PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Vendredi 31 octobre 2014
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 46 du 13 novembre 2014)
La loi et la chair
Il y a « deux routes ». Et c’est Jésus lui-même, avec ses « gestes de proximité », qui nous donne l’indication juste sur laquelle prendre. D’une part, en effet, il y a la route des « hypocrites », qui ferment les portes à cause de leur attachement à la « lettre de la loi ». De l’autre, en revanche, il y « la route de la charité », qui passe « de l’amour à la vraie justice qui est dans la loi ». Pour présenter ces deux manières de vivre, le Pape a reproposé, pour le commenter, le passage évangélique de Luc (14, 1-6). Nous devons nous demander « quel est le chemin pour être fidèles à la loi, sans négliger l’amour ». La réponse « est précisément le chemin qui vient de l’opposé », a suggéré François, en répétant les paroles de Paul dans la lettre aux Philippiens (1, 1-11) : « Et dans ma prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la connaissance vraie et la parfaite clairvoyance, qui vous feront discerner ce qui est plus important et être intègres et irrépréhensibles ». C’est précisément « le chemin inverse : de l’amour à l’intégrité; de l’amour au discernement; de l’amour à la loi ». Paul affirme en effet qu’il prie « pour que votre charité, votre amour, vos œuvres de charité vous conduisent à la connaissance et au plein discernement ». C’est précisément « la route que nous enseigne Jésus, totalement opposée à celle des docteurs de la loi ». Et « cette route, de l’amour vers la justice, conduit à Dieu ». Seule « la route qui va de l’amour à la connaissance et au discernement, au plein accomplissement, conduit à la sainteté, au salut, à la rencontre avec Jésus ». En revanche « l’autre route, celle qui consiste à n’être attachés qu’à la loi, à la lettre de la loi, conduit à la fermeture, conduit à l’égoïsme ». Et elle conduit « à l’orgueil de se sentir justes, à cette “sainteté” — entre guillemets — des apparences ». Au point que « Jésus dit à ces personnes : vous aimez que les personnes vous voient comme des hommes de prière, de jeûne ». Il s’agit seulement de « se faire voir ». Et « c’est pour cela que Jésus dit aux personnes: faites ce qu’elles disent, mais pas ce qu’elles font », car « cela ne doit pas se faire ». Voilà donc « les deux routes » que nous avons face à nous. Et avec des « petits gestes » Jésus nous fait comprendre quelle est la route qui va « de l’amour à la pleine connaissance et au discernement ». François a fait remarquer combien est « beau » le « geste de Jésus quand il prend par la main » la personne malade. Il le fait aussi « avec ce jeune homme mort, fils de la veuve, à Naïm » ; de même qu’« il le fait avec la petite fille, la fille de Jaïre » ; et il le fait également « avec le petit garçon, celui qui avait de nombreux démons, quand il le prend et le rend à son papa ». Il y a toujours « Jésus qui prend par la main, car il s’approche ». Et « la chair de Jésus, cette proximité, est le pont qui nous rapproche de Dieu ». Cela « n’est pas la lettre de la loi ». Seulement « dans la chair du Christ », en effet, la loi « trouve son plein accomplissement ». Car « la chair du Christ sait souffrir, elle a donné sa vie pour nous ». Alors que « la lettre est froide ». Voilà alors les « deux routes ». La première est celle qui dit : « Je suis attaché à la lettre de la loi ; on ne peut pas guérir le samedi ; je ne peux pas aider ; je dois rentrer à la maison et je ne peux pas aider ce malade ». La deuxième est celle de celui qui s’engage à faire en sorte, comme l’écrit Paul, « que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la connaissance vraie et la parfaite clairvoyance » : c’est « la route de la charité, de l’amour vers la vraie justice qui est dans la loi ».
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