PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 16 du 17 avril 2014)
Pour ne pas être des touristes existentielsNi des «chrétiens errants comme des touristes existentiels» ni des «chrétiens immobiles», mais des témoins d’une «foi qui marche» en suivant les promesses de Dieu. C’est l’identité chrétienne qu’a esquissée le Pape lundi 31 mars, au cours de la Messe célébrée dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe. François a parlé de la valeur qu’a, dans la vie d’un chrétien, la confiance en Jésus «qui ne déçoit jamais». Pour aider à mieux comprendre la valeur de la confiance dans les promesses du Père, le Pape a fait référence à l’épisode raconté par l’Evangile de Jean (4, 43-54) dans lequel on parle de ce fonctionnaire du roi qui, apprenant l’arrivée de Jésus à Cana, va à sa rencontre pour lui demander de sauver son fils malade et en fin de vie à Capharnaüm. Il a été suffisant, a rappelé le Pape, que Jésus dise: «Va, ton fils est vivant» pour que cet homme croie en sa parole et se mette en chemin: «C’est cela notre vie: croire et se mette en chemin». La vie chrétienne est cela: «marcher vers les promesses». C’est pourquoi «la vie chrétienne est espérance». Toutefois, on peut aussi ne pas marcher dans la vie. «Et de fait — a noté l’Evêque de Rome — beaucoup, même des chrétiens et des catholiques de communautés, ne marchent pas. Il y a la tentation de s’arrêter», de penser être un bon chrétien uniquement parce que, a-t-il précisé, l’on est inscrit dans les mouvements ecclésiaux. «Nous en avons beaucoup, de chrétiens immobiles. Ils ont une espérance faible. Oui, ils croient que le ciel existe, mais ils ne le cherchent pas. Ils suivent les commandements, ils accomplissent les préceptes, tout, tout; mais ils sont immobiles. Et le Seigneur ne peut pas tirer de levain d’eux pour faire croître son peuple. Et c’est cela le problème: ceux qui sont immobiles». «Puis — a-t-il ajouté — il y en a d’autres, ceux qui se trompent de route. Nous tous parfois nous nous sommes trompés de route». Mais le problème, a-t-il précisé, «n’est pas de se tromper de route. Le problème c’est de ne pas revenir en arrière lorsqu’on s’aperçoit que l’on s’est trompé. C’est notre condition de pécheurs qui nous fait nous tromper de route. On peut revenir en arrière: le Seigneur nous donne cette grâce, de pouvoir revenir». Et puis «il y a un autre groupe qui est plus dangereux — a-t-il dit — parce qu’il s’induit lui-même en erreur». Ce sont «ceux qui marchent mais n’avancent pas sur la route. Ce sont les chrétiens errants: ils tournent, ils tournent comme si la vie était un tourisme existentiel, sans but, sans prendre les promesses au sérieux. Ceux qui tournent et s’induisent en erreur parce qu’ils disent: “Moi je marche...”. Non; tu ne marches pas, tu tournes! En revanche, le Seigneur nous demande de ne pas nous arrêter, de ne pas nous tromper de route, et de ne pas tourner dans la vie. Il nous demande de regarder vers les promesses, d’aller de l’avant avec les promesses», comme l’homme de l’Evangile de Jean, qui «crut aux promesses de Jésus et se mit en chemin». Et la foi se met en chemin. Le Carême, a-t-il dit en conclusion, est un temps propice pour nous demander si nous sommes en chemin ou si nous sommes «trop immobiles» et alors nous devons nous convertir; ou bien «si nous nous sommes trompés de route» et alors nous devons aller nous confesser «pour reprendre la route»; ou enfin si nous sommes des «touristes théologaux», comme ceux qui tournent dans la vie «mais qui ne font jamais un pas en avant».
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