Intervento del Segretario di Stato
Traduzione in lingua inglese
Pubblichiamo di seguito l’intervento che il Cardinale Segretario di Stato Pietro Parolin, Capo Delegazione della Santa Sede, ha pronunciato ieri nel corso della 41.ma Sessione della Conferenza generale dell’UNESCO che si svolge a Parigi dal 9 al 24 novembre 2021:
Intervento del Segretario di Stato
Intervention de Son Eminence le Cardinal Pietro Parolin
Secrétaire d’Etat de Sa Sainteté
au débat de politique générale de la 41e session de la
Conférence générale de l’UNESCO
Paris, le 12 novembre 2021
Monsieur le Président de la Conférence générale,
Monsieur le Président du Conseil exécutif,
Madame la Directrice générale,
Excellences, Mesdames et Messieurs,
A vous, Monsieur le Président de la Conférence générale, j’adresse les salutations les plus cordiales du Saint-Siège, et ses félicitations pour votre élection à la tête de cette session.
A vous, Madame la Directrice générale, je souhaite exprimer une reconnaissance particulière pour votre remarquable engagement en faveur de la paix, à travers l’éducation, la culture et la science. Je désire réaffirmer en ce lieu l’estime que porte le Pape François à l’organisation que vous dirigez et qui, depuis bien 75 ans, ne cesse d’œuvrer et de promouvoir une culture de la rencontre entre les peuples, avec la conviction que seule la paix permet d’envisager un futur plus prospère pour tous.
En cette période encore tristement marquée par la pandémie, la possibilité de reprendre en présentiel les échanges sur les défis de l’humanité, constitue «la grande opportunité de montrer que, par essence, nous sommes frères, [et] l’opportunité d’être d’autres bons samaritains qui prennent sur eux-mêmes la douleur des échecs »1, en générant de nouveaux processus et transformations.
1. Repartir d’une éducation inclusive et de qualité
Repartons du cri des nouvelles générations. Il « met en lumière l’exigence et, à la fois, l’opportunité stimulante d’un cheminement éducatif renouvelé, qui ne détourne pas le regard en favorisant de lourdes injustices sociales, des violations des droits, de profondes pauvretés et des rejets humains »2.
La pandémie de Covid-19 a interrompu l’instruction pour plus d’un milliard d’enfants dans le monde. A ce propos, les plans de relance, autant que les actions en faveur de l’Agenda 2030, devront accorder une attention particulière à l’éducation comme à un facteur fondamental et un catalyseur du développement durable, qui ne laisse personne de côté.
En ce sens, les appels réitérés du Pape François en faveur d’un Pacte Educatif Global voudraient être un signe concret de la disponibilité du Saint-Siège pour raviver «l’engagement pour et avec les jeunes générations, en renouvelant la passion d’une éducation plus ouverte et plus inclusive, capable d’une écoute patiente, d’un dialogue constructif et d’une compréhension mutuelle »3. A cela s’ajoute l’œuvre inlassable de nombreuses écoles, universités et institutions éducatives catholiques présentes dans le monde, à travers lesquelles le Saint-Siège continuera d’exercer son rôle pour garantir à toutes et à tous un accès à une éducation de qualité, qui soit pleinement respectueuse de la dignité de la personne humaine et de notre vocation commune à la fraternité.
A l’appui de ces intentions, nous serons heureux de déposer dans les prochains jours l’instrument de ratification de la Convention mondiale sur la reconnaissance des qualifications relatives à l’enseignement supérieur. Cela permettra au Saint-Siège de s’engager plus concrètement comme partenaire international, en offrant aux Etats sa propre contribution pour améliorer la qualité de l’éducation.
2. Education à l’écologie intégrale
Par ailleurs, tout effort visant à promouvoir une éducation de qualité est destiné à l’échec s’il se limite à fournir exclusivement un ensemble de connaissances techniques. En ce sens, l’UNESCO n’a pas manqué d’affirmer son engagement propre pour une approche de l’éducation et de l’apprentissage qui dépasse les dichotomies traditionnelles entre les aspects cognitifs, émotionnels et éthiques.4 Il s’agira donc de s’efforcer de favoriser une formation humaine complète : de l’intelligence, siège de la connaissance; du cœur, siège des valeurs et des choix moraux ; et des mains, symbole de l’action.5
Pour sa part, le Pape François insiste sur le besoin d’une «nouvelle approche écologique qui transforme notre façon d’habiter le monde, nos styles de vie, notre relation avec les ressources de la terre et, en général, notre manière de regarder l’homme et de vivre notre vie». De fait, seule «une écologie humaine intégrale, qui implique non seulement les questions environnementales, mais l’homme dans sa totalité, devient capable d’écouter le cri des pauvres et d’être le ferment d’une nouvelle société».6
Pour renforcer les interconnexions entre l’éducation et la sauvegarde de la maison commune, le Saint-Père, de concert avec le Patriarche Œcuménique de Constantinople, a voulu inaugurer, le 7 octobre dernier, un Département d’Études sur l’Écologie et l’Environnement au sein de l’université Pontificale du Latran. Et grâce à l’accord souscrit par le Pape François et par Madame Azoulay, sera instituée au sein de ce nouveau parcours académique une Chaire UNESCO sur l’avenir de l’Education à la durabilité7.
3. Ethique de l’intelligence artificielle et Science ouverte
Affirmer une vision intégrale de la vie et du monde signifie admettre qu’ «il n’y a pas d’écologie sans une anthropologie adéquate »8. Tel est le défi qui s’impose aujourd’hui avec force devant l’évolution des capacités techniques.
S’il est indéniable que «le développement technique nous a permis de résoudre des problèmes encore insurmontables il y a quelques années »9, il est aussi vrai qu’il a pu produire « un enchantement dangereux: au lieu de remettre à la vie humaine les instruments qui en améliorent le soin, on court le risque de remettre la vie à la logique des dispositifs qui décident de sa valeur »10.
Pour le Saint-Siège, «reste valable le principe que tout ce qui est techniquement possible ou faisable n’est pas de ce fait éthiquement acceptable »11. Pour pouvoir parler correctement d’une éthique de l’intelligence artificielle, il sera donc nécessaire que le développement de chaque algorithme s’inscrive toujours dans une vision «algoréthique »12 visant à comprendre, en dernière analyse, «ce que signifient, dans ce contexte, l’intelligence, la conscience, l’émotivité, l’intentionnalité affective et l’autonomie de l’agir moral »13.
Par conséquent, le Saint-Siège se positionne en faveur d’une intelligence artificielle qui serve chaque personne et l’humanité dans son ensemble; qui respecte la dignité de la personne humaine, afin que chaque individu puisse bénéficier des progrès de la technologie; et qui n’ait pas comme objectif unique un meilleur profit ou la substitution graduelle des personnes dans les lieux de travail.
L’Église n’attend pas de la science qu’elle suive seulement les principes éthiques. Elle l’encourage à rendre un service positif, que nous pouvons appeler avec Saint Paul VI la «charité du savoir »14. Il y a là une belle possibilité de dialogue avec les principes sous-tendus à ladite Science Ouverte. De fait, pour le Saint-Siège aussi il est nécessaire que «la recherche scientifique mette ses indications au service de tous, en recherchant toujours de nouvelles formes de collaboration, de partage des résultats et d’élaboration de réseaux».15 «De cette manière, on évitera que l’avenir ajoute de nouvelles inégalités basées sur la connaissance et augmente l’écart entre les riches et les pauvres »16.
4. Le patrimoine culturel de la foi
La science et la technologie nous ont aidé à repousser les limites de la connaissance de la nature, et en particulier de l’être humain. Mais elles ne suffisent pas par elles seules à donner toutes les réponses. Aujourd’hui nous réalisons toujours davantage combien il est nécessaire de puiser dans les trésors de la sagesse contenus dans les traditions religieuses, la littérature et les arts, qui touchent en profondeur au mystère de l’existence humaine, sans oublier, ou même en redécouvrant ces contenues dans la philosophie et la théologie.
A cet égard, je désire remercier l’UNESCO pour avoir inscrit à la biennale des anniversaires 2022-2023 quelques figures de saints comme Thérèse de Lisieux et Nersès le Gracieux. Leur témoignage nous laisse une trace de l’inestimable patrimoine chrétien qui a marqué la formation socioculturelle de l’humanité. Mais il est aussi une invitation à considérer la dimension transcendante de la vie pour cultiver ensemble le rêve d’un humanisme solidaire.
Je vous remercie.
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1 François, Lettre Encyclique Fratelli tutti sur la fraternité et l’amitié sociale, 3 octobre 2020, n.77.
2 François, Message Vidéo à l’occasion de la Rencontre organisée par la Congrégation pour l’Education Catholique : « Global Compact On Education. Together To Look Beyond », Université Pontificale du Latran, 15 octobre 2020.
3 François, Message à l’occasion du lancement du Pacte Educatif, 12 septembre 2019.
4 Cf. UNESCO, Rethinking Education : Towards a global common good ?, Paris, 2015, p. 39.
5 Cf. Table Ronde Interdicastérielle du Saint-Siège sur l’Écologie Intégrale, En chemin pour le soin de la maison commune. Cinq ans après Laudato si', LEV, 31 mai 2020, pp 46 et 53.
6 François, Message Video à l'occasion du Lancement de la Plateforme d'action Laudato si', 25 mai 2021.
7 Cf. François, Discours à l’occasion de l’Acte Académique pour l’institution du Cycle d’études en écologie et environnement. Soin de la maison commune et Sauvegarde de notre création » et de la Chaire UNESCO « sur l’avenir de l’éducation à la durabilité », 7 octobre 2021.
8 François, Lettre Encyclique Laudato si' sur la Sauvegarde de la Maison commune, 24 mai 2015, n.118.
9 François, Discours aux Participants à l'Assemblée Plénière de l'Académie Pontificale pour la Vie, 25 février 2019.
10 Ibid.
11 François, Discours Aux Participants à l'Assemblée Plénière du Conseil Pontifical de la Culture, 18 novembre 2017.
12 Cf. François, Discours aux Participants à l'Assemblée Plénière de l'Académie Pontificale pour la Vie, 28 février 2020.
13 François, Discours aux Participants à l'Assemblée Plénière de l'Académie Pontificale pour la Vie, 25 février 2019.
14 Paul VI, Discours aux participants à la semaine d’étude de l’Académie Pontificale des Sciences sur les « Forces moléculaires », 23 avril 1966.
15 François, Message vidéo à l’occasion de la Rencontre internationale « La science pour la Paix », 2 juillet 2021.
16 François, Discours Aux Participants à l'Assemblée Plénière du Conseil Pontifical de la Culture,18 novembre 2017.
[01576-FR.01] [Texte original: Français]
Traduzione in lingua inglese
Address of His Eminence Cardinal Pietro Parolin
Secretary of State of His Holiness
at the Policy Debate of the 41st General Conference of UNESCO
Paris, 12 November 2021
Dear President of the General Conference,
Dear Chairperson of the Executive Board,
Dear Madame Director-General,
Excellences, Ladies and Gentlemen,
I am pleased to extend to you, Mr. President of the General Conference, the most cordial greetings of the Holy Father and to congratulate you on your election to the leadership of this session.
I wish to express particular gratitude to you, Madam Director General, for your commendable commitment to peace through education, culture and science. Here I would like to reaffirm Pope Francis’ esteem for the Organization that you lead and which, for 75 years, has never ceased to believe and to work to build a culture of encounter among peoples, in the conviction that only with peace is there the possibility of a more prosperous future for all.
In this time, still sadly marked by the pandemic, the possibility of returning to being together in person to address the challenges of humanity constitutes “a great opportunity to express our innate sense of fraternity, to be Good Samaritans who bear the pain of other people’s troubles”,1 generating new processes and transformations.
1. Restarting from an inclusive and quality education
We must start anew by listening to the cry of the new generations. This will “opens our eyes to both the urgent need and the exciting opportunity of a renewed kind of education that is not tempted to look the other way and thus favour grave social injustices, violations of rights, terrible forms of poverty and the waste of human lives”.2
The Covid-19 pandemic has disrupted education for more than one billion children worldwide. In light of this, both recovery plans and efforts towards the implementation of the 2030 Agenda will need to pay particular attention to education as a key enabler of sustainable development so as to leave no one behind.
In this sense, Pope Francis’ constant call for a Global Compact on Education is intended to be a concrete sign of the Holy See’s readiness to “rekindle our dedication for and with young people, renewing our passion for a more open and inclusive education, including patient listening, constructive dialogue and better mutual understanding”.3 Added to this is the untiring work of the many Catholic schools, universities and educational institutions throughout the world, through which the Holy See will continue to play its role in ensuring that all have access to a quality education consonant with the dignity of the human person and our common vocation to fraternity.
To underscore this commitment, in the coming days we will be pleased to deposit the instrument of ratification of the Global Convention on the Recognition of Higher Education Qualifications. This will enable the Holy See to commit itself effectively as a global partner, offering States its contribution to improving the quality of higher education.
2 Education for Integral Ecology
It should be understood that any effort to promote quality education is doomed to failure if it aims solely at providing a package of technical knowledge. In this sense, UNESCO has continued to affirm its commitment to “a holistic approach to education and learning that overcomes the traditional dichotomies between the cognitive, emotional and ethical aspects”.4 It really is a task, therefore, of working towards a human formation of the mind, as the seat of knowledge, of the heart, as the seat of values and moral choices, and of the hands, as the symbol of action.5
For his part, Pope Francis insists on the need for “a new ecological approach that can transform our way of inhabiting the world, our lifestyles, our relationship with the Earth’s resources and, in general, our way of looking at humanity and of living life.” For only “an integral human ecology, which involves not only environmental questions but also mankind in its entirety, becomes capable of listening to the cry of the poor and of being leaven for a new society”.6
To strengthen the interconnections between education and care for the common home, the Holy Father, in agreement with the Ecumenical Patriarchate of Constantinople, inaugurated a Department of Studies in Ecology and Environment at the Pontifical Lateran University. Morever, thanks to the Agreement signed by Pope Francis and Mrs. Azoulay a UNESCO Chair on Futures of Education for Sustainability will soon be established within the new academic department7.
3. Ethics of Artificial Intelligence and Open Science
To affirm an integral vision of life and the world means to admit that “there can be no ecology without an adequate anthropology”.8 Such is the challenge today that is strongly placed in the face of the evolution of technical capacity.
If it is undeniable that “technological development has allowed us to solve problems that were insurmountable until a few years ago”,9 then it is equally true that it can produce “a dangerous spell: instead of delivering the tools that improve their care to human life, there is the risk of giving life to the logic of the devices that decide its value”.10
For the Holy See, “the principle that not everything that is technically possible or viable is thereby ethically acceptable remains ever valid”.11 In order to be able to speak correctly of an ethics of artificial intelligence, it will therefore be necessary that the development of every algorithm always draws on an ethical vision, “algor-ethics”12, aimed at understanding, in the final analysis, “understand better what intelligence, conscience, emotionality, affective intentionality and autonomy of moral action mean in this context”.13
The Holy See is advocating for an artificial intelligence that serves each person and humanity as a whole; that respects the dignity of the human person, so that each individual may benefit from the advances of technology. Furthermore, it must not have as its sole objective the greatest profit or the gradual replacement of people in the workplace.
The Church does not expect science merely to follow ethical principles. She expects a positive contribution, which we can describe, as did St. Paul VI, as the “charity of knowledge”.14 There is here a great possibility for dialogue concerning the principles underlying the so-called Open Science. For the Holy See too, in fact, it is necessary that “scientific research must put its results at the service of all, always seeking new forms of collaboration, sharing results and building networks”.15 “This will prevent the future from adding new forms of knowledge-based inequality and increasing the gap between rich and poor.”16
4. The Cultural Heritage of Faith
Science and technology have helped us to deepen the boundaries of our knowledge of nature, and in particular of the human person. However, by themselves they are not enough to provide all the answers. Today, we realize more and more that it is necessary to draw upon the treasures of wisdom preserved in religious traditions, popular wisdom, literature and the arts, which touch deeply on the mystery of human existence, without forgetting, indeed rediscovering, those contained in philosophy and theology.
In this regard, I would like to thank UNESCO for having included in the list of anniversaries which are associated with the biennium 2022-2023 some holy persons such as St. Thérèse of Lisieux and St. Nerses the Gracious. May their lives, beyond imprinting a mark on the inestimable heritage that Christianity has left for the socio-cultural formation of humanity, be an invitation to consider the transcendent dimension of life in order to cultivate together the dream of an integrated humanism.
Thank you for you kind attention.
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1 Pope Francis, Encyclical Letter, Fratelli tutti, 3 October 2020, n. 77.
2 Pope Francis, Video Message for the “Global Compact for Education. Together to look beyond”, 15 October 2020.
3 Pope Francis, Message for the Launch of the Global Compact for Education, 12 September 2019.
4 UNESCO, Rethinking Education: Towards a global common good?, Paris, 2015, p. 39.
5 Cfr. Interdicasterial Working Group on the Holy See on Integral Ecology, Journeying towards care for the common home. Five years after Laudato Si’. LEV, 31 May 2020, pp. 46 – 53.
6 Pope Francis, Video message to mark the launch of the Laudato Si’ action platform, 25 May 2021.
7 Pope Francis, Address at the Academic Act for the institution of the Study Cycle on “Care for our Common Home and Safeguarding of Creation” and of the UNESCO Chair “on Futures of Education for Sustainability”, 7 October 2021.
8 Pope Francis, Encyclical Letter Laudato si’, 24 May 2015, n. 118.
9 Pope Francis, Address to the Participants of the Plenary Assembly of the Pontifical Academy for Life, 25 February 2019.
10 Ibid.
11 Pope Francis, Address to the Plenary Assembly of the Pontifical Council for Culture, 18 November 2017.
12 Cfr. Pope Francis, Address to the Participants of the Plenary Assembly of the Pontifical Academy for Life, 28 February 2020.
13 Pope Francis, Address to the Participants of the Plenary Assembly of the Pontifical Academy for Life, 25 February 2019.
14 Cfr. St. Paul VI, Address to the Plenary Session and the Week of Study on “Molecular Forces”, 23 April 1966.
15 Pope Francis, Video message to mark the International Meeting on “Science for Peace”, 2 July 2021.
16 Pope Francis, Address to the Plenary Assembly of the Pontifical Council for Culture, 18 November2017.
[01576-EN.01] [Original text: French]