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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Mardi 24 mars 2015

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 14 du 2 avril 2015)

Chrétiens ? Oui, mais...

Tant de personnes se disent chrétiennes mais n’acceptent pas «le style» avec lequel Dieu veut les sauver. Ce sont les chrétiens que l’on peut appeler «chrétiens oui, mais... », incapables de comprendre que le salut passe par la croix. Et Jésus sur la croix est précisément «le noyau du message de la liturgie d’aujourd’hui» (cf. Jn 8, 21-30). Le peuple de Dieu esclave en Egypte avait été libéré. Le «chemin de libération» commença ainsi dans la joie. Les israélites «étaient contents » parce qu’ils étaient «libérés de l’esclavage», contents parce qu’ils «portaient en eux la promesse d’une très bonne terre». Mais à un certain moment, au moment où «s’allongeait le chemin», le peuple ne supporta plus le voyage et «se fatigua». C’est pourquoi il commença à parler «contre Dieu et contre Moïse: pourquoi nous avoir fait sortir d’Egypte pour nous faire mourir dans ce désert?». Dans leur mécontentement, «ils se défoulaient, mais ne se rendaient pas compte que par ce comportement, ils empoisonnaient leur âme». Voici ensuite la venue des serpents, parce qu’«ainsi, comme le venin des serpents, à ce moment là, ce peuple avait l’âme empoisonnée». Jésus aussi parle de ce même comportement. En se référant à un passage des Evangiles de Matthieu (11, 17) et de Luc (7, 32), le Souverain Pontife a dit: «Jésus, lorsqu’il parle de ce comportement, dit: “Mais qui peut vous comprendre, vous? Vous êtes comme ces gamins assis sur une place: Nous vous avons joué de la flûte, et vous n'avez pas dansé! Nous avons entonné un chant funèbre, et vous n'avez pas pleuré! N’y a-t-il rien qui vous satisfasse?”». C’est-à-dire que le problème «n’était pas le salut, la libération», parce que «tous le voulaient»; le problème était « le style de Dieu: la musique de Dieu pour danser ne plaisait pas; les chants funèbres de Dieu pour pleurer ne plaisaient pas». Alors, «que voulaient-ils» ? Ils voulaient agir «selon leur pensée, choisir leur propre voie de salut». Mais cette route «ne mène nulle part». C’est un comportement que nous rencontrons encore aujourd’hui. Même «parmi les chrétiens», combien sont «un peu empoisonnés» par ce mécontentement? Nous entendons dire: «Oui, vraiment, Dieu est bon, mais chrétiens oui, mais... ». Ce sont ceux, «qui n’ouvrent par en grand leur cœur au salut de Dieu» et «demandent toujours des conditions»; ceux qui disent «oui, oui, oui, je veux être sauvé, mais par cette route-là». C’est ainsi que «le cœur est empoisonné». Le fait de «ne pas accepter le don de Dieu avec son style, là est le péché; là est le venin; cela nous empoisonne l’âme, ôte la joie, ne laisse pas avancer». Et «comment le Seigneur résout-il cela? Par le même venin, par le même péché»: c’est-à-dire «il prend sur lui le venin, le péché et est relevé». Ainsi guérit-il «cette tiédeur de l’âme, cette façon d’être chrétiens à moitié», ce fait d’être «chrétiens oui, mais...». La guérison ne vient qu’en «regardant la croix», en regardant Dieu qui assume nos péchés. Voici dès lors son invitation adressée aux fidèles: «Regardons le serpent, le venin dans le corps du Christ, le venin de tous les péchés du monde et demandons la grâce d’accepter les moments difficiles; d’accepter le style divin du salut; d’accepter également cette nourriture si légère dont se plaignaient les Juifs»: la grâce, en d’autres termes, «d’accepter les voies par lesquelles le Seigneur me fait avancer». François a conclu en souhaitant que la semaine sainte «nous aide à sortir de cette tentation de devenir “chrétiens oui, mais...”».



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