PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Mardi 10 février 2015
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 8 du 19 février 2015)
Deux cartes d’identité
Pour connaître notre véritable identité, nous ne pouvons être des «chrétiens assis» mais nous devons avoir le «courage de nous mettre toujours en chemin pour rechercher le visage du Seigneur», parce que nous sommes «image de Dieu». En commentant la première lecture liturgique — le récit de la création dans le livre de la Genèse (1, 20 – 2,4) — le Pape François a réfléchi à une question essentielle pour toute personne: «Qui suis-je?». Notre «carte d’identité» se retrouve dans le fait que les hommes ont été créés «à l’image, selon la ressemblance de Dieu». Mais alors, «la question que nous devons nous poser est: comment puis-je connaître l’image de Dieu? Comment puis-je savoir comment il est lui pour savoir qui je suis moi? Où puis-je trouver l’image de Dieu?». Il n’y a qu’une façon de «trouver l’image de Dieu, qui est mon identité», et c’est celle de me mettre en chemin: «Si nous ne nous mettons pas en chemin, nous ne pourrons jamais connaître le visage de Dieu». Le Pape s’est inspiré de l’Ancien Testament pour rappeler que «c’est ce qu’a fait le peuple de Dieu, c’est ce qu’ont fait les prophètes». Par exemple, «le grand Elie: après avoir vaincu et purifié la foi d’Israël, sent la menace de cette reine, a peur et ne sait que faire. Il se met en chemin. Au bout d’un moment, il préfère mourir». Mais «Dieu l’appelle, lui donne à manger, à boire et dit: continue à marcher». C’est ainsi qu’Elie «arrive au mont et là trouve Dieu». C’est une leçon pour nous tous: «les chrétiens assis, les chrétiens tranquilles ne connaîtront pas le visage de Dieu». Ils ont la prétention de dire: «Dieu est comme ceci, comme cela...», mais en réalité «ils ne le connaissent pas». Pour marcher, en revanche, «il est nécessaire d’avoir l’inquiétude que Dieu a mise dans notre cœur et qui nous pousse à le chercher». La même chose est arrivée «à Job qui, par son épreuve, a commencé à penser: mais comment Dieu est-il, qui permet que cela m’arrive?» Bien sûr, «Job s’est mis en chemin avec une malédiction», et il a même «eu le courage de maudire la vie et son histoire: “Maudit soit le jour où je suis né...”». En effet, «parfois, sur le chemin de la vie, nous ne trouvons pas de sens aux choses». Cela vaut pour chacun d’entre nous: «pour connaître notre identité, connaître l’image de Dieu, il faut se mettre en chemin», être «inquiets, et non pas tranquilles». C’est précisément cela «rechercher le visage de Dieu». Le Pape François s’est ensuite également référé à l’extrait de l’Evangile de Marc (7, 1-13) dans lequel «Jésus rencontre des gens qui ont peur de se mettre en chemin» et qui construisent une sorte de «caricature de Dieu». Mais c’est «une fausse carte d’identité» car «ces non-inquiets ont fait taire l’inquiétude du cœur: ils dépeignent Dieu par les commandements» mais en faisant de la sorte, «on oublie Dieu» pour n’observer que la «tradition des hommes». Et «lorsqu’ils ont un sentiment d’insécurité, ils inventent ou font un autre commandement». Jésus dit aux scribes et aux pharisiens qui accumulent les commandements: «Ainsi vous annulez la Parole de Dieu avec la tradition que vous avez transmise vous-mêmes, et des choses de ce genre, vous en faites beaucoup». C’est précisément cela «la fausse carte d’identité, celle que nous pouvons avoir sans nous mettre en chemin, tranquilles, sans l’inquiétude du cœur». En conclusion, le Pape a reproposé le sens des deux textes liturgiques comme étant «deux cartes d’identité». La première est «celle que nous avons tous, parce que le Seigneur nous a ainsi faits», et c’est «celle qui nous dit: mets-toi en chemin et tu auras la connaissance de ton identité, parce que tu es l’image de Dieu, tu es fait à la ressemblance de Dieu. Mets-toi en chemin et cherche Dieu. L’autre au contraire nous rassure: «Non, sois tranquille: accomplis tous ces commandements et c’est cela Dieu. C’est cela le visage de Dieu». D’où le souhait que le Seigneur «nous donne à tous la grâce du courage de nous mettre toujours en chemin, pour rechercher le visage du Seigneur, ce visage que nous verrons un jour mais qu’ici, sur terre, nous devons chercher».
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