé être juste ».
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