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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Vendredi 24 janvier 2014

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 6 du 6 février 2014)

Comment nouer le dialogue

Le dialogue se noue à travers l’humilité, même au prix d’« avaler des couleuvres », parce qu’il ne faut pas laisser grandir dans notre cœur « des murs » de ressentiment et de haine. Ce sont les mots du Pape François lors de la Messe célébrée en la mémoire liturgique de saint François de Sales. Le point de départ de l’homélie a été le passage du premier livre de Samuel (24, 3-21), qui raconte la confrontation entre Saul et David. « Hier — a rappelé le Pape — nous avons entendu la parole de Dieu » qui nous faisait voir ce que fait la jalousie, ce que fait l’envie dans les familles, dans les communautés chrétiennes ». Ce sont des attitudes négatives qui « conduisent toujours à de nombreuses disputes, aux divisions. Voire à la haine ». Et « cette histoire nous l’avons vue dans le cœur de Saul contre David : il éprouvait cette jalousie » au point « qu’il voulait le tuer ». Mais « aujourd’hui — a-t-il poursuivi — la parole de Dieu nous fait voir une autre attitude : celle de David ». Qui « savait très bien » qu’il était « en danger ; il savait que le roi voulait le tuer. Et il s’est trouvé dans la situation de pouvoir tuer le roi : et cela aurait été la fin de l’histoire ». Pourtant « il a choisi une autre voie » ; il a préféré « la voie du rapprochement, pour éclaircir la situation, s’expliquer. La voie du dialogue pour faire la paix ». En revanche le roi Saul « ruminait dans son cœur cette amertume », il insultait « David parce qu’il croyait qu’il était son ennemi. Et celle-ci grandissait dans son cœur ». Malheureusement, a affirmé le Pape, « ces pensées grandissent toujours lorsque nous les écoutons, à l’intérieur de nous. Et elles forment un mur qui nous éloigne de l’autre personne ». Ainsi finissons-nous par rester « isolés dans ce bouillon amer de notre ressentiment ». « Humilité, douceur et se faire tout pour tous » sont les trois éléments de base du dialogue. Mais — a précisé le Saint-Père — même si « ce n’est pas écrit dans la Bible, nous savons tous que pour faire ces choses-là, il faut avaler beaucoup de couleuvres : nous devons le faire parce que c’est ainsi qu’on fait la paix ! ». On fait la paix « avec l’humilité, l’humiliation ». Il faut la disponibilité à reconnaître face à l’autre : « Écoute, excuse-moi, moi j’ai cru cela... ». La juste attitude est « s’humilier : il est toujours bon de faire le pont, toujours, toujours ! ». Tel est le style de qui veut « être chrétien » ; même si, a admis le Pape, « Ce n’est pas facile, pas facile ! ». Le Pape a ensuite suggéré un autre conseil pratique : pour ouvrir le dialogue « il est nécessaire que ne passe pas trop de temps ». Les problèmes, en effet, doivent être affrontés « le plus tôt possible, au moment où on peut le faire dès qu’est passée la tourmente ». Il faut immédiatement « s’approcher du dialogue, parce que le temps fait grandir le mur », précisément « comme il fait grandir la mauvaise herbe qui empêche au blé de pousser ». Et, a-t-il mis en garde, « quand les murs grandissent, la réconciliation est très difficile ». L’Évêque de Rome a fait référence au mur de Berlin qui pendant des années a été un élément de division. Et il a noté que « dans notre cœur aussi » il y a la possibilité de devenir comme Berlin, avec un mur élevé vers les autres. D’où l’invitation à « ne pas laisser passer trop de temps » et « à chercher la paix le plus tôt possible ».



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