PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Lundi 16 juin 2014
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 26 du 26 juin 2014)
Quand les pauvres payent
Ce sont toujours les pauvres qui payent le prix de la corruption. De toutes les corruptions: celle des hommes politiques et des entrepreneurs, mais aussi celle des ecclésiastiques qui négligent leur «devoir pastoral» pour cultiver le «pouvoir». Le Pape François à dénoncé à nouveau avec des paroles fortes «le péché de la corruption», dans laquelle «tombent tant de personnes qui ont du pouvoir, du pouvoir matériel, du pouvoir politique ou du pouvoir spirituel». Et au cours de la Messe, il a prié en particulier pour «ceux — nombreux, très nombreux — qui payent la corruption, qui payent la vie des corrompus, ces martyrs de la corruption politique, de la corruption économique et de la corruption ecclésiastique». En s’inspirant du passage du premier livre des Rois (21, 1-16) proclamé durant le liturgie, le Pape a raconté l’histoire de Nabot et Izreèl. Il s’agit d’une histoire, a averti François, qui «se répète sans cesse chez tant de personnes qui ont du pouvoir, du pouvoir matériel, du pouvoir politique ou du pouvoir spirituel. Mais cela est un péché: c’est le péché de la corruption». Et comment corrompt-on une personne? «Elle se corrompt sur la voie de sa sécurité. Tout d’abord le bien-être, l’argent et ensuite le pouvoir, la vanité, l’orgueil et à partir de là tout: même tuer». «Dans les journaux — a observé le Pape — nous lisons si souvent: tel homme politique qui s’est enrichi magiquement a été conduit au tribunal. Tel chef d’entreprise a été au tribunal, a été conduit au tribunal après s’être enrichi magiquement, c’est-à-dire en exploitant ses ouvriers; on parle trop d’un prélat qui s’est trop enrichi et qui a abandonné son devoir pastoral pour suivre son pouvoir». Donc, il y a «les corrompus politiques, les corrompus des affaires et les corrompus ecclésiastiques». Il y en a «partout». Car la corruption, a expliqué le Pape, «est précisément le péché à portée de main, qu’a cette personne qui a autorité sur les autres, aussi bien économique, que politique ou ecclésiastique. Nous sommes tous tentés par la corruption. C’est un péché à portée de main». Du reste, a-t-il ajouté, «quand une autorité se sent puissante, elle se sent presque Dieu». Donc, la corruption «est une tentation de chaque jour», dans laquelle peut tomber un «homme politique, un entrepreneur, un prélat». Mais — s’est demandé François — «qui paye la corruption? Certainement pas celui qui «porte l’enveloppe»: en effet, il ne représente que «l’intermédiaire». En réalité, a constaté le Pape, «c’est le pauvre qui paye la corruption!». «Si nous parlons des corrompus politiques ou des corrompus économiques, qui paye cela?» s’est encore demandé le Pape. «Ceux qui payent — a-t-il dit — sont les hôpitaux sans médicaments, les malades qui ne sont pas soignés, les enfants qui ne reçoivent pas d’éducation. Ils sont les Nabot modernes, qui payent la corruption des grands». Et, a-t-il continué, «qui paye la corruption d’un prélat? Ce sont les enfants, qui ne savent pas se faire le signe de la croix, qui ne savent pas le catéchisme, qui ne sont pas soignés qui la payent; ce sont les malades qui ne sont pas suivis qui la payent; ce sont les détenus qui ne reçoivent pas d’attentions spirituelles qui la payent». En définitive, ce sont toujours les pauvres qui payent la corruption: les «pauvres matériels» et les «pauvres spirituels».
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