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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Vendredi 8 mai 2015

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 21 du 21 mai 2015)

Beaucoup de mouvement

Le jour de la fête de Notre-Dame de Luján, patronne de l’Argentine, le Pape François a offert à sa patrie la Messe célébrée à Sainte-Marthe. Et il a invité à savoir soutenir les mouvements provoqués par l’Esprit Saint dans toute l’Église : des mouvements qui en apparence semblent provoquer de la confusion et qui au contraire débouchent toujours sur l’unité. Déjà au début de l’homélie, il a rappelé que « Jésus avait promis aux apôtres l’Esprit Saint et avait dit que l’Esprit Saint leur aurait enseigné bien des choses et qu’il leur aurait rappelé les choses qu’il leur avait enseignées ». Ainsi, « dès la première fois que l’Esprit Saint est venu, le jour même de sa venue, les eaux commencèrent à se mettre en mouvement : un mouvement débuta dans l’Église ». François a reparcouru les premiers pas de l’évangélisation narrés dans les Actes. « Les apôtres commencent à prêcher à Jérusalem et, après la guérison de ce paralytique, qui demandait l’aumône » devant la porte du temple, appelée « belle », Pierre et Jean « sont jugés, ils sont battus : les persécutions commencent ». Et ainsi « éclate fortement, après la mort d’Étienne, un autre mouvement : les persécutions ». À ce moment-là, « un autre problème » apparaît. C’est-à-dire que les premiers disciples, comme Paul et Pierre lui-même, se sont mis en mouvement pour prêcher en allant « voir les juifs, mais ils ont trouvé aussi les païens ». Et « Pierre est le premier, car il est allé à la maison de Corneille ». À ce moment précis « commence un autre mouvement dans l’Église et Pierre, le chef, est critiqué : “Mais celui-là est un peu hérétique car il est entré dans la maison d’un païen, il est impur !” ». C’est pour cela que Pierre aussi « ressent ce manque de confiance de certains de la communauté ». Et « ce sont des mouvements à l’intérieur de l’Église ; des mouvements de groupes qui ont des points de vue différents ». Pour sa part, « Paul commence à prêcher la conversion également aux païens et ils entendent cette belle nouvelle et se convertissent ». Toutefois, le groupe chrétien qui était « fermé, ne comprenait pas », il répétait : « Non, les païens, non ! ». En allant jusqu’à lapider Paul et en le laissant « pour mort ». Puis, « ils cherchent aussi de l’aide auprès du pouvoir de la société : à Antioche, ils se sont rendus chez les femmes pieuses de la noblesse et chez les hommes aux hautes responsabilités pour tenter cette sédition contre les apôtres ». « Ainsi nous arrivons à ce moment, le chapitre 15 des Actes des apôtres (22-31), où précisément les eaux se meuvent à Antioche, parce qu’un groupe de chrétiens, très attachés à la loi juive, veulent imposer les conditions du judaïsme aux nouveaux chrétiens avant de les baptiser : par exemple la circoncision, et d’autres choses ». Mais « Paul dit non ». Voilà alors que « débute cette lutte interne entre eux, les eaux se meuvent ». On lit, en effet, qu’il y avait entre eux de vives discussions. « Ils discutaient avec force, car il y avait vraiment beaucoup de mouvement ». Et « comment résolvent-ils le problème ? Ils se réunissent et chacun donne son jugement, son opinion ; ils discutent, mais en tant que frères et non en tant qu’ennemis : ils ne créent pas d’alliances dehors pour gagner, ils n’ont pas recours aux pouvoirs civils pour s’imposer ; ils ne tuent pas pour triompher : ils cherchent le chemin de la prière et du dialogue ». Et ainsi, ceux « qui étaient vraiment arrêtés sur des positions opposées dialoguent et se mettent d’accord : c’est l’œuvre du Saint-Esprit ». Telle est « précisément la route de l’Esprit Saint, telle est l’œuvre de l’Esprit Saint ». Car c’est lui « qui fait bouger les eaux, qui crée un peu de désordre, qui donne l’impression d’une tempête, tourmente — pensez au jour de la Pentecôte — et puis il crée l’harmonie, l’unité : il a ces deux caractéristiques ». Et « une Église où il n’y jamais de problèmes de ce type me laisse penser que l’Esprit n’y est pas très présent ». Bien entendu, « dans une Église où l’on se dispute toujours et où il y a des ententes et que les frères se trahissent les uns les autres, l’Esprit n’est pas présent ». En effet, « l’Esprit est celui qui crée la nouveauté, qui fait bouger la situation pour avancer, qui crée de nouveaux espaces, qui crée la sagesse que Jésus a promise : “Il vous enseignera” ». L’Esprit, de ce fait, « meut mais en définitive, il crée aussi l’unité harmonieuse entre tous ». Voilà ce que « nous enseigne aujourd’hui cette lecture, que nous enseigne le premier Concile œcuménique », a résumé François, répétant une nouvelle fois la formule avec laquelle l’Esprit met tout le monde d’accord. Et en poursuivant la célébration, le Pape a demandé « au Seigneur Jésus, qui sera présent parmi nous, qu’il nous envoie toujours l’Esprit Saint, à chacun de nous ; qu’il l’envoie à l’Église et que l’Église sache être fidèle aux mouvements de l’Esprit Saint ».

 



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