PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Vendredi 19 décembre 2014
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 2 du 8 janvier 2015)
L’heure de la re-création
Pour être vraiment « mère » l’Église doit « se laisser surprendre par les nouveautés de Dieu », qui à travers l’Esprit Saint peut « rendre nouvelles toutes les choses ». Autrement elle risque de devenir stérile, frappée par le « pélagianisme », par l’« égoïsme », par le « pouvoir », par l’envie de « s’emparer des consciences » jusqu’à devenir une « entreprise ». C’est contre cette tentation que le Pape a mis en garde lors de la Messe célébrée vendredi 19 décembre, dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe.
La réflexion de François s’est inspirée des lectures proposées par la liturgie : les naissances de Samson et de Jean-Baptiste annoncées par des anges, comme le racontent le livre des Juges (13, 2-7.24-25a) et l’Évangile de Luc (1, 5-22). « Le mot sur lequel l’Église nous fait réfléchir avant Noël, le mot le plus important d’aujourd’hui est “stérilité” » a immédiatement précisée le Pape.
Pourtant, a-t-il fait remarquer, « il y a beaucoup de figures de femmes stériles dans la Bible, et toujours pour des raisons importantes ». À commencer par « Sara, notre mère : stérile » mais « le Seigneur accomplit le miracle ». Et aussi « la mère de Samuel ». Et encore « la fille de Jephté ».
Donc, a expliqué François, « la stérilité était une vilaine chose, vilaine ». Et aujourd’hui, l’Église « nous montre ce symbole de stérilité, précisément avant la naissance de Jésus, au moyen d’une femme incapable d’avoir un enfant ». Cela « est le signe de l’humanité incapable de faire un pas en avant : tant de femmes stériles étaient vieilles, leur ventre n’était plus fécond ». Et « l’Église veut nous faire réfléchir sur l’humanité stérile », sur l’humanité qui « était arrivée à un point où elle ne pouvait plus aller de l’avant ».
« À partir de la stérilité — a-t-il affirmé — le Seigneur est capable de recommencer une nouvelle descendance, une nouvelle vie : cela est le message d’aujourd’hui ». C’est pourquoi « quand l’humanité est épuisée, ne peut plus aller de l’avant, vient la grâce, vient le Fils et vient le salut ». Et ainsi, « cette création épuisée laisse place à la nouvelle création, nous pourrions dire une “re-création” ». Et « cette “re-création” n’est possible qu’avec l’Esprit de Dieu ». Quel est alors le Message ? « Ouvrons-nous à l’Esprit de Dieu. Tout seuls, nous n’y arrivons pas c’est lui qui peut faire les choses ».
Le discours sur la stérilité, a dit le Pape, « me fait penser également à notre mère l’Église, aux nombreuses stérilités qui frappent notre mère l’Église quand, en raison du poids de l’espérance dans les commandements, ce pélagianisme que nous portons tous dans nos os, devient stérile : il se croit capable d’accoucher » mais « il ne peut pas ». En revanche, « l’Église est mère et ne devient mère que quand elle s’ouvre à la nouveauté de Dieu, à la force de l’Esprit ».
Ainsi, François a invité à « prier aujourd’hui pour notre mère l’Église, pour les nombreuses stérilités dans le peuple de Dieu: stérilité de l’égoïsme, du pouvoir ». Car « l’Église est stérile quand elle croit tout pouvoir, s’emparer des consciences des personnes, prendre la route des pharisiens, des saduccéens, la route de l’hypocrisie ». C’est pourquoi « il faut prier ». Et faire en sorte que « ce Noël » fasse également devenir « notre Église ouverte au don de Dieu ».
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