PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Jeudi 16 janvier 2014
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 5 du 30 janvier 2014)
Pour un examen de conscience
« Avons-nous honte des scandales dans l’Église ? ». C’est un profond examen de conscience qu’a proposé le Pape François dans son homélie du 16 janvier. Un examen de conscience qui va à la racine des raisons des « nombreux scandales » qu’il a déclaré ne pas vouloir « citer un par un » parce que « nous savons tous où ils se trouvent ». Et précisément à cause des scandales, on ne donne pas au peuple de Dieu « le pain de la vie » mais « un repas empoisonné ». Les scandales ont eu lieu parce que « la parole de Dieu était rare chez ces hommes, chez ces femmes » qui les ont suscités, profitant de leur « position de pouvoir et de confort dans l’Église » sans toutefois avoir à faire avec « la parole de Dieu ». Car, a-t-il précisé, il ne sert à rien de dire « je porte une médaille » ou « je porte la croix » si l’on n’a pas « un rapport vivant avec Dieu et avec la parole de Dieu ! ». En outre, certains de ces scandales ont également, à juste titre, « coûté beaucoup d’argent ». La réflexion du Pape a été inspirée par la prière du psaume responsorial (n. 43). Une prière qui se réfère à ce qui est raconté dans la première lecture et donc à l’échec d’Israël. Il en est question dans le premier livre de Samuel (4-1, 11). « Ce passage de l’Écriture — a souligné le Pape — nous fait penser » à « la façon dont est notre rapport avec Dieu, avec la parole de Dieu. Est-ce un rapport formel, un rapport éloigné ? La parole de Dieu entre-t-elle dans notre cœur, change-t-elle notre cœur, a-t-elle ce pouvoir ou pas ? ». Ou bien « est-ce un rapport formel, très bien, mais le cœur est fermé à cette parole ? ». Une série de questions qui « nous conduit à penser à de nombreux échecs de l’Église. À de nombreux échecs du peuple de Dieu ». Des échecs dus « simplement » au fait que le peuple « n’entend pas le Seigneur, ne cherche pas le Seigneur, ne se laisse pas chercher par le Seigneur ». Puis, lorsque la tragédie a lieu, on s’adresse au Seigneur pour demander « mais, Seigneur, qu’est-il arrivé ? ». On lit dans le psaume 43 : « Tu fais de nous l’insulte de nos voisins, fable et risée de notre entourage ; tu fais de nous le proverbe des nations, hochement de tête parmi les peuples ». Et c’est ce qui conduit, a observé le Pape François, à « penser aux scandales de l’Église : mais en avons-nous honte ? ». Et il a ajouté : « De nombreux scandales que je ne veux pas énumérer un par un, mais nous les connaissons tous. Nous savons où ils se trouvent ! ». Certains « scandales ont coûté beaucoup d’argent... ». Et c’est à ce moment qu’il a parlé, sans mâcher ses mots, de « honte de l’Église » pour les scandales qui sont comme autant « d’échecs de prêtres, d’évêques, de laïcs ». La question, a poursuivi le Pape, est que « la parole de Dieu dans ces scandales était rare. Chez ces hommes, chez ces femmes, la parole de Dieu était rare. Ils n’avaient pas de lien avec Dieu. Ils avaient une position dans l’Église, une position de pouvoir, de confort même ». Mais « pas la parole de Dieu », celle-là non. Et « il ne sert à rien de dire “mais moi je porte une médaille, je porte la croix” : comme ceux qui portaient l’arche, sans avoir un rapport vivant avec Dieu et avec la parole de Dieu ! ». Et rappelant les paroles de Jésus à propos des scandales, il a répété qu’ils ont donné lieu à « toute une décadence du peuple de Dieu, allant jusqu’à la faiblesse, la corruption des prêtres ». Le Pape François a conclu l’homélie par deux pensées : la parole de Dieu et le peuple de Dieu. À propos de la première, il a proposé un examen de conscience : « La parole de Dieu est-elle vivante dans notre cœur ? Change-t-elle notre vie ou est-elle comme l’arche qui va et vient » ou « le très bel évangéliaire » mais qui « n’entre pas dans notre cœur ? ». Quant au peuple de Dieu, il s’est arrêté sur le mal que lui font les scandales : « Pauvres gens — a-t-il dit — pauvres gens ! Nous ne leur donnons pas à manger le pain de la vie ! Nous ne donnons pas à manger la vérité ! Nous donnons à manger un repas empoisonné, si souvent ! ».
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