PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Mardi 17 juin 2014
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 27 du 3 juillet 2014)
Des pécheurs avec des gants blancs
L’issue de secours pour sortir de la corruption est demander pardon, se repentir. C’est ce qu’a souligné le Pape François en affrontant à nouveau le thème de la corruption. «Lorsque nous lisons sur les journaux que celui-ci est corrompu, que cet autre est corrompu, qu’il s’est rendu coupable de corruption et qu’il y a des pots-de-vin ici et là, et aussi beaucoup de choses sur certains prélats», «notre devoir de chrétiens est de demander pardon pour eux», demander au Seigneur qu’il «leur donne la grâce de se repentir, qu’ils ne meurent pas le cœur corrompu». Donc «condamner les corrompus, oui: demander la grâce de ne pas devenir corrompus, oui»; mais «aussi prier pour leur conversion!». Le passage biblique proposé par la liturgie qui a inspiré la réflexion du Pape est celui du martyre de Nabot, tiré du premier livre des Rois (21, 17-29). Dans celui-ci, François a identifié trois aspects «qu’il sera opportun de méditer»: la définition de la corruption, le destin des corrompus et la possibilité de ces derniers de se sauver. En ce qui concerne le premier, c’est le prophète Elie lui-même, protagoniste du récit, qui dit «clairement ce que fait le corrompu», en s’adressant au roi Achab, responsable de la lapidation de Nabot qui se refusait de lui vendre une vigne: «Tu as assassiné et de plus tu usurpes... Tu t’es vendu!». En effet, le corrompu «est précisément une marchandise! Il achète et il vend: “Cet homme, oui, il coûte tant: tu peux l’acheter et tu peux le vendre!”. Telle est la définition: c’est une marchandise!». Quand au deuxième aspect, du destin des corrompus, il a souligné que c’est le Seigneur lui-même qui dit dans la lecture d’aujourd’hui «clairement ce qu’il fera: “voici que je vais faire venir sur toi le malheur: je balaierai ta race, j’exterminerai les mâles de la famille d’Achab, liés ou libres en Israël... car tu as provoqué ma colère et fait pécher Israël”». En effet, «le corrompu irrite Dieu et fait pécher le peuple». Comme Achab, donc, «le corrompu se vend pour faire le mal, mais lui ne le sait pas: lui croit qu’il se vend pour avoir plus d’argent, plus de pouvoir. Mais il se vend pour faire le mal, pour tuer». Etant des traîtres, des gens qui volent et qui tuent, les corrompus risquent de subir la «malédiction de Dieu, parce qu’ils ont exploité des innocents, qui ne peuvent pas se défendre; et ils le font avec des gants blancs, de loin sans se salir les mains». Dans tous les cas, il existe «une issue de secours pour les corrompus». C’est la lecture même qui la propose: «Quand Achab entendit ces paroles, il déchira ses vêtements, mit un sac à même sa chair, jeûna, coucha avec le sac et marcha à pas lents. Il commença à faire pénitence». «Demander pardon» est «l’issue de secours pour les corrompus, pour les corrompus politiques, pour les corrompus affairistes, pour les corrompus ecclésiastiques». En effet, «le Seigneur aime cela»: il pardonne, mais il le fait «quand les corrompus font ce qu’a fait Zacchée». D’où l’invitation finale à prier pour tous les corrompus, en demandant pardon pour eux afin qu’ils obtiennent «la grâce de se repentir».
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