PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Lundi 20 mai 2013
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 21 du 23 mai 2013)
Surmonter notre incrédulité
Les miracles existent encore aujourd’hui. Mais pour permettre au Seigneur de les accomplir, il faut une prière courageuse, capable de surmonter cette « sorte d’incrédulité » qui loge dans le cœur de chaque homme, même l’homme de foi. Une prière surtout pour ceux qui souffrent à cause des guerres, des persécutions et de tout autre drame qui secoue la société d’aujourd’hui. Mais la prière doit « agir concrètement », c’est-à-dire toucher notre personne et engager toute notre vie, pour surmonter l’incrédulité. Telle est la recommandation confiée par le Pape François lors de la Messe du 20 mai. Le Pape a proposé une réflexion sur l’incrédulité à partir du récit de l’Évangile de Marc (9, 14-29) sur un jeune possédé par l’esprit du malin et libéré par le Christ. « Ce n’est pas la première fois que Jésus se plaint de l’incrédulité : O générations incrédules ! Il l’a dit tant de fois » ; et il a beaucoup souffert pour cette incrédulité à l’égard de ses paroles, de son message. « On l’aimait. La foule allait le saluer. Ils l’aimaient, mais jusqu’à un certain point. Ils ne risquaient pas trop dans leur foi pour lui. Ils ne risquaient pas. Et Jésus souffrait à cause de cela ». En revenant sur l’épisode évangélique, le Saint-Père a reproposé la question des disciples qui n’avaient pas réussi à chasser l’esprit malin du jeune : « Mais pourquoi n’avons-nous pas pu le chasser, nous ? Cette sorte de démon, explique Jésus, ne peut être chassé d’aucune façon si ce n’est par la prière ». Et le père de l’enfant « a dit : Je crois Seigneur, aide mon incrédulité ». Sa prière a été « une prière forte ; et cette prière, humble et forte, fait que Jésus peut accomplir le miracle. La prière pour demander une action extraordinaire doit être une prière qui nous touche tous, comme si nous engagions toute notre vie dans ce sens. Dans la prière, il faut s’engager activement ». Le Pape a ensuite raconté un épisode survenu en Argentine : « Je me souviens d’une chose qui est arrivée il y a trois ans dans le sanctuaire de Luján. Une enfant de sept ans était tombée malade, mais les médecins ne trouvaient pas de solution. Elle empirait toujours plus, jusqu’à ce qu’un soir, les médecins ne déclarent qu’il n’y avait plus rien à faire et qu’il ne lui restait que quelques heures de vie. Le père, qui était électricien, un homme de foi, est devenu comme fou. Et poussé par cette folie, il a pris le bus et s’est rendu au sanctuaire de Luján, deux heures et demi de bus, à soixante-dix kilomètres de distance. Il est arrivé à neuf heures du soir et tout était fermé. Et il a commencé à prier les mains agrippées au portail de fer. Il priait et pleurait. Il est resté comme ça toute la nuit. Cet homme luttait avec Dieu. Il luttait vraiment avec Dieu pour la guérison de son enfant. Puis, à six heures du matin, il est allé au terminal et il a pris le bus. Il est arrivé à l’hôpital à neuf heures, plus ou moins. Il a trouvé sa femme qui pleurait et a imaginé le pire. Qu’est-ce qui est arrivé ? Je ne comprends pas. Qu’est-ce qui est arrivé ? Les médecins sont venus, lui a répondu sa femme, et ils m’ont dit que la fièvre a disparu, elle respire normalement, il n’y a plus rien. Ils la garderont encore deux jours seulement. Mais ils ne comprennent pas ce qui est arrivé. Et cela arrive encore. Les miracles arrivent. Mais la prière est nécessaire ! Il faut une prière courageuse, comme celle de tant de personnes qui ont la foi et qui prient, prient avec la foi ». La prière fait des miracles, « mais nous devons y croire : je crois Seigneur ! Aide mon incrédulité. Nous avons tous dans le cœur une sorte d’incrédulité. Disons au Seigneur : Je crois, je crois ! Tu peux ! Aide mon incrédulité. Et lorsqu’on nous demande de prier pour tant de personnes qui souffrent dans les guerres, dans leur condition de réfugiés, dans tous ces drames, prions, mais avec le cœur, et disons : Seigneur, fais-le. Je crois, Seigneur. Mais aide mon incrédulité ».
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