XXV ANNIVERSARIO DI PONTIFICATO DI GIOVANNI PAOLO II: CONVEGNO PROMOSSO DAL COLLEGIO CARDINALIZIO (II) ● INTERVENTO DELL’EM.MO CARD. NASRALLAH PIERRE SFEIR
● INTERVENTO DELL’EM.MO CARD. ALFONSO LÓPEZ TRUJILLO
Questa mattina, alle 9.30, nell’Aula Nuova del Sinodo, si tiene la seconda giornata del Convegno sugli aspetti dottrinali e pastorali del Pontificato di Giovanni Paolo II, promosso dal Collegio Cardinalizio in occasione del XXV anniversario di Pontificato. Vi prendono parte tutti i Cardinali, i Presidenti delle Conferenze Episcopali, i Capi Dicastero della Curia Romana e i Patriarchi.
Riportiamo di seguito gli interventi dell’Em.mo Card. Nasrallah Pierre Sfeir, Patriarca di Antiochia dei Maroniti e dell’Em.mo Card. López Trujillo Alfonso, Presidente del Pontificio Consiglio per la Famiglia:
● INTERVENTO DELL’EM.MO CARD. NASRALLAH PIERRE SFEIR
L’œcumenisme et le dialogue inter-religeux
sous le Pontificat de Sa Sainteté le Pape Jean Paul II
Très Saint Père,
Vénérables Frères,
Mes chers amis,
Lorsque Notre vénérable Doyen, son Eminence le Cardinal joseph Ratzinger, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, m’a écrit, pour me demander de faire cet exposé sur l’œcuménisme et le dialogue inter-religieux sous le Pontificat de Sa Sainteté le Pape Jean Paul II, je ne doutais pas qu’il me faisait un grand honneur. Je ne doutais non plus que tout honneur est une lourde charge, comme le dit si bien l’adage latin : Honor onus. C’est pourquoi, en m’acquittant du devoir de présenter mes plus cordiales félicitations à notre Saint Père le Pape Jean Paul II, à l’occasion du Jubilé d’argent de son glorieux Pontificat ,qualifié d’inclassable, et en rendant grâce à Dieu d’avoir donné à son Eglise un si méritant Père commun des fidèles, je veux espérer que ce vénérable aréopage ne manquera pas de me témoigner son indulgence.
Je prendrai pour guide dans mon exposé, certes, les Encycliques de Sa Sainteté, ses sermons, ses déclarations et ses rencontres avec les représentants des différentes religions dans ses visites pastorales dans le monde qui ont dépassé déjà le nombre de cent.
Première Partie
Jean Paul II et l’Oecuménisme
I. L’unité est le vœu du Christ
L’unité des chrétiens est le vœu le plus cher du Christ. Il l’a exprimé dans son dernier testament, alors qu’il marchait vers son dernier destin tragique : la croix. Il dit dans sa prière sacerdotale: " Que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé".1
L’unité des chrétiens est donc une condition pour que le monde croie. C’est le Seigneur lui- même qui l’a dit. C’est pour quoi, les divisions des chrétiens sont un scandale grave, une pierre d’achoppement pour les non chrétiens. Le Concile Vatican II l’a bien souligné tout au début du décret sur l’œcuménisme quand il a dit: "Il est certain qu’une telle division s’oppose ouvertement à la volonté du Christ. Elle est pour le monde un objet de scandale et elle fait obstacle à la plus sainte des causes : la prédication de l’Evangile à toute créature"2 Jean Paul II. L’a profondément ressenti dans son cœur de Père des fidèles, dès son accès au trône de Pierre.
Et c’est ce qui l’a poussé à œuvrer inlassablement en faveur de cette unité tant souhaitée par le Christ. " Croire au Christ, dit-il, signifie vouloir l’unité ; vouloir l’unité signifie vouloir l’Eglise ; vouloir l’Eglise signifie vouloir la communion de grâce qui correspond au dessein du Père de toute éternité. Tel est le sens de la prière du Christ : Ut unum sint 3
Bien plus, le Mouvement œcuménique ne peut se situer que dans le cadre de la mission de l’Eglise qui consiste à porter l’Evangile au monde. Unité et mission sont indissociables. Les dernières paroles du Seigneur, avant de quitter la terre pour aller rejoindre son Père n’ont-elles pas été : " Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit?" Après tout, nous avons " un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ; un seul Dieu et Père de tous "4 C’est une profonde blessure et par suite une grande souffrance qu’on ne puisse pas partager la même Eucharistie.
D’après Jean Paul II, " toute la vie des chrétiens est ainsi marquée par la préoccupation œcuménique et ils sont appelés à se laisser comme former par elle"5. Et il ajoute : " Il en résulte indubitablement que l’œcuménisme, le mouvement pour l’unité des chrétiens n’est pas qu’un " appendice " quelconque qui s’ajoute à l’activité traditionnelle de l’Eglise. Au contraire, il est partie intégrante de sa vie et de son action, et il doit par conséquent pénétrer tout cet ensemble et être comme le fruit d’un arbre qui, sain et luxuriant, grandit jusqu’à ce qu’il atteigne son plein développement".6 Même le Droit Canonique tant occidental qu’oriental fait une obligation aux chrétiens de contribuer à la promotion de cette unité. Le code Oriental dit : "Les Eglises Orientales catholiques ont la charge spéciale de favoriser l’unité entre toutes les Eglises orientales, par la prière en premier lieu, par l’exemple de la vie, par une fidélité religieuse à l’égard des anciennes traditions des Eglises Orientales, par la collaboration et l’estime fraternelle des choses et des esprits." (CCEO cn. 903).
II - Moyens d’action pour promouvoir l’Oecuménisme
1. Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens
Dès son élection, le Pape Jean Paul II a encouragé le Secrétariat pour l’Unité créé après Vatican II qui est devenu sous son Pontificat en 1988 Conseil Pontifical pour la promotion de l’Unité chrétienne. Ce Conseil a joué, et continue de le faire, un grand rôle en faveur de l’unité des chrétiens. Il aide d’une part à l’application de l’enseignement sur l’Oecuménisme de Vatican II dans l’Eglise Catholique et à la diffusion de l’esprit œcuménique; d’autre part, il est au service des conférences épiscopales et des évêques pour tout ce qui concerne le domaine de l’Unité. Le Secrétariat pour l’Unité avait publié dès 1967 le Directoire œcuménique en vue d’indiquer les moyens pratiques pour l’application de cette unité. En 1993, il avait publié le Directoire pour l’application des Principes et des normes sur l’œcuménisme qui est une révision du premier Directoire. Le Conseil publie, en outre, une revue : Service d’Information qui paraît, trois fois l’an et qui est une mine d’information sur tout ce qui regarde l’œcuménisme. Elle publie régulièrement les discours du Saint Père ayant trait à l’Oecuménisme et les déclarations des chefs des communautés ecclésiales non catholiques.7
Le Conseil Pontifical entretient d’étroites relations avec bon nombre d’Eglises non catholiques, particulièrement avec le Conseil mondial des Eglises et les autres organisations internationales qui s’occupent de la question de l’Unité des chrétiens. Le conseil a procédé à un dialogue international assez fructueux avec presque toutes les Eglises non catholiques et les communautés ecclésiales, dialogue qui a abouti à certains accords bilatéraux.
On peut classer, comme l’a fait un numéro spécial du Service d’information, les partenaires de l’Eglise Catholique dans le dialogue œcuménique, en cinq catégories. Elles sont premièrement les Patriarcats d’Alexandrie, d’Antioche, de Moscou, de Roumanie, de Géorgie et l’Eglise autocéphale de Grèce. Secondement, ce sont les Eglises Orthodoxes Orientales : à savoir l’Eglise copte patriarcale, l’Eglise éthiopienne, syrienne, malankare, arménienne appelée catholicossat d’Etchmiadzine, le Catholicossat de Cilicie basée au Liban et l’Eglise assyrienne de l’Orient. Viennent en troisième lieu les Eglises et communautés ecclésiales d’origine occidentale. Ce sont la communion anglicane, la Fédération luthérienne mondiale, l’Alliance réformée mondiale, le Conseil méthodiste mondial, l’Alliance baptiste mondiale, l’Eglise chrétienne (Disciples du Christ), les Pentecôtistes et les " Evangelicals ". Il y a quatrièmement les Organisations internationales interconfessionnelles, et cinquièmement le Judaïsme. On peut dire que le dialogue avec ces Eglises ou communautés ecclésiales est déjà assez avancé. Pour l’Eglise, il a pour but la réalisation de l’unité visible de l’Eglise, et la pleine communion dans la foi apostolique et la vie des sacrements. Certains partenaires de l’Eglise Catholique, comme les Orthodoxes, les Anglicans, les Méthodistes, la Fédération luthérienne, pensent de même.8
2. La prière est une priorité
L’Eglise Catholique entretient, à travers le Conseil Pontifical pour l’Unité, des relations avec le Conseil mondial des Eglises dont elle n’est pas membre. Elle a eu des réunions annuelles, et toutes les fois que le besoin s’en fait sentir, avec ce Conseil. Ils préparent ensemble depuis les années soixante, les textes de la semaine de la prière pour l’Unité des chrétiens qui a lieu entre le 18 et le 25 Janvier de chaque année. Il y a entre eux aussi un échange de personnels dans différents domaines¸ comme il y a une coopération assez poussée dans le domaine œcuménique.
Sans doute, la semaine de prière pour l’unité des chrétiens a sensibilisé ceux-ci sur la gravité de leurs divisions. Elle les a convaincus que, seule la prière, peut faire tomber les préjugés, changer les cœurs, assouplir les attitudes et opérer la réconciliation sans la quelle on ne peut pas se réclamer du Christ. Celui-ci n’a-t-il pas dit : " Quand donc tu présentes ton offrande à l’autel, si là tu te souviens d’un grief que ton frère a contre toi, laisse là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis reviens, et alors présente ton offrande ". Jean Paul II a mis en pratique publiquement ce conseil donné par le Christ, près de cent fois concernant des questions allant de l’Inquisition jusqu’au mauvais traitement des femmes, d’après Luigi Accattoli, l’auteur du livre : " Quand un pape demande pardon ". Et jamais chose faite auparavant, Il a admis la culpabilité de l’Eglise, malgré certaines objections et réticences manifestées par les uns et les autres dans quelques sphères catholiques.9
3. Oecuménisme et conversion
Citant le décret du Vatican II, Unitatis redintegratio, Jean Paul II dit dans sa lettre Encyclique Ut Unum sint : " Cette conversion du cœur et cette sainteté de vie, en même temps que les prières privées et publiques pour l’unité des chrétiens sont à regarder comme l’âme de tout mouvement œcuménique et peuvent être à bon droit appelées œcuménisme spirituel ". Et d’ajouter : " L’amour est artisan de communion entre les personnes et entre les communautés. Si nous nous aimons, nous tendons à approfondir notre communion, à la mener vers sa perfection 10 C’est qu’il n’y a pas d’œcuménisme au sens authentique du terme sans conversion intérieure 11
4. Le dialogue oecuménique
Après la prière vient le dialogue sous ses différentes formes. Le dialogue œcuménique " qui est un passage obligé sur le chemin à parcourir vers l’accomplissement de l’homme par lui-même, de l’individu de même que de toute communauté humaine…ce dialogue ne se limite pas à un échange d’idées. En quelque manière, Il est toujours un " échange de dons ". Mais, " Quand on commence à dialoguer, chacune des parties doit présupposer une volonté de réconciliation chez son interlocuteur, une volonté d’unité dans la vérité.12
En outre, le dialogue œcuménique a le caractère d’une recherche commune de la vérité, en particulier en ce qui concerne l’Eglise …d’une part, la prière est la condition du dialogue, d’autre part, elle en devient le fruit… " Ce dialogue remplit en même temps le rôle d’un examen de conscience.13
Bien plus, ce dialogue se transforme en dialogue de la conversion, ou " dialogue du salut ". " Il ouvre pour les frères vivant dans des communautés qui ne sont pas en pleine communion entre elles l’espace intérieur où le Christ, source de l’Unité de l’Eglise peut agir efficacement avec toute la puissance de son Esprit Paraclet ". 14 Le dialogue est aussi un instrument naturel pour confronter les différents points de vue et surtout pour examiner les divergences qui font obstacle à la pleine communion des chrétiens entre eux. Il exige : " amour de la vérité, charité, et humilité, en menant ensemble avec les frères séparés, leurs recherches sur les divins mystères"15. Puis vient la collaboration entre tous les chrétiens qui " exprime de façon vivante l’union qui existe déjà entre eux et fait paraître le visage du Christ Serviteur dans une lumière plus pleine …comme le dit le décret Unitatis redintegratio de Vatican II. Par cette collaboration, tous ceux qui croient au Christ peuvent facilement apprendre comment on peut mieux se connaître les uns les autres, s’estimer davantage et préparer la voie à l’unité des chrétiens ".16
5. La Formation Oecuménique
Le Directoire Œcuménique insiste sur la formation à l’œcuménisme en en soulignant la nécessité et la finalité, en en indiquant l’adaptation aux situations concrètes des personnes, les moyens, et les milieux propices. Il insiste sur la formation de ceux qui travaillent dans le ministère pastoral, particulièrement sur les ministres ordonnés .Il montre l’importance de la formation spécialisée au dialogue, le rôle des Universités catholiques, des Instituts œcuméniques spécialisés et la nécessité de la formation permanente. Il dit notamment " qu’il convient de profiter des diverses formes de rencontres spirituelles pour approfondir les éléments de spiritualité communs et particuliers ".17
6. Le Saint Père, Pèlerin de l’Oecuménisme
Pour Jean Paul II, l’œcuménisme est un engagement définitif pris par l’Eglise catholique. Il a assuré tous les représentants de l’Eglise et des communautés ecclésiales de " sa ferme résolution d’aller en avant sur le chemin de l’Unité… et de ne pas s’arrêter avant d’être arrivé au but… qui est cette unité que le Christ souhaite pour l’Eglise ". "Cet engagement de l’Eglise catholique au mouvement œcuménique solennellement proclamé au concile Vatican II, est irréversible ". Bien plus, l’œcuménisme est pour Lui au cœur de l’Eglise : "C’est une priorité pastorale que l’Eglise ne peut pas abandonner".18
Etablir des contacts personnels avec différents chefs d’Eglises ou de communautés, a toujours figuré au programme des visites pastorales de Jean Paul II. Il a entrepris d’assez longs voyages qui l’ont mené dans presque tous les Pays du Monde. Il s’est félicité de rencontrer tel ou tel chef religieux, comme il l’a laissé voir à travers quelques unes de ses lettres encycliques. Il n’a pas manqué d’évoquer l’une ou l’autre de ces rencontres dans sa lettre encyclique Ut unum sint parue en 1995 .Il y dit : " En ce qui concerne l’Eglise de Rome et le Patriarcat œcuménique de Constantinople, le processus auquel nous venons de faire référence a été engagé grâce à l’ouverture réciproque dont ont fait preuve les Papes Jean XXIII et Paul VI, d’une part, et le Patriarche oecuménique Athénagoras Ier et ses successeurs, d’autre part. Le changement historique intervenu est manifesté par l’acte ecclésiastique grâce auquel " on a ôté de la mémoire et du milieu des Eglises " le souvenir des excommunions qui, il y a neuf cents ans, en 1054, étaient devenues le symbole du schisme entre Rome et Constantinople".19 Il évoque de même la rencontre qui a eu lieu entre Paul VI et le Patriarche Athénagoras Ier à Jérusalem, rencontre à laquelle J’ai eu, jeune nouvel évêque, accompagnant le Cardinal Patriarche Méouchi, mon avant premier prédécesseur, le privilège d’assister en 1964. Puis, ce fut l’échange des visites, deux ans après, entre Paul VI et le Patriarche Athénagoras. Encore, deux ans après son accès au trône de Pierre, Jean Paul II rencontra le successeur du Patriarche Athénagoras, Dimitrios 1er au Phanar. Et le dialogue continua entre l’Eglise Catholique et toutes les Eglises orthodoxes en communion canonique avec le siège de Constantinople. Les deux Eglises ont pris l’habitude de se faire représenter mutuellement lors des fêtes des saints Apôtres Pierre et Paul à Rome, et de saint André au Phanar.20 Jean Paul II mentionne, à ce sujet, deux évènements ayant leur signification relativement à l’œcuménisme : le jubilé de 1984 pour célébrer le 11ème centenaire de l’œuvre d’évangélisation de Cyrille et Méthode, co-patrons de l’Europe, et la proclamation de St. Benoît patron également de l’Europe. Ainsi le dialogue entre les deux Eglises : celle d’Occident et celle d’Orient continue toujours.21
L’œcuménisme est intégré dans le ministère quotidien de Jean Paul II. Il le mentionne dans ses déclarations, dans ses audiences générales du mercredi, en récitant l’Angelus du dimanche, lors des visites des Evêques ad limina, aussi bien qu’en recevant des hôtes d’autres Eglises et de Communautés Ecclésiales en audience privée, et les lettres de créance des nouveaux ambassadeurs auprès du Saint - Siège. Au cours d’une concélébration eucharistique solennelle en présence du Patriarche Théoctiste le 9 mai 1999 en Roumanie, il termine son homélie en adjurant les fidèles par ces termes : " Mon souhait le plus vif est que la prière de Jésus au Cénacle : " Père que tous soient un ( Jn 17 : 21) demeure toujours sur vos lèvres et ne cesse jamais de battre dans vos cœurs ".22
III- Réalisations en matière d’oecuménisme
Dans sa lettre encyclique Ut unum sint, Jean Paul II a consacré le second chapitre aux fruits du dialogue. Je me contente d’en citer les têtes de paragraphes qui sont, par elles-mêmes, suggestives. Les voici : la fraternité retrouvée, la solidarité dans le service de l’humanité, les convergences en ce qui concerne la Parole de Dieu et le culte divin, apprécier les biens présents chez les autres chrétiens, progression de la communion, le dialogue avec les Eglises d’Orient, la reprise des contacts, Eglises sœurs, le progrès du dialogue, relations avec les Eglises anciennes d’Orient, dialogue avec les Eglises et Communautés ecclésiales d’Occident, relations ecclésiales, collaborations réalisées .Ce chapitre s’étend sur une quarantaine de pages. Au cours du développement de ce thème, le Saint Père s’écrie :" Parfois, la possibilité de pouvoir enfin sceller cette communion "réelle bien que pas encore plénière" semble assez proche. Qui aurait pu seulement l’envisager il y a un siècle?23
1. Avec les Eglises orthodoxes
Ce même document Ut unum sintrelate, à propos des Eglises Orthodoxes, et de l’Eglise Catholique, qu’on peut déjà parler de découverte graduelle par rapport les unes aux autres, comme étant des Eglises sœurs. Ce terme soeurs a un profond sens théologique. Il indique une reconnaissance de l’autre comme ayant, dans la succession apostolique, la même structure sacramentelle relative à l’Eucharistie, au sacerdoce, et à l’Episcopat.24
Ensuite les relations fraternelles ont été rétablies entre l’Eglise catholique et les Eglises Orientales Orthodoxes qui avaient rejeté les formulations dogmatiques des conciles d’Ephèse et de Chalcédoine .Ces Eglises Orthodoxes sont : Les Eglises Copte, Syrienne, Ethiopienne, Arménienne, Malankare. Leurs chefs ont enfin déclaré " notre foi commune en Jésus –Christ, vrai Dieu et vrai Homme".
Ces déclarations ont eu lieu successivement sous Paul VI avec le Patriarche Jacob III, chef de l’Eglise Syrienne orthodoxe en 1971, avec le Pape Shenouda III chef de l’Eglise Copte orthodoxe en 1973. Sous le Pape Jean –Paul II, le Pape Mar Ignatius Zakka II, chef de l’Eglise syrienne Orthodoxe, a fait de même en 1984. Puis ce fut le Patriarche Abouna Paulos chef de l’Eglise Ethiopienne Orthodoxe en 1993. En cette même année, Il y a eu la déclaration de Balamand au Liban .Neuf Eglises orthodoxes autocéphales et autonomes y étaient représentées.
Du côté catholique, 24 membres de la Commission ont pris part à la réunion. Cette déclaration reconnaît particulièrement que "ce que le Christ a confié à son Eglise – profession de la foi apostolique, participation aux mêmes sacrements, surtout à l’unique sacrifice du Christ, succession apostolique des évêques – ne peut être considéré comme la propriété exclusive d’une de nos Eglises".25 L’année d’après, en 1994, ce fut le tour de Mar Dinkha IV, chef de l’Eglise Assyrienne Orthodoxe , jadis connue sous le nom d’Eglise Nestorienne.
2. Avec les Eglises issues de la Réforme
En outre, les relations avec les Eglises réformées se sont développées de façon plus ou moins satisfaisante. Citons la fédération des Eglises Luthériennes. Le dialogue qui a eu lieu durant près d’un tiers de siècle à partir du Concile Vatican II, a mené à un certain consensus sur le contenu essentiel de la doctrine de la justification par la Foi. On ne peut nier qu’il y a toujours quelques différences qui cependant ne divisent pas l’Eglise. " Le 31 octobre 1999 l’Eglise catholique et la Fédération luthérienne mondiale signaient une déclaration commune , présentant l’accord fondamental atteint par l’une et l’autre Eglise, après de longues années de rencontres œcuméniques et de discussions théologiques concernant la doctrine de la Justification .Dans un article de janvier 2000, Son Eminence le Cardinal Walter Kasper, Président du Conseil Pontifical pour l’Unité des chrétiens, avait souligné la portée de la déclaration conjointe luthérienne-catholique,"sans cacher les divergences qui subsistent".26
Toutefois, Jean- Paul II indique les thèmes à approfondir pour parvenir à un vrai consensus dans la foi :
1 - les relations entre la Sainte Écriture, autorité suprême en matière de foi, et la Sainte Tradition, interprétation indispensable de la Parole de Dieu.
2 – l’Eucharistie, sacrement du Corps et du Sang du Christ, offrande de louange au Père, mémorial sacrificiel et présence réelle du Christ, effusion sanctificatrice de l’Esprit Saint.
3- l’ordination, comme sacrement ; au triple ministère de l’Episcopat, du Presbytérat, et du Diaconat.
4 – Le Magistère de l’Eglise ; confié au Pape et aux Evêques en communion avec lui, compris comme responsabilité et autorité au nom du Christ pour l’enseignement et la sauvegarde de la foi
5 - La Vierge Marie, Mère de Dieu et Icône de l’Eglise, Mère spirituelle qui intercède pour les disciples du Christ et pour toute l’humanité.
3. Le problème du ministère pétrinien
Depuis 1984 devant le Conseil oecuménique des Eglises à Genève, Jean Paul II est le premier à reconnaître ce problème ; comme il le rappelle, dans sa lettre encyclique Ut uum sint, où il dit:"la conviction qu’a l’Eglise catholique d’avoir conservé, fidèle à la tradition apostolique et à la foi des Pères, le signe visible et le garant de l’unité dans le ministère de l’Evêque de Rome, représente une difficulté pour la plupart des autres chrétiens, dont la mémoire est marquée par certains souvenirs douloureux". Et là, il n’hésite pas à demander pardon ; en disant:"Pour ce dont nous sommes responsables, je demande pardon, comme l’a fait mon prédécesseur Paul VI".27. Il se félicite de ce que ce problème est déjà "devenu un objet d’étude,en cours ou en projet ". Il rappelle ce que dit à ce propos St Augustin qui a montré que le Christ est le "seul Pasteur,en l’unité de qui tous ne font qu’un" et il ajoute:"que tous les pasteurs soient donc en un seul pasteur,qu’ils fassent entendre une seule voix,et non pas des voix discordantes…Cette voix, débarrassée de toute division , purifiée de toute hérésie , que les brebis l’écoutent".28 Bien plus, sentant le poids de sa charge, Jean Paul II, avoue qu’il s’agit d’une : " tâche immense que nous ne pouvons refuser et que je ne puis mener à bien tout seul. La communion réelle, mais imparfaite, qui existe entre nous tous, ne pourrait-elle pas inciter les responsables ecclésiaux et leurs théologiens à instaurer avec moi sur ce sujet un dialogue fraternel et patient, dans lequel nous pourrions nous écouter au-delà des polémiques stériles, n’ayant à l’esprit que la volonté du Christ pour son Eglise, nous laissant saisir par son cri,"que tous soient un…afin que le monde croie que tu m’as envoyé".29
Nous recevant en audience le 29 septembre 1998, et après avoir rappelé les quelques lignes que je viens de citer de sa lettre encyclique Ut unum sint, le Saint Père s’est adressé à nous, les cinq Patriarches catholiques orientaux, en ces termes: "C’est à vous qu’il revient tout d’abord de rechercher, avec nous, les formes les plus aptes pour que ce ministère (d’unité) puisse réaliser un service de charité reconnu par tous. Je vous demande d’apporter cette aide au Pape, au nom de cette responsabilité dans la recomposition de la pleine communion avec les Eglises Orthodoxes, responsabilité qui vous incombe du fait que vous êtes les Patriarches d’Eglises qui partagent avec l’Orthodoxie une si grande part du patrimoine théologique, liturgique, spirituel et canonique."30
4. Deux épisodes significatifs
Depuis Vatican II, surtout, l’Eglise a fait un progrès énorme en matière d’Oecuménisme. Pour mesurer l’étape parcourue, et montrer combien nous sommes loin du climat qui prévalait, il y a à peine un demi siècle, du moins chez nous au Proche-Orient, vous me permettez d’évoquer un souvenir de séminaire vers la fin des années quarante. Nous étions au Séminaire Oriental qui faisait partie à l’époque de l’Université St. Joseph de Beyrouth. Nous avions pour Directeur un Père jésuite, d’origine orthodoxe. Les membres de sa famille sont restés orthodoxes.
Il perd sa mère. Les séminaristes se sont demandés s’ils pouvaient prendre part à la prière à l’église orthodoxe. Consulté,le professeur de Théologie Morale était d’avis qu’on pouvait assister à la prière ; non dans le chœur comme clercs, mais dans la nef, comme simples fidèles.
Il nous a rappelé en même temps son enseignement à propos de la communicatio in sacris qui interdisait à un organiste orthodoxe de jouer de l’orgue dans une Eglise catholique. De même, il était interdit de sonner le glas dans une église catholique pour annoncer la mort d’un fidèle orthodoxe. C’était une série d’interdictions pareilles.
Un autre épisode qui a failli tourner en bagarre. C’était autour des années cinquante. De nos jours, il aurait été considéré comme scandaleux… A l’occasion de la mort d’un notable maronite, on a convoqué, comme d’habitude, les fidèles orthodoxes du même quartier de Beyrouth. La tradition veut que les fidèles viennent, avec, à leur tête, leur curé de paroisse. Or celui-ci arrive avec ses fidèles et se dirige, à l’invitation du curé maronite, pour prendre place dans le chœur L’évêque maronite qui présidait fait dire au curé orthodoxe qu’il ne pouvait pas rester dans le chœur. Blessé dans son amour propre, celui-ci se retire de l’église et avec lui tous ses fidèles ; les uns en grommelant, les autres en proférant des injures. Heureusement cette époque est à jamais révolue. Et l’attitude des fidèles de différentes églises est beaucoup plus tolérante, partout dans le monde.
Que les temps ont changé ! Le directoire pour l’application des principes et des normes sur l’oecuménisme dit, à propos du partage de vie sacramentelle, spécialement de l’Eucharistie avec les membres des différentes Eglises orientales: "Lorsqu’une nécessité l’exige, ou qu’un véritable bien le suggère, et pourvu que soit évité tout danger d’erreur ou d’indifférentisme ,il est permis à tout catholique, à qui il est physiquement ou moralement impossible de joindre un ministre catholique, de recevoir les sacrements de pénitence, d’Eucharistie et d’onction des malades de la part d’un ministre d’une Eglise orientale."31
Dès 1980, dans une allocution au secrétariat pour l’Unité des chrétiens, Jean Paul II déclare: "je suis convaincu qu’une réarticulation des anciennes traditions orientales et occidentales et l’échange équilibrant qui en résulte dans la pleine communion retrouvée, peuvent être d’une grande importance pour la guérison des divisions nées en occident au XVI e siècle."32
D’ailleurs, Jean Paul II, dansUt unum sint, le note bien quand il souligne que "la conscience de l’appartenance commune au Christ s’approfondit".
Il ajoute."Personnellement, j’ai pu le constater à de multiples reprises durant les célébrations œcuméniques qui sont parmi les évènements les plus importants de mes voyages apostoliques dans les différentes parties du monde, ou dans les rencontres et dans les célébrations œcuméniques qui ont eu lieu à Rome". Un peu plus loin, il dit encore:"En un mot, les chrétiens se sont convertis à une charité fraternelle qui englobe tous les disciples du Christ".33
Comme conclusion de cet exposé, on peut dire, avec Mgr Radano, responsable de la section occidentale du Conseil Pontifical pour la promotion de l’Unité des chrétiens, que "l’engagement de l’Eglise Catholique en faveur de l’œcuménisme est définitif et irrévocable pour cette raison que la prière du Seigneur qui demande que ses disciples "soient un" est éternelle. D’importants pas ont été faits vers l’unité. Beaucoup d’autres sont encore à faire sur chaque niveau de l’Eglise, local et universel."34
Deuxième Partie
Jean Paul II et le dialogue interreligieux
Le dialogue interreligieux a pris de l’essor à la suite du Concile Vatican II qui lui a consacré une Déclaration intitulée "Nostra Aetate" où il est question de religions non chrétiennes. Cette déclaration dit que "depuis les temps les plus reculés jusqu’aujourd’hui, on trouve dans les différents peuples une certaine sensibilité à cette force cachée qui est présente au coeur des choses et aux évènements de la vie humaine, parfois même une reconnaissance de la Divinité suprême, ou encore du Père".35 Elle s’arrête cependant sur : l’Hindouisme, le Bouddhisme, le judaïsme, et l’Islam. Faute de temps, je me limiterai à dire un mot de l’Islam et du Judaïsme
I. L’ISLAM
Elle dit notamment que "l’Eglise regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu Un, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s’ils sont cachés, comme s’est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers. Bien qu’ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète ; ils honorent sa mère virginale, Marie, et parfois même l’invoquent avec piété. De plus ils attendent le jour du jugement où Dieu rétribuera tous les hommes ressuscités. Aussi ont-ils en estime la vie morale et rendent-ils un culte à Dieu, surtout par la prière, l’aumône et le jeûne ". Bien plus, le Concile " exhorte tous à oublier le passé et s’efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu’à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté.36
1. Application du Concile Vatican II
Jean Paul II s’est fait un devoir d’appliquer les recommandations du Concile Vatican II. Il a élevé le Secrétariat pour les non-chrétiens, créé en 1964 par Paul VI, au rang de Conseil pour le dialogue interreligieux, en 1988. Pastor Bonus définit, à l’article 159, la compétence de ce Conseil en ces termes:"Le Conseil favorise et règle les rapports avec les membres et les groupes des religions non-chrériennes et aussi avec ceux qui, d’une manière ou d’une autre, sont dotés d’un sens religieux". Dans ses visites pastorales, il a toujours tenu à prendre contact avec des personnalités et des groupements musulmans. Il a même visité des Pays musulmans et prodigué son enseignement par lequel il insiste sur la convivialité pacifique islamo-chrétienne. Il a enfin toujours eu un comportement respectueux à l’égard des musulmans. De même, il n’a pas manqué de souligner la racine commune qui liait, à l’origine, judaïsme et christianisme.
2. Messages à l’occasion du Ramadan
Dès 1979, un an après avoir pris possession de son ministère du Père commun des fidèles, Jean Paul II s’est adressé aux Evêques d’Afrique, réunis en Assemblée ordinaire de printemps à Rome en ces termes: "Chrétiens et musulmans pourraient assumer ensemble dans le monde d’aujourd’hui le témoignage public de leur foi en Dieu créateur et Maître de l’histoire. La laïcisation de la vie sociale pèse finalement sur la liberté de l’homme qui doit assumer seul sa vie dans la foi".37
Chaque année, à l’occasion du Ramadan, fête de la rupture du jeûne, le secrétariat devenu plus tard le Conseil pour le dialogue interreligieux a pris l’habitude d’adresser au monde musulman un message dans lequel il exprime sa sympathie et ses vœux.
3. Visites de Pays à prédominance musulmane
On peut situer dans ce cadre de sympathie pour l’Islam les visites effectuées par le Saint Père à des Pays musulmans tels que:
- la Turquie en 1979 où il a rappelé l’enseignement de Vatican II sur l’Islam.38
- le Maroc en 1985 où il s’est adressé aux jeunes musulmans pour leur dire entre autres : " Je crois que nous, chrétiens et musulmans, nous devons reconnaître avec joie les valeurs religieuses que nous avons en commun et en rendre grâce à Dieu.39
- le Soudan, le Bénin et l’Ouganda en 1993 .A propos du Soudan où il a passé une journée, il dit : "Il faut parler aussi des problèmes qui intéressent nos relations avec les disciples de la grande religion qu’est l’Islam, en cherchant à y faire face avec un esprit ouvert aux solutions possibles."40
- l’Egypte en l’an 2000, visite à la quelle j’ai eu le privilège de participer et où le Saint Père a déclaré à son arrivée au Caire : "L’avènement de l’Islam a donné des splendeurs au niveau de l’art comme du savoir, et celles-ci ont exercé une influence déterminante dans le monde arabe et en Afrique."41
- La Syrie, en l’an 2001, où il a visité la mosquée des Omeyyades à Damas et s’est adressé aux musulmans en leur disant : " Comme membres de la famille humaine et comme croyants, nous avons des obligations quant au bien commun, à la justice et à la solidarité. Le dialogue interreligieux conduira à des formes variées de coopération, particulièrement en répondant à notre devoir de prendre soin du pauvre et du faible."42
4. Son enseignement
Je me permets de prendre un spécimen de cet enseignement lumineux qui prône la convivialité islamo-chrétienne dans l’Exhortation Apostolique: " une espérance nouvelle pour le Liban ", où il dit : " Ayant vécu côte à côte pendant de longs siècles, tantôt dans la paix et la collaboration, tantôt dans l’affrontement et les conflits, les chrétiens et les musulmans au Liban doivent trouver dans le dialogue respectueux des sensibilités des personnes et des différentes communautés la voie indispensable à la convivialité et à l’édification de la société". Et de souligner la présence des délégués fraternels musulmans à l’Assemblée spéciale du Synode des Evêques pour le Liban, tenu à Rome en 1995, il dit : "Je remercie les délégués fraternels musulmans et druzes de leur présence à l’assemblée synodale et de leur participation active au dialogue."43
5. Les deux Journées de prière à Assise
C’est dans le cadre du dialogue interreligieux que Jean Paul II à convoqué à une journée de prière à Assise par deux fois en 1986 et en 1999, auxquelles j’eu l’honneur de prendre part.
La première journée rassemblait environ cent trente responsables appartenant à toutes le communautés chrétiennes et à toutes les religions non chrétiennes qui ont été les hôtes du Pape à Assise pour prier et jeûner pour la paix. Cette journée a été vécue aussi à travers le monde par un grand nombre de croyants.44
La seconde journée réunissait près de deux cents participants de vingt traditions religieuses différentes. Dans son discours de clôture de cette Assemblée interreligieuse, Jean Paul II souligne que: "Toute utilisation de la religion visant à promouvoir la violence est un abus de la religion. La religion n’est pas et ne doit pas devenir un prétexte pour les conflits, en particulier lorsque l’identité religieuse, culturelle et ethnique coïncident. La religion et la paix vont de pair : faire la guerre au nom de la religion est une contradiction flagrante."45
II. Le Judaisme
Comme pour l’Islam, Vatican II a exprimé son estime pour la religion juive. Il dit notamment que: "l’Eglise du Christ, en effet, reconnaît que les prémices de sa foi et de son élection se trouvent, selon le mystère divin du salut, dans les Patriarches Moïse et les prophètes. Elle confesse que tous les fidèles du Christ, fils d’Abraham selon la foi, sont inclus dans la vocation de ce patriarche et que le salut de l’Eglise est mystérieusement préfiguré dans la sortie du peuple élu de la terre de servitude". Il ajoute: "Encore que des autorités juives, avec leurs partisans, aient poussé à la mort du Christ, ce qui a été commis durant sa passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les juifs vivant alors, ni aux juifs de notre temps."46
Ce passage,on se le rappelle bien ,a soulevé, en son temps, une tempête de protestation dans le monde musulman, surtout chez les Palestiniens, toujours en conflit sanglant, depuis plus d’un demi siècle, avec les israéliens.
Aussitôt après Vatican II, en 1967, le Saint-Siège a établi un office pour les relations entre catholiques et juifs, devenu plus tard " la Commission pour les relations religieuses avec les juifs.
En 1974, Cette commission a été incluse dans le Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens. Cette commission a publié, cette même année, un guide et des suggestions pour l’application de Nostra Aetate qui ont servi de base pour le dialogue avec le Judaïsme. En 1985, cette même commission a publié des "Notes pour une correcte présentation des juifs et du Judaïsme dans la prédication de l’Eglise Catholique". On y lit en conclusion: "Nos deux traditions sont si parentes qu’elles ne peuvent pas s’ignorer .Il faut encourager une connaissance mutuelle à tous les niveaux".
Sensibilité de la question juive
Dès son accès à la chaire de Pierre, Jean Paul II a manifesté sa volonté d’être fidèle à l’enseignement du Concile. Par ailleurs, dès son enfance dans son pays natal, la Pologne, il a eu une sensibilité aiguë de la question juive, en raison des amitiés qu’il avait nouées avec quelques compatriotes juifs, selon l’avis de l’un ou de l’autre de ses biographes.
"Pour le grand public catholique, deux gestes symboliques très forts ont marqué ce pontificat : l’un vers le début, celui de la visite à la grande synagogue de Rome en avril 1986, l’autre celui de la prière au Mur des lamentations en mars 2000. Quatorze années séparent ces deux évènements. Exactement à mi-chemin des deux, l’historien retiendra un troisième : l’" accord fondamental" signé entre le Saint – Siège et l’Etat d’Israël en décembre 1993".47
Dans son discours en réponse au Grand Rabin de Rome Elio Toaff, lors de sa visite à la grande synagogue de Rome, Jean Paul II a souligné trois points essentiels :
"Le premier est que l’Eglise du Christ découvre son "lien " avec le Judaïsme " en scrutant son mystère".
Le second point,relevé par le Concile est que, aux Juifs en tant que Peuple, on ne peut imputer aucune faute ancestrale ou collective pour"ce qui a été accompli durant la Passion de Jésus".
Le troisième point que je voudrais souligner dans la Déclaration conciliaire est la conséquence du second: Il n’est pas permis de dire, malgré la conscience que l’Eglise a de son identité propre, que les juifs sont "réprouvés ou maudits", comme cela était enseigné ou pouvait être déduit des Ecritures Saintes". 48
Lors de son pèlerinage très réussi en Terre Sainte en l’an 2000, Le Saint Père a eu des gestes très émouvants, particulièrement sa méditation devant le mur occidental du temple de Jérusalem.
Il s’est avancé tout seul et a conclu sa méditation en déposant dans un creux du mur cette prière :
Dieu de nos Pères,
Tu as choisi Abraham et sa descendance pour que ton nom soit apporté aux nations :
Nous sommes profondément attristés par le comportement de ceux qui, au cours de l’histoire, les ont fait souffrir, eux qui sont tes fils, et, en te demandant pardon, nous voulons nous engager à vivre une authentique fraternité avec le Peuple de l’Alliance.
Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.
Dimanche 26 mars 2000
Jean- Paul II 49
Il y eut cependant plusieurs sujets de controverses entre chrétiens et juifs. Citons en passant le Carmel d’Auschwitz qui a été remplacé par un centre d’étude juif, en 1992 ; l’attitude de Pie XII face à l’extermination des Juifs, bien qu’il ait condamné cette extermination; la canonisation d’Edith Stein, Sœur Thérèse de la Croix, en 1998 ; le document de la commission pour les rapports religieux avec le judaïsme daté de mars 1998 qui est une réflexion sur la Shoah qui fut "certainement la souffrance pire de toutes". 50 On ne peut, après tout ignorer la tragédie qui se déroule depuis déjà plus d’un demi siècle, sur la Terre Sainte entre Juifs et Palestiniens, et qui est à la base de la déstabilisation de toute la région du Moyen-Orient.
Conclusion
En ce jour de célébration de son lumineux Pontificat, entouré par le Collège cardinalice dont les membres sont venus de tous les horizons du monde catholique, soutenu de partout par la prière de ses Fidèles, objet d’admiration pour le monde chrétien et le monde tout court, Sa Sainteté le Pape Jean Paul II a bien mérité et de l’Eglise et de l’Humanité pour lesquelles il a toujours tracé, au prix de sa santé, le chemin à suivre, qui n’est autre que le chemin de celui qui a dit : "Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie."51
AD MULTOS ANNOS
_______________
1 - Jn 17 : 21
2 - U.R. N°1
3 - Ut Unum Sint N°9
4 - Eph 4 : 5-6
5 - Ut Unum Sint N° 15
6 - ibid N° 19
7 - The Bishop and his ministry P 290
8 - ibid P 291
9 - When a Pope asks forgiveness P 68
10 - Ut Unum Sint N° 21
11 - ibid N° 15
12 -ibid N° 28
13 -ibid N° 34
14 - ibid N° 35
15 - ibid N° 36
16 - ibid N¨° 40
17 - D.C. 1993 N°2075 P. 626
18 - New Catholic Encyclopedia P.71
19 - Ut Unum Sint N° 52
20 - ibid N° 52
21 - ibid N° 53
22 - New catholic Encyclopedia P.71
23 - UUS N° 45
24 - The Bishop and his ministry P.294
25 - D .C. 1994 N° 2100 P.782
26 - D.C. 2001 N° 2247 P.411
27 - UUS N° 88
28 - ibid 94
29 - ibid 96
30 - D.C. 1998 P. 952
31 - Directoire Œcuménique N° 123
32 - D.C.1980 P. 223
33 - UUS N° 42
34 - The Bishop and his Ministry P296
35 - Nostra Aetate N°2
36 - Ibid N°3
37 - D.C. 1979 P 761
38 - ibid. 1979 P 1052
39 - ibid. 1985 p .945
40 - ibid. 1994 p. 102
41 - ibid. 2000 p. 261
42 - ibid 2001 p. 479
43 - ibid. 1997 p .533
44 - ibid 1986 p. 1065
45 - ibid 1999 p. 1090
46 - Nostra Aetate N° 4
47 - Lumière et Vie 2003 p. 22
48 - D.C. 1986 p. 437-438
49 - ibid 1998 p. 952
50 - ibid 1998 p. 337
51 - Jn 14 : 6
[01613-03.05] [Texte original: Français]
● INTERVENTO DELL’EM.MO CARD. ALFONSO LÓPEZ TRUJILLO
Santo Padre,
Eminentísimos Señores Cardinales:
Introducción
La proclamación entusiasta del Evangelio de la familia y de la vida, como "estupenda noticia" y la profundización en la identidad y misión de la Iglesia doméstica, santuario de la vida, como verdad que humaniza plenamente a los esposos, a los hijos y a la humanidad, ocupan sin duda un puesto privilegiado en el corazón de Pastor universal.
Como Maestro de la fe, su Magisterio ha asegurado y garantizado la identidad y la dinámica evangelizadora de la familia, única institución en el designio creacional de Dios, capaz de formar integralmente al hombre. Ha consagrado sus energías no sólo para anunciar, sino para liberar la verdad, rescatándola de la tormenta de una crisis en una sociedad enferma, que deshumaniza. Como expresa San Pablo, la verdad es aprisionada y sofocada por la impiedad y la mentira (cfr. Rm 1, 18.25).
Un avanzado proceso de secularismo, que ha pretendido desterrar a Dios de la sociedad, vacía al hombre y lo precipita a su degradación, arrancando los valores centrales de la familia y de la vida. Es la enfermedad del espíritu privado de la verdad que le roba su humanidad, como ya intuía Romano Guardini. El anuncio de la verdad y su liberación, se tornan vigorosa defensa de la familia y de la vida, hoy tan amenazadas.
Ha sido el centro unificador de su enseñanza la verdad del hombre, su misterio que sólo se manifiesta en plenitud a la luz del misterio del Verbo Encarnado (cfr. GS 22). Por "Aquel que ha penetrado, de modo único e irrepetible, en el misterio del hombre y ha entrado en su corazón" (RH 8). El Papa clama para que la humanidad se abra a Cristo que manifiesta al hombre plenamente su misterio. "El hombre no puede escaparse a los ojos de Dios. Buscando esconderse de él, se esconde a sí mismo" (Martin Buber, Il cammino dell’uomo, Ed. Qiqajon, Bose 1990).
Con su experiencia de Pastor en Cracovia, con un bagaje académico que ha permitido un diálogo con las culturas fiel a la verdad del hombre y abierto a la esperanza, no sólo con la abundancia y profundidad de sus escritos, sino también con su testimonio y solicitud pastoral, ha impreso un dinamismo renovado a la Iglesia en este campo vital y decisivo para el porvenir.
Quisiera tan solo esbozar, a grandes rasgos, algunos importantes aspectos de lo que ha representado en esta causa, que es la del Señor, el fecundo y providencial Pontificado de Juan Pablo II, durante los cinco lustros que con gozo y reconocimiento celebramos.
Haré referencia primero al servicio del Santo Padre, al interior de la Iglesia, y luego a lo que ha representado su labor respecto a la entera sociedad, a la entera humanidad.
I. El servicio a la familia y a la vida en la Iglesia
1) La familia, corazón de la evangelización
En una definida perspectiva evangelizadora, porque el anuncio del Evangelio es el respirar de la comunidad cristiana, sus esfuerzos se han puesto en convergencia con la identidad de la familia según el designio de Dios. La Buena Nueva suscita admiración y es acogida en su originalidad con entusiasmo. El Santo Padre fue el Relator generalis del Sínodo sobre la Evangelización que se plasmó en la Exhortación Apostólica Evangelii nuntiandi, de Pablo VI, que tan decidida y singular influencia de renovación ha tenido.
La comunidad de los creyentes se ha visto notablemente enriquecida doctrinal y pastoralmente con la enseñanza de Juan Pablo II. Sobre todo con ese tríptico, centro de referencia indispensable, constituido por: 1) la Exhortación Apostólica Familiaris consortio, fruto del Sinodo sobre la Familia del 1980, el primero de su Pontificado, 2) la Carta a las Familias, Gratissimam sane, con ocasión del Año Internacional de la Familia, en que retoma, profundizándolos, temas centrales para la identidad de la familia y su misión, y 3) la Encíclica Evangelium vitae, el más vigoroso anuncio y defensa del evangelio de la vida.
Sería necesario emplear mucho tiempo para poder referirme a tantos otros significativos escritos como la Mulieris dignitatem —en que subraya la misión irreemplazable de la mujer como esposa, madre, hermana, y el beneficio que aporta a la sociedad en su progresiva inserción, sin discriminación—; la Carta a los niños —en que aboga en un diálogo lleno de ternura por la dignidad del niño, tantas veces conculcada—; etc.; las "Catequesis del amor humano", recogidas con el título de "Varón y Mujer lo creó". Ocupan varios volúmenes las homilías, particularmente de los viajes pastorales, así como los mensajes y discursos, que constituyen una rica mina de enseñanzas. Ha sido un período de aportes densos y múltiples que han dado un dinámico impulso doctrinal y pastoral.
Mención especial merecen los mensaje y las homilías en los Encuentros Mundiales con las familias, del Año de la Familia en Roma (1994), en Rio de Janeiro (1997), en el Jubileo de la Familia (2000) y el mensaje televisivo de Manila (en enero de este año). Estos Encuentros Mundiales convocados por el Papa han sido hechos de Iglesia en que las familias han experimentado la cercanía amorosa del Sucesor de Pedro y constituyen una oportunidad singular, de asumir compromisos con especial ardor y de ahondar en la riqueza doctrinal, para dar con renovado vigor "razón de nuestra esperanza" (cfr. 1P 3, 15). El Santo Padre ha convocado el V Encuentro Mundial para el año 2006 en Valencia, España.
El Magisterio del Papa hace presente que la Iglesia doméstica es evangelizada; transformada al calor del Evangelio, ofrece al mundo la verdad recibida. Ella misma se torna modelo, estilo de vida. Los rasgos distintos de fidelidad y defensa de la vida son fuertemente reafirmados. "Se casan como todos y engendran hijos, pero no abandonan a los nacidos. Tienen la mesa en común, pero no el lecho" (Carta a Diogneto, V.7; Funk 1, 318). Sirve así de modo original y especial a la comunidad de los creyentes en la viva transmisión de la fe, sobre todo en la participación litúrgica y la oración. En la plegaria familiar son transmitidos los rudimentos de la fe y se abre el corazón a la paternidad de Dios.
Quisiera subrayar ahora tan sólo algunos aspectos de la enseñanza del Papa que pueden, entre otros, ser registrados como una constante que ha vigorizado de singular manera la reflexión teológica y el compromiso pastoral. Ante los graves y crecientes desafíos presentes, lejos de suscitar desconcierto y una actitud resignada o pesimista, con el ardor de su enseñanza, la Iglesia ha mantenido fresco el entusiasmo responsable fundado en las formidables energías que el Señor derrama sobre las familias.
La plena vigencia de la familia, fundada sobre el matrimonio, y la fidelidad de la gran mayoría, como vivo testimonio, son la mejor respuesta a quienes aseguraban la extinción de esta institución natural que, vuelta añicos por nuevos proyectos culturales y políticos, sería sustituida por otros modelos y alternativas que alteran el tejido sano de la comunión conyugal. Hay signos esperanzadores que suscitan una renovada confianza en el futuro.
2) Una enseñanza de espesor antropológico iluminante
Es la verdad del hombre la que se quiere poner en tela de juicio, su "misterio", su vocación. Es lo "humanum" lo que se encuentra en peligro. ¿El hombre ha de asistir impotente al drama de su deshumanización, vaciado de los valores que lo realizan como imagen de Dios? ¿Debe rendirse ante una cultura que, mientras parece exaltarlo, le roba su dignidad humana y lo trata como un instrumento y un objeto? Asistimos a la "conspiración" de tantos parlamentos y a las presiones y ambigüedades de toda índole, que llegan a proclamar otros derechos humanos sustitutivos de los que son fundamentales.
La familia sería la negación de la libertad, el lugar de la esclavitud para la mujer, su vocación maternal un obstáculo, culturalmente impuesto a su realización; los hijos una carga pesada, la estabilidad y la fidelidad del amor conyugal una quimera, y no un bien fundamental para el hombre y la sociedad. Se le niega su espesor social, su capacidad de hacer felices a los esposos y a los hijos, haciéndolos verdaderamente humanos.
Se viola la sacralidad e inviolabilidad de la vida humana que corrobora el artículo tercero de la Declaración universal de los derechos humanos, pero que, con el recurso a incontables y crueles excepciones, somete a la ejecución capital al ser más inocente, el "nascituro". Es una masacre mundial que pone de manifiesto a qué degradación conduce la cultura de la muerte.
El embrión es reducido a objeto, a cosa, a material manipulable, víctima de toda clase de experimentos que atentan contra su incolumidad, como en la técnicas de fecundación asistida y con el grave riesgo para la humanidad de la clonación reproductiva y terapéutica. Se repite el mito de la Medusa: todo lo que cae bajo su mirada se convierte en cosa.
La enseñanza del Papa levanta los espíritus, para buscar y encontrar la verdad que redime y libera. En la Gratissimam sane hace resonar el Papa su voz de alarma, al expresar: "En semejante perspectiva antropológica (...) el hombre deja de vivir como persona y sujeto. No obstante las intenciones y declaraciones contrarias, se convierte exclusivamente en objeto". Y más adelante advierte: "El racionalismo moderno no soporta el misterio. No acepta el misterio del hombre, varón y mujer, ni quiere reconocer que la verdad plena sobre el hombre ha sido revelada en Jesucristo. Concretamente, no tolera el ‘gran misterio’, anunciado en la carta a los Efesios, y lo combate de modo radical" (Grat. San. 19).
Frente a los intentos de desmontar la estructura familiar pieza por pieza, la enseñanza del Santo Padre es una barrera moral de autoridad reconocida, incluso por quienes no comparten nuestra fe.
El Santo Padre ha tomado un texto clave del Concilio Vaticano II, al cual muchas veces hace referencia (cfr. Grat. san. 14):
"Como afirma el Concilio, el hombre ‘es la única criatura en la tierra a la que Dios ha amado por sí misma’" (ibid. 9; GS 24).
Dios ‘ama’ al hombre como un ser semejante a Él, como persona. "Persona significat quod est perfectissimum in tota natura" (Sto. Tomás de Aquino, STh I, q. 29, a. 3). La Encíclica Veritatis splendor enseña: "Es a la luz de la dignidad de la persona –una dignidad que debe ser afirmada por sí misma– como la razón capta el valor moral específico de ciertos bienes, hacia los cuales la persona humana está naturalmente inclinada. Y como la persona humana no puede estar reducida a una libertad de auto-designio, sino que supone una estructura espiritual y corporal, el requerimiento moral y primordial de amar y respetar a la persona, como un fin y nunca como un mero medio, también implica, por su naturaleza, respeto por ciertos bienes fundamentales" (VS, 48). Este hombre, todo hombre, es creado por Dios "por sí mismo" (Grat. san. 9). "Aperta manu clave amoris, creaturae prodierunt" (Sto. Tomás de Aquino, Liber II Sent. dist. 2 prol.). "El nuevo ser está destinado a expresar plenamente su humanidad, a ‘encontrarse plenamente’ como persona" (Grat. san. 9). "En efecto, la familia es —más que cualquier otra realidad social— el ambiente en que el hombre puede vivir ‘por sí mismo’" (ibid. 11). Esto es fundamental para mostrar cómo el hombre "imagen" no puede ser tomado y usado como objeto, cómo instrumento, como "producto", desde el momento de la concepción hasta la muerte natural, grave tentación de una cultura científico-tecnológica que se quiere reservar su dominio como un absoluto: "El utilitarismo es una civilización basada en producir y disfrutar; una civilización de las ‘cosas’ y no de las ‘personas’; una civilización en la que las personas se usan como si fueran cosas (...). La mujer puede llegar a ser un objeto para el hombre, los hijos un obstáculo para los padres, la familia una institución que dificulta la libertad de sus miembros (...). Es evidente que en semejante situación cultural, la familia no puede dejar de sentirse amenazada, porque está acechada en sus mismos fundamentos" (ibid. 13).
Si "la familia ha sido considerada siempre como la expresión primera y fundamental de la naturaleza social del hombre (...), la más pequeña y primordial comunidad humana" (ibid. 7), "singular comunión de personas" (ibid. 10) en la sociedad, de un "nosotros", "la familia, comunidad de personas, es por consiguiente la primera ‘sociedad’ humana" (ibid. 7). Esto debe traducirse, a la luz del primado de la persona.
El hombre debe ser "el principio, el sujeto y el fin de todas las instituciones sociales" (GS 25) y el orden social por tanto y su progreso deben siempre dejar prevalecer el bien de las personas, porque el orden de las cosas debe estar subordinado al orden de las personas (cfr. GS 26).
Esto ha de traducirse en realidad enfrentando los programas de ingeniería social que manipulan a las personas como piezas de ajedrez, en el utilitarismo a que se ha hecho mención, y en una concepción individualista que niega a la familia su dignidad de sujeto social. Ella integra a sus miembros padres e hijos, no tomados separadamente, en un individualismo tal que no responde al conjunto de relaciones personales, que es la familia. En ella tienen significativa y "justa aplicación los derechos de las personas que la componen" (Grat. san. 17).
Ha recomendado vivamente el Papa la Carta de los Derechos de la Familia, valioso instrumento de diálogo, plenamente vigente, que partiendo de los principios morales afirmados, consolida la existencia de la institución familiar en el orden social y jurídico de la "gran" sociedad (cfr. Grat. san. 17).
Un aspecto digno de tener en cuenta es la defensa del Papa de la "soberanía" de la familia. "La familia, como comunidad de amor y de vida, es una realidad social sólidamente arraigada y, a su manera, una sociedad soberana, aunque condicionada en varios aspectos" (ibid.) y "al participar del patrimonio cultural de la nación, contribuye a la soberanía específica que deriva de la propia cultura y lengua" (ibid.). La intervención del Estado con relación a la familia debe enmarcarse, en aquello en lo que no es autosuficiente, en el principio de subsidiariedad, en el respeto de los derechos de la familia.
En el texto clave que el Papa comenta según el cual el hombre es la única criatura sobre la tierra amada por Dios, por sí misma, prosigue profundizando en lo que el Concilio dice a continuación, a saber que el hombre "no puede encontrarse plenamente a sí mismo sino en la entrega sincera de sí mismo" (GS 24).
A esto consagra no solamente el número 11 de la Gratissimam sane, sino preciosas consideraciones en distintos lugares.
Este don sincero de sí, que realiza al hombre en plenitud, hace que "en este entregarse recíproco se manifieste el carácter esponsal del amor" (Grat. san. 11). Obliga más fuertemente que cualquier bien comprado e imprime "la lógica de la entrega sincera" (ibid.) que entra en la vida del hombre y de la mujer. La conclusión del Papa es contundente: "Sin aquélla, el matrimonio sería vacío" (ibid.).
En la promesa de los esposos "Prometo serte fiel... todos los días de mi vida"— se enfatiza una fidelidad plena, una entrega de la persona que por su naturaleza es "duradera e irrevocable" (ibid.), abierta a la vida.
En el don sincero de sí se fundan pues las conocidas notas de fidelidad, exclusividad, permanencia hasta la muerte y apertura a la vida, que la Humanae vitae iluminaba con vigor profético (cfr. HV 9) y que Juan Pablo II ha ahondado notablemente desde la lógica de la entrega. "La fecundidad es el fruto y el signo del amor conyugal, el testimonio vivo de la entrega plena y recíproca de los esposos" (FC 28). Un amor condicionado, ad tempus, que se cierra a la vida nueva por temor, desconfianza o hedonismo, es una traición a la sinceridad y totalidad de la entrega. "El anticoncepcionismo impone un lenguaje objetivamente contradictorio, es decir, el de no darse al otro totalmente: se produce, no sólo el rechazo positivo de la apertura a la vida, sino también una falsificación de la verdad interior del amor conyugal, llamado a entregarse en plenitud personal" (FC 32).
Es la lógica del bien que por su naturaleza es "difusivo", en un amor exigente, que en el misterio de Cristo que se entrega hasta el fin encuentra la fuente de la cual emanan admirables energías. Por la presencia del Resucitado en la Iglesia doméstica, ella que se encuentra al centro de este gran combate entre el bien y el mal, recibe el mandato de "liberar las fuerzas del bien, cuya fuente se encuentra en Cristo, redentor del hombre" (Grat. san. 23).
3) A la luz del misterio de Cristo
Todo está referido a Cristo, "Aquel que ha penetrado, de modo único e irrepetible, en el misterio del hombre y ha entrado en su corazón" (RH 8). Por eso "los esposos tienen en Cristo un punto de referencia para su amor esponsal" (Grat. san. 19).
Uno de los textos del Concilio más estudiados por el Papa (GS 22), es también hilo conductor de la Redemptor hominis: "El hombre que quiere comprenderse hasta el fondo a sí mismo (...) debe, con su inquietud, incertidumbre e incluso con su debilidad y pecaminosidad, con su vida y con su muerte, acercarse a Cristo. Debe, por decirlo así, entrar en El con todo su ser, debe ‘apropriarse’ y asimilar toda la realidad de la Encarnación y de la Redención para encontrarse a sí mismo" (RH 10).
Por eso la familia debe vivir su vocación en un clima de oración, de diálogo con el Señor que siempre manifiesta su amor y lleva a una mejor comprensión de su naturaleza y misión.
En Cristo, que sale al encuentro de los esposos, la verdad de la familia "puede llegar a ser verdaderamente la gran ‘revelación’, el primer descubrimiento del otro: el descubrimiento recíproco de los esposos y, después, de cada hijo o hija que nace de ellos" (Grat. san. 20). El gran misterio de la Carta a los Efesios (cfr. 5, 32), se torna también un valor de gran importancia eclesial, "no se puede, pues, comprender a la Iglesia como cuerpo místico de Cristo, como signo de la alianza del hombre con Dios en Cristo, como sacramento universal de salvación, sin hacer referencia al ‘gran misterio’, unido a la creación del hombre varón y mujer, y a su vocación para el amor conyugal" (Grat. san. 19). Esta consideración ha enriquecido los Sínodos continentales, particularmente el de Africa.
II. Aspectos pastorales
Dice el Santo Padre a los Obispos: "El primer responsable de la pastoral familiar en la diócesis es el obispo. Como Padre y Pastor debe prestar particular solicitud a este sector, sin duda prioritario, de la pastoral. A él debe dedicar interés, atención, tiempo, personas, recursos; y sobre todo apoyo personal a las familias y a cuantos, en las diversas estructuras diocesanas, le ayudan en la pastoral de la familia" (FC 73).
Esto que como Pastor recomienda, primero lo ha hecho realidad en su ministerio.
Se refiere a un sector sin duda prioritario de la pastoral. La evangelización y el futuro de la humanidad pasan por la familia (cfr. FC 86), lo mismo que el porvenir de la Iglesia que el Señor acompaña hasta el fin de los tiempos. No la abandonará sino que derramará sobre ella la abundancia de sus gracias.
Deber principal de los maestros de la fe es el de repartir el pan de la verdad. Para ello recomienda a los sacerdotes que su enseñanza y sus consejos estén siempre en consonancia con el Magisterio auténtico de la Iglesia, cuidando con todo empeño la unidad de sus juicios, para evitar a los fieles ansiedades de conciencia (cfr. FC 73).
Especial importancia concede el Papa a la preparación de los Agentes de Pastoral ante unos desafíos tan complejos y exigentes, en instituciones adecuadas académica y pastoralmente para tal cometido.
Hoy las Conferencias Episcopales reconocen e impulsan la dimensión prioritaria de la pastoral familiar y sus estructuras cuentan con Comisiones Episcopales para la familia y la vida.
Recomienda que en las Diócesis y en las Conferencias Episcopales haya órganos de la pastoral familiar que coordinen y dinamicen esta labor a partir de las mismas familias, las parroquias y los movimientos, lo cual redundará en el robustecimiento de la pastoral orgánica en sus diversas manifestaciones (cfr. Alocución del Santo Padre a la X Asamblea Plenaria del Pontificio Consejo para la Familia, 30/1/1993).
Siguiendo las pautas renovadoras del Sínodo de la familia, erigió, con honda intuición, el Pontificio Consejo para la Familia, el Pontificio Instituto para Estudios sobre el Matrimonio y la Familia que lleva su nombre, en la Universidad Lateranense, y posteriormente la Academia Pontificia para la Vida.
III. Cometidos sociales y políticos
El Santo Padre ha puesto especial atención a que la familia no se encierre en sí misma sino que se abra plenamente a la sociedad con la cual "posee vínculos vitales y orgánicos", porque es su principio y fundamento, y como recuerda Familiaris consortio citando al Concilio Vaticano II, su "célula primera y vital" (cfr. FC 42; AA 11).
El Sínodo de la familia recordó que "la familia constituye el lugar natural y el instrumento más eficaz de humanización y de personalización de la sociedad: colabora de manera original y profunda en la construcción del mundo, haciendo posible una vida propiamente humana..." (FC 43).
Pone en guardia contra una sociedad cada vez más masificada y despersonalizada, que se vuelve inhumana y deshumanizante (cfr. FC 43).
La familia es una forma insustituible de expresión social y ofrece una contribución original. Por eso el bien de la familia constituye un bien indispensable e irrenunciable. Las familias deben esforzarse para que "las leyes y las instituciones del Estado no sólo no ofendan, sino que sostengan y defiendan positivamente los derechos y los deberes de la familia" (FC 44). Numerosas familias sufren el desconocimiento de estos derechos por parte de instituciones y leyes (cfr. FC 46).
El Santo Padre ha sido el abogado universal de los derechos fundamentales de la familia, en los grandes foros mundiales, ante los jefes de Estado, en los Parlamentos, en el diálogo con los políticos. Ha sido decidido defensor de los derechos sobre todo de las familias pobres, de los pueblos pobres sometidos a políticas arbitrarias de los poderosos que sin respetar su soberanía los invaden con presiones y exigencias indebidas, reñidas con su cultura y dignidad. Así ha resonado su palabra llena de autoridad ante el mito de la sobrepoblación que sirve de recurso para un control natal irrespetuoso e inhumano, con políticas que son instrumento de nuevas ideologías contra los más débiles.
Ha rebatido la concepción neo-malthusiana que excluye del banquete de la vida a los menos favorecidos y privilegia el dominio y la opulencia de los prepotentes. Asume plenamente el desafío del Discurso de Pablo VI a la Asamblea General de las Naciones Unidas (4/10/1965): "Vuestra tarea es hacer de modo que abunde el pan en la mesa de la humanidad y no auspiciar un control artificial de los nacimientos, que sería irracional, con miras a disminuir el número de convidados al banquete de la vida ".
El Santo Padre Juan Pablo II ha interpelado a los jefes de Estado ante los falsos estilos de vida que se pretendía imponer en la conferencia de El Cairo, y ha invitado a los legisladores a que no den curso a leyes inicuas sino a un cuerpo de leyes que apoyen y permitan el cumplimiento de la misión de la familia.
Denuncia el Papa los riesgos de una cultura de la muerte que ha llegado hasta el colmo, en una extendida confusión conceptual, propia de una sociedad enferma, de convertir el "delitto" en "diritto" (cfr. EV 11).
Frente a los problemas enormes y dramáticos de la justicia en el mundo, de la libertad y de la paz, la familia cristiana "constituye una energía interior que origina, difunde y desarrolla la justicia, la reconciliación, la fraternidad y la paz entre los hombres" (FC 48). Ha apelado a un nuevo orden internacional, ante las dimensiones mundiales que caracterizan los problemas sociales.
La familia consciente de su papel social y político, que constituye un bien para la humanidad, está llamada a ser corazón de la civilización del amor. Fue este el tema del primer Encuentro Mundial con las familias, en Roma, 1994.
Es impresionante la insistencia del Papa para que se entienda cómo la sistemática y programada hostilidad contra la familia y la vida destruye el tejido social y cercena las esperanzas de los pueblos que no pueden prometerse así un porvenir digno del hombre. Ante los fenómenos de progresivo deterioro de la familia, por legislaciones inicuas, la enseñanza de Juan Pablo II se levanta como una conciencia crítica, forjada en el Evangelio que a la vez invita a propugnar por todo lo que realmente humaniza al hombre. Es ésta una grave responsabilidad de los políticos.
La democracia no debe convertirse en una dictadura de las mayorías en los parlamentos, de espaldas al verdadero bien de la sociedad. Es una forma de "verdad política" que se impone arbitrariamente. Recomienda el Papa el respeto al espíritu de la ley. "Esto significa que las leyes, sean cuales fueren los campos en que interviene o se ve obligado a intervenir el legislador, tienen que respetar y promover siempre a las personas humanas en sus diversas exigencias espirituales y materiales, individuales, familiares y sociales. Por tanto, una ley que no respete el derecho a la vida del ser humano —desde la concepción a la muerte natural, sea cual fuere la condición en que se encuentra, sano o enfermo, todavía en estado embrionario, anciano o en estadio terminal— no es una ley conforme al designio divino" (Juan Pablo II, Discurso durante el Jubileo de Gobernantes, Parlamentarios y Políticos, 4/11/2000).
En la Carta a Diogneto leemos: "lo que es el alma en el cuerpo, esto son los cristianos en el mundo" (VI.1, Funk 322). El Evangelio de la familia ha de resonar en el mundo y debe suscitar "aquel asombro originario que, en la mañana de la creación, movió a Adán a exclamar ante Eva: ‘Es hueso de mis huesos y carne de mi carne’ (Gn 2, 23)" (Grat. san. 19). Es la realidad del matrimonio, patrimonio de la humanidad, que el Señor elevó a la altísima dignidad de sacramento, en la abundancia de su amor. Al Evangelio que reanima y humaniza el mundo, Juan Pablo II ha consagrado lo mejor de sus preciosas energías.
Santo Padre. Por toda esta solicitud ministerial y magisterial, y en particular, por cuanto habéis hecho y seguís haciendo durante estos veinticinco años, incansablemente, para la promoción de la familia y de la vida, deseo renovar, Santidad, en nombre también de quienes, en distintos campos hemos sido asociados generosamente a Vuestra histórica batalla por la verdad, la expresión de mi reconocimiento y gratitud.
El Señor, Jesucristo, Señor de la familia y de la vida, proteja siempre a Vuestra Santidad y lo asista en su generosa entrega de Vicario Suyo en la tierra.
[01614-04.03] [Texto original: Español]
[B0516-XX.03]