PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Vendredi 8 novembre 2013
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 46 du 14 novembre 2013)
Le pain sale de la corruption
Les administrateurs corrompus « dévots du dieu pot de vin » commettent « un grave péché contre la dignité » et donnent à manger « du pain sale » à leurs propres enfants : à cette « malice mondaine » on doit répondre par la « malice chrétienne » qui est « un don du Saint-Esprit ». C’est ce qu’a dit le Pape François dans l’homélie de la messe du 8 novembre, en proposant une réflexion sur la figure de l’administrateur malhonnête décrite dans le passage liturgique de l’Évangile de Luc (16, 1-8). « Le Seigneur — a dit le Pape — nous parle encore une fois de l’esprit du monde, de la mondanité : comment agit cette mondanité et à quel point elle est dangereuse. Et Jésus, précisément lui, dans la prière après la cène du Jeudi Saint, priait le Père afin que ses disciples ne tombent pas dans la mondanité », dans l’esprit du monde. La mondanité, a réaffirmé le Pape, « est l’ennemi ». Et c’est précisément « l’atmosphère, le style de vie » typique de la mondanité — c’est-à-dire « vivre selon les “valeurs” du monde » — qui « plaît tant au démon ». Du reste « quand nous pensons à notre ennemi, nous pensons d’abord au démon, car c’est précisément ce qui nous fait mal ».
En effet, a-t-il poursuivi, « Dieu nous a commandé : porter du pain à la maison avec notre travail honnête ». En revanche, « cet administrateur donnait à manger du pain sale à ses enfants. Et ses enfants, peut-être élevés dans des collèges coûteux, qui avaient peut-être grandi dans des milieux cultivés, avaient reçu de leur père la saleté en repas. Car leur père, en apportant du pain sale à la maison, avait perdu sa dignité. Et cela est un péché grave ». Peut-être, a spécifié le Pape, « commence-t-on avec une petite enveloppe, mais c’est comme la drogue ». Même si la première enveloppe est « petite, ensuite il en vient une autre et une autre encore : et on finit avec la maladie de l’accoutumance aux pots de vin ». Mais il existe une autre route, celle de la « malice chrétienne » — « entre guillemets », a dit le Pape — qui permet de « faire des choses un peu malines, mais pas avec l’esprit du monde. Jésus lui-même nous l’a dit : astucieux comme des serpents, purs comme des colombes ». Mettre « ensemble ces deux » réalités est « une grâce » et « un don du Saint-Esprit ». C’est pourquoi nous devons demander au Seigneur d’être capables de travailler, sans participer à ces choses-là ». D’où l’invitation à « prier pour que le Seigneur change le cœur de ces dévots au dieu pot de vin », pour qu’ils comprennent « que la dignité vient du travail digne, du travail honnête, du travail de chaque jour, et non de ces voies plus faciles, qui à la fin enlèvent tout ».
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