Alle 11.00 di oggi, nella Sala Regia del Palazzo Apostolico Vaticano, il Santo Padre Giovanni Paolo II riceve in Udienza i Membri del Corpo Diplomatico accreditato presso la Santa Sede, per la presentazione degli auguri per il nuovo anno.
Dopo l’indirizzo augurale formulato dal Decano del Corpo Diplomatico, S.E. il Prof. Giovanni Galassi, Ambasciatore della Repubblica di San Marino presso la Santa Sede, il Papa pronuncia il discorso che riportiamo di seguito:
● DISCORSO DEL SANTO PADRE
○ Testo originale in lingua francese
○ Traduzione in lingua italiana
○ Traduzione in lingua inglese
○ Traduzione in lingua spagnola
○ Testo originale in lingua francese
Excellences
Mesdames et Messieurs,
1. Les vœux que votre doyen, l’Ambassadeur Giovanni Galassi, vient de me présenter en votre nom à tous m’ont touché d’autant plus qu’ils me sont offerts aussi au nom des gouvernements et des peuples que vous représentez.
À mon tour de vous adresser, ainsi qu’à vos familles et à ceux qui vous sont chers, les souhaits que je forme du fond du cœur pour que Dieu vous bénisse et accorde à tous les peuples une année de sérénité, de bonheur et de paix.
Monsieur l’Ambassadeur, vos souhaits délicats ont été accompagnés d’une analyse pénétrante de l’actualité internationale de l’année écoulée. L’horizon se présente certes obscur et beaucoup de ceux qui ont connu le grand mouvement vers la liberté et le changement des années quatre-vingt-dix se surprennent aujourd’hui à être tenaillés par la peur d’un avenir redevenu des plus incertains.
Toutefois, pour ceux qui ont mis leur foi et leur espérance en Jésus, né à Bethléem pour se faire l’un de nous, le message angélique a retenti au cœur de la nuit de Noël: «Ne craignez pas ... je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple: aujourd’hui vous est né un Sauveur» (Lc 2, 10-11). L’avenir est grand ouvert, Dieu prend nos chemins!
2. La lumière de Noël donne sens à tous les efforts humains déployés pour que notre terre soit plus fraternelle et plus solidaire, pour qu’il fasse bon y vivre et que l’indifférence, l’injustice et la haine n’aient jamais le dernier mot. Et ici pourrait être citée une longue liste d’actions menées à bien par des gouvernants, des négociateurs ou des volontaires qui, ces derniers temps, ont su mettre leur savoir-faire et leur dévouement au service de la cause de l’homme.
Parmi les motifs de satisfaction, on doit mentionner sans doute l’unification progressive de l’Europe, symbolisée récemment par l’adoption d’une monnaie unique de la part de douze pays. Il s’agit là d’une étape décisive dans la longue histoire de ce continent. Mais il est tout aussi important que l’élargissement de l’Union européenne continue à être une priorité. Je sais également qu’on s’interroge sur l’opportunité d’une Constitution de l’Union. À cet égard, il est fondamental que soient toujours mieux explicités les buts de cette construction européenne et les valeurs sur lesquelles elle doit reposer. C’est pourquoi, non sans une certaine tristesse, j’ai pris acte du fait que, parmi les partenaires qui devront contribuer à la réflexion sur la «Convention» instituée lors du sommet de Laeken le mois dernier, les communautés de croyants n’ont pas été explicitement mentionnées. La marginalisation des religions, qui ont contribué et contribuent encore à la culture et à l’humanisme dont l’Europe est légitimement fière, me paraît être à la fois une injustice et une erreur de perspective. Reconnaître un fait historique indéniable ne signifie pas du tout méconnaître l’exigence moderne d’une juste laïcité des États, et donc de l’Europe!
Il m’est agréable d’évoquer aussi la nouvelle tant attendue de l’amorce d’un dialogue direct entre les responsables des deux communautés de l’île de Chypre. Un parlement légitime au Kosovo est encore de bon augure pour un avenir plus démocratique de la région. Depuis le mois de novembre dernier, les délégations de la République populaire de Chine et de la République de Chine siègent au sein de l’Organisation mondiale du Commerce. Puisse ce développement positif contribuer à féconder tous les efforts accomplis sur le chemin ardu du rapprochement! Les conversations en cours entre les parties au conflit qui déchire depuis tant d’années le Sri Lanka sont sans nul doute à encourager. Ce sont là, en définitive, des avancées significatives sur le chemin de la pacification entre les hommes et les peuples.
3. Mais la lumière qui est venue de la grotte de Bethléem éclaire également, et de manière implacable, les ambiguïtés et les échecs de nos entreprises. En ce début d’année, nous constatons hélas que l’humanité se trouve dans une situation de violence, de détresse et de péché.
Dans la nuit de Noël, nous nous sommes spirituellement rendus à Bethléem et nous avons été contraints hélas de constater que la Terre sainte où le Rédempteur a vu le jour, est toujours, par la faute des hommes, une terre de feu et de sang. Personne ne peut rester insensible à l’injustice dont le peuple palestinien est victime depuis plus de cinquante ans. Personne ne peut contester le droit du peuple israélien à vivre dans la sécurité. Mais personne ne peut oublier non plus les victimes innocentes qui, de part et d’autre, tombent tous les jours sous les coups et les tirs. Les armes et les attentats sanglants ne seront jamais des instruments adéquats pour faire parvenir des messages politiques à des interlocuteurs. La logique de la loi du talion n’est pas non plus adaptée pour préparer les voies de la paix.
Comme je l’ai déjà déclaré maintes fois, seuls le respect de l’autre et de ses légitimes aspirations, l’application du droit international, l’évacuation des territoires occupés et un statut spécial internationalement garanti pour les parties les plus sacrées de Jérusalem, sont capables d’apporter un début de pacification dans cette partie du monde et de briser le cycle infernal de la haine et de la vengeance. Et je souhaite que la communauté internationale, avec des moyens pacifiques et appropriés, soit mise en condition de jouer son rôle irremplaçable, en étant acceptée par toutes les parties au conflit. Les uns contre les autres, les Israéliens et les Palestiniens ne gagneront pas la guerre. Les uns avec les autres, ils peuvent gagner la paix.
La lutte légitime contre le terrorisme dont les odieux attentats du 11 septembre dernier sont l’expression la plus effroyable a redonné encore la parole aux armes. Face à l’agression barbare et aux massacres se pose non seulement la question de la légitime défense, mais aussi celle des moyens les plus aptes à éradiquer le terrorisme, de la recherche des facteurs à l’origine de telles actions, des mesures à prendre pour engager un processus de «guérison» afin de vaincre la peur et d’éviter que le mal s’ajoute au mal, la violence à la violence. Ainsi convient-il d’encourager le nouveau gouvernement installé à Kaboul dans ses efforts en vue d’une effective pacification de tout l’Afghanistan. Je me dois enfin de mentionner les tensions qui opposent, encore une fois, l’Inde et le Pakistan, pour inviter instamment les responsables politiques de ces grandes nations à donner la priorité absolue au dialogue et à la négociation.
Il nous faut aussi entendre la question qui nous est adressée du cœur de cet abîme: la place et l’usage de la religion dans la vie des hommes et des sociétés. Je veux redire ici, devant toute la communauté internationale, que tuer au nom de Dieu est un blasphème et une perversion de la religion, et je veux répéter ce matin ce que j’écrivais dans mon Message du 1er janvier: «C’est une profanation de la religion que de se proclamer terroriste au nom de Dieu, d’user de violence sur les hommes au nom de Dieu. La violence terroriste est contraire à la foi en Dieu Créateur de l’homme, en Dieu qui prend soin de l’homme et qui l’aime» (n. 7).
4. Face à ces manifestations de violence irrationnelle et injustifiable, le grand danger est que d’autres situations passent inaperçues et contribuent à laisser des peuples entiers abandonnés à leur triste sort.
Je pense à l’Afrique, aux pandémies et aux luttes armées qui déciment ses populations. Récemment, lors d’un débat au sein de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies, on faisait remarquer que dix-sept conflits étaient en cours sur le continent africain! Dans une telle situation, la naissance d’une «Union africaine» est en soi une bonne nouvelle. Cette Organisation devrait aider à l’élaboration de principes communs qui unissent tous les États membres, en vue de relever des défis majeurs tels que la prévention des conflits, l’éducation et la lutte contre la pauvreté.
Et comment ne pas mentionner l’Amérique latine dont nous nous sentons toujours si proches ? Dans certains pays de ce grand continent, la persistance d’inégalités sociales, le trafic de drogues, des phénomènes de corruption et de violence armée peuvent mettre en péril les bases de la démocratie et jeter le discrédit sur la classe politique. Tout récemment, la difficile situation en Argentine s’est exprimée par des désordres publics, qui ont douloureusement touché des vies humaines. Cela nous rappelle une fois encore que la recherche du bien authentique des personnes et des peuples doit toujours inspirer l’action politique et économique des instances nationales et internationales. Je veux inviter instamment les habitants de l’Amérique latine, et tout spécialement les Argentins, à maintenir vive leur espérance au milieu des difficultés actuelles, en demeurant conscients que, avec tant de ressources humaines et naturelles, la situation présente n’est pas irréversible et qu’elle peut être surmontée avec l’apport de tous. Pour cela, il est nécessaire de laisser de côté les intérêts privés ou partisans et de promouvoir, par tous les moyens légitimes, l’intérêt de la nation, en revenant aux valeurs morales, ainsi que le dialogue ouvert et franc, et le renoncement au superflu en faveur de ceux qui connaissent toutes sortes de besoins. Dans cet esprit, on doit se souvenir que l’action politique est avant tout un noble, austère et généreux service de la communauté.
5. Cette situation contrastée de notre monde engagé dans le troisième millénaire a un avantage, si je puis m’exprimer ainsi: elle nous met face à nos responsabilités. Chacun est contraint de se poser les vraies questions: la vérité sur Dieu et la vérité sur l’homme.
Dieu n’est pas au service d’un homme ou d’un peuple, et aucun projet humain ne saurait prétendre se l’approprier. Les fils d’Abraham savent que Dieu ne peut être annexé par personne: Dieu, nous le recevons. Devant la crèche, les chrétiens peuvent mieux percevoir que Jésus lui-même ne s’est pas imposé et s’est refusé à employer des moyens de puissance pour promouvoir son règne!
La vérité sur l’homme, qui est créature. L’homme n’est vrai que quand il se reçoit de Dieu dans une attitude de pauvreté. Il n’est conscient de sa dignité que quand il reconnaît en lui et dans les autres la marque de Dieu qui le crée à son image. C’est pourquoi j’ai voulu que le thème du pardon soit au cœur du traditionnel Message pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix du 1er janvier 2002, convaincu que «le service que les religions peuvent rendre à la cause de la paix et contre le terrorisme consiste justement dans la pédagogie du pardon, car l’homme qui pardonne ou qui demande pardon comprend qu’il y a une Vérité plus grande que lui, et qu’en l’accueillant il peut se dépasser lui-même» (n.13).
Cette vérité sur Dieu et sur l’homme, les chrétiens l’offrent à tous les hommes, spécialement à leurs frères et sœurs, fidèles de l’Islam authentique, religion de paix et d’amour du prochain.
6. À vous, Mesdames et Messieurs, je confie ces réflexions, qui naissent de ma prière comme des confidences que je reçois de mes visiteurs. Je vous demande de les relayer auprès de vos gouvernements. Ne nous laissons pas accabler par la dureté de ce temps. Ouvrons plutôt notre cœur et notre intelligence aux grands défis qui nous attendent:
- défense de la sacralité de la vie humaine en toutes circonstances, en particulier face aux manipulations génétiques;
- promotion de la famille, cellule fondamentale de la société;
- élimination de la pauvreté, grâce à des efforts soutenus en vue du développement, de la réduction de la dette et de l’ouverture du commerce international;
- respect des droits de l’homme dans toutes les situations, avec une attention pour les catégories de personnes les plus vulnérables: enfants, femmes et réfugiés;
- désarment, réduction des ventes d’armes aux pays pauvres et consolidation de la paix après la fin des conflits;
- lutte contre les grandes maladies et accès des plus démunis aux soins et aux médicaments de base;
- sauvegarde de l’environnement et prévention des catastrophes naturelles;
- application rigoureuse du droit et des conventions internationales.
Certes, bien d’autres exigences pourraient être ajoutées. Mais si ces priorités étaient au cœur des préoccupations des responsables politiques; si les hommes de bonne volonté les traduisaient dans leurs engagements quotidiens; si les hommes de religion les incluaient dans leur enseignement, le monde serait radicalement différent.
7. Telles sont les pensées que je tenais à vous confier. Les ténèbres ne peuvent être chassées que par la lumière. La haine ne peut être vaincue que par l’amour. Mon souhait le plus fervent, celui que je confie à Dieu dans la prière et qui, je crois, habitera tous les participants à la prochaine rencontre d’Assise, c’est que nous portions tous dans nos mains désarmées la lumière d’un amour que rien ne décourage. Veuille Dieu qu’il en soit ainsi pour le bonheur de tous!
[00048-03.01] [Texte original: Français]
○ Traduzione in lingua italiana
Eccellenze,
Signore e Signori!
1. Gli auguri che il vostro Decano, l’Ambasciatore Giovanni Galassi, mi ha appena presentato a nome di tutti voi, mi hanno toccato ancor più perché mi vengono offerti a nome dei governi e dei popoli che voi rappresentate.
A mia volta indirizzo a voi, unitamente alle vostre famiglie e a quanti vi sono cari, i voti che formulo dal profondo del cuore, affinché Dio benedica ed effonda su tutti i popoli un anno di serenità, di letizia e di pace.
Signor Ambasciatore, i suoi cortesi voti augurali sono stati accompagnati da un’analisi penetrante dell’attualità internazionale dell’anno appena terminato. Certo, l’orizzonte si presenta oscuro e molti di coloro che hanno conosciuto il grande movimento verso la libertà e il cambiamento degli anni novanta, si sorprendono oggi di essere attanagliati dalla paura di un avvenire ridiventato particolarmente incerto.
Tuttavia, per quanti hanno posto la propria fiducia e la propria speranza in Gesù, nato a Betlemme per farsi uno di noi, è risuonato proprio nel cuore della notte di Natale, il messaggio angelico: "Non temete, ecco vi annunzio una grande gioia, che sarà di tutto il popolo: oggi vi è nato nella città di Davide un salvatore" (Lc 2, 10-11). L’avvenire è spalancato, Dio cammina sulle nostre strade!
2. La luce di Natale dà senso a tutti gli sforzi umani, posti in atto per rendere la terra più fraterna e solidale, affinché sia bello il viverci, e l’indifferenza, l’ingiustizia e l’odio non abbiano mai l’ultima parola. E qui potrebbe essere citata una lunga lista di interventi condotti a buon fine dai governi, dai negoziatori, o dai volontari, che, in questi ultimi tempi, hanno saputo porre la loro abilità e la loro dedizione al servizio della causa dell’uomo.
Tra i motivi di soddisfazione, va senz’altro menzionata l’unificazione progressiva dell’Europa, di cui è simbolo la recente adozione, da parte di dodici Paesi, di un’unica moneta. Si tratta di una tappa decisiva nella lunga storia di questo continente. Ma è altresì importante che l’allargamento dell’Unione Europea continui a costituire una priorità. So inoltre che ci si sta interrogando circa l’opportunità di una Costituzione dell’Unione. A tal proposito, è fondamentale che siano sempre meglio esplicitati gli obiettivi di questa costruzione europea e i valori sui quali essa deve basarsi. Per questo, non senza una certa tristezza, ho preso atto del fatto che, fra i partner che dovranno contribuire alla riflessione sulla "Convenzione" istituita nel corso del summit di Laeken lo scorso mese, le comunità dei credenti non sono state citate esplicitamente. La marginalizzazione delle religioni, che hanno contribuito ed ancora contribuiscono alla cultura e all’umanesimo dei quali l’Europa è legittimamente fiera, mi sembra essere al tempo stesso un’ingiustizia e un errore di prospettiva. Riconoscere un fatto storico innegabile non significa affatto disconoscere l’esigenza moderna di una giusta laicità degli Stati, e dunque dell’Europa!
Mi fa piacere far cenno pure alla notizia tanto attesa dell’avvio di un dialogo diretto tra i responsabili delle due comunità dell’isola di Cipro. Inoltre, un parlamento legittimo in Kosovo è di buon augurio per un avvenire più democratico della regione. Dal mese di novembre scorso, poi, le delegazioni della Repubblica Popolare di Cina e della Repubblica di Cina siedono in seno all’Organizzazione Mondiale del Commercio. Possa questo positivo sviluppo contribuire a fecondare tutti gli sforzi posti in atto nell’arduo cammino del riavvicinamento! Le conversazioni in corso tra le parti nel conflitto che lacera da tanti anni lo Sri Lanka sono senza dubbio da incoraggiare. Ecco, in definitiva, significativi passi in avanti sul sentiero della pacificazione tra gli uomini e i popoli.
3. Ma la luce venuta dalla grotta di Betlemme illumina ugualmente, e in maniera implacabile, le ambiguità e gli insuccessi delle nostre imprese. In questo inizio d’anno, constatiamo purtroppo che l’umanità si trova in una situazione di violenza, di miseria e di peccato.
Nella notte di Natale, ci siamo recati spiritualmente a Betlemme e abbiamo dovuto ahimè costatare che la Terra Santa, dove il Redentore ha visto la luce, è sempre, per colpa degli uomini, una terra di fuoco e di sangue. Nessuno può rimanere insensibile all’ingiustizia di cui il popolo palestinese è vittima da più di cinquant’anni. Nessuno può contestare il diritto del popolo israeliano a vivere nella sicurezza. Ma nessuno può nemmeno dimenticare le vittime innocenti che, da una parte e dall’altra, cadono ogni giorno sotto i colpi e gli spari. Le armi e gli attentati cruenti non saranno mai strumenti adeguati per far giungere messaggi politici agli interlocutori. Neanche però la logica della legge del taglione è adatta per preparare le vie della pace.
Come ho già dichiarato tante volte, soltanto il rispetto dell’altro e delle sue legittime aspirazioni, l’applicazione del diritto internazionale, l’evacuazione dei territori occupati e uno statuto internazionalmente garantito per le parti più sacre di Gerusalemme, sono in grado di avviare un processo di pacificazione in questa parte del mondo, spezzando la catena infernale dell’odio e della vendetta. Auspico che la comunità internazionale, attraverso mezzi pacifici e appropriati, sia messa in condizione di giocare il proprio ruolo insostituibile, essendo accettata da tutte le parti in conflitto. Gli Israeliani e i Palestinesi, gli uni contro gli altri, non vinceranno la guerra. Gli uni insieme con gli altri, possono vincere la pace.
La legittima lotta contro il terrorismo, di cui gli odiosi attentati dell’11 settembre scorso sono l’espressione più efferata, ha ridato la parola alle armi. Di fronte alla barbara aggressione e ai massacri si pone non soltanto la questione della legittima difesa, ma anche quella dei mezzi più adatti a sradicare il terrorismo, come pure quella della ricerca delle cause che stanno all’origine di simili azioni, e quella delle misure da prendere per dare l’avvio a un processo di "guarigione", per superare la paura ed evitare che male si aggiunga a male, violenza a violenza. Così, bisogna incoraggiare il nuovo governo installato a Kabul nei suoi sforzi tesi ad una effettiva pacificazione di tutto l’Afghanistan. Debbo infine fare accenno alle tensioni che oppongono, ancora una volta, l’India e il Pakistan, per invitare insistentemente i responsabili politici di queste grandi nazioni a dare la priorità assoluta al dialogo e al negoziato.
Occorre inoltre ascoltare la domanda che ci viene rivolta dal cuore stesso di questo abisso: il posto e l’uso della religione nella vita degli uomini e delle società. Desidero ribadire qui, davanti a tutta la comunità internazionale, che uccidere in nome di Dio è una bestemmia e un pervertimento della religione, e voglio ripetere questa mattina quanto scrivevo nel mio Messaggio del 1° gennaio: "È profanazione della religione proclamarsi terroristi in nome di Dio, uccidere e violentare l'uomo in nome di Dio. La violenza terrorista, infatti, è contraria alla fede in un Dio Creatore dell'uomo, un Dio che si prende cura dell’uomo e lo ama" (n. 7).
4. Di fronte a queste manifestazioni di violenza irrazionale e ingiustificabile, il grande pericolo è che altre situazioni passino inosservate e contribuiscano a far sì che popoli interi siano abbandonati al loro triste destino.
Penso all’Africa, alle pandemie e agli scontri armati che ne stanno decimando le popolazioni. Di recente, nel corso d’un dibattito in seno all’Assemblea generale dell’Organizzazione delle nazioni Unite, si faceva notare che ben 17 conflitti erano in atto nel continente africano. In una simile situazione, la nascita d’una "Unione africana" costituisce di per se una buona notizia. Quest’Organizzazione dovrebbe contribuire ad elaborare principi comuni che uniscano tutti gli Stati membri, per rispondere alle sfide più impegnative quali la prevenzione dei conflitti, l’educazione e la lotta contro la povertà.
E come non far cenno all’America Latina, a cui ci sentiamo sempre così vicini? In alcuni Paesi di questo grande continente, il persistere di disuguaglianze sociali, il narcotraffico, fenomeni di corruzione e di violenza armata rischiano di minare le basi della democrazia e gettare il discredito sulla classe politica. Proprio di recente, la difficile situazione in Argentina si è espressa con pubblici disordini, che hanno dolorosamente colpito vite umane. Questo ci ricorda ancora una volta, che è la ricerca del bene autentico delle persone e dei popoli che deve ispirare sempre l’azione politica ed economica delle istanze nazionali ed internazionali. Rivolgo un accorato appello agli abitanti dell’America Latina, e specialmente agli Argentini, perché nelle presenti difficoltà conservino viva la speranza, rimanendo consapevoli che, disponendo di così tante risorse umane e naturali, la situazione attuale non è irreversibile e può essere superata con l’apporto di tutti. A tal fine, è necessario accantonare gli interessi personali o di parte, e promuovere, con tutti i mezzi legittimi, l’interesse della nazione, tornando ai valori morali, come pure il dialogo aperto e franco e la rinuncia al superfluo in favore di quanti si trovano stretti da bisogni d’ogni sorta. In questo spirito, è bene ricordarsi che l’attività politica è anzitutto un nobile, austero e generoso servizio alla comunità.
5. Questa contrastata situazione del nostro mondo, incamminato nel terzo millennio, offre un vantaggio, se posso esprimermi così: ci mette di fronte alle nostre responsabilità. Ognuno è costretto a porsi le vere domande: quella della verità su Dio e quella della verità sull’uomo.
Dio non è al servizio d’un uomo o di un popolo, e nessun progetto umano può pretendere di appropriarsene. I figli di Abramo sanno che nessuno può accaparrarsi Dio: Dio, noi lo accogliamo. Davanti al presepe, i cristiani sono in grado di percepire meglio che Gesù stesso non si è imposto e ha rifiutato di utilizzare strumenti potenti per promuovere il suo Regno!
La verità sull’uomo, che è creatura. L’uomo coglie la verità del suo essere solo quando riceve se stesso da Dio in un atteggiamento di povertà. Non è cosciente della sua dignità se non quando riconosce in se stesso e negli altri l’impronta di Dio che lo ha creato a sua immagine. Proprio per questo ho voluto che il tema del perdono fosse al centro del tradizionale Messaggio per la celebrazione della Giornata Mondiale della Pace del 1° gennaio 2002, essendo persuaso che "il servizio che le religioni possono dare per la pace e contro il terrorismo consiste proprio nella pedagogia del perdono, perché l’uomo che perdona o chiede perdono capisce che c'è una Verità più grande di lui, accogliendo la quale egli può trascendere se stesso" (n. 13).
Questa verità su Dio e sull’uomo, i cristiani l’offrono a tutti gli uomini, specialmente ai loro fratelli e sorelle fedeli dell’Islam autentico, religione di pace e d’amore del prossimo.
6. A voi, Signore e Signori, affido queste riflessioni, che nascono dalla preghiera come pure dalle confidenze che ricevo da quanti vengono a farmi visita. Vi chiedo di trasmetterle ai vostri rispettivi governi. Non lasciamoci sopraffare dalla durezza di questi tempi. Apriamo piuttosto il cuore e l’intelligenza alle grandi sfide che ci attendono:
- la difesa della sacralità della vita umana in tutte le situazioni, specialmente di fronte alle manipolazioni genetiche;
- la promozione della famiglia, cellula fondamentale della società;
- l’eliminazione della povertà, grazie a sforzi dispiegati in favore dello sviluppo, della riduzione del debito e dell’apertura del commercio internazionale;
- il rispetto dei diritti dell’uomo in ogni circostanza, con speciale attenzione per le categorie delle persone più vulnerabili: bambini, donne e rifugiati;
- il disarmo, la riduzione della vendita di armi ai paesi poveri e il consolidamento della pace dopo la fine dei conflitti;
- la lotta contro le grandi malattie e l’accesso dei più poveri alle cure e alle medicine di base;
- la salvaguardia dell’ambiente e la prevenzione delle catastrofi naturali;
- l’applicazione rigorosa del diritto e delle convenzioni internazionali.
Certo, si potrebbero aggiungere tante altre esigenze. Ma se già queste priorità fossero al centro delle preoccupazioni dei responsabili politici, se gli uomini di buona volontà le traducessero nei loro impegni quotidiani, se gli uomini di religione le includessero nel loro insegnamento, il mondo sarebbe radicalmente diverso.
7. Sono questi i pensieri che mi premeva confidarvi. Le tenebre non possono essere fugate che dalla luce. L’odio non è vinto che dall’amore. L’auspicio mio più fervido, quello che nella preghiera affido a Dio e che, credo, sarà presente in tutti i partecipanti al prossimo incontro di Assisi, è che rechiamo tutti nelle nostre mani disarmate la luce d’un amore che nulla riesce a scoraggiare. Voglia Iddio che sia così per la felicità di tutti!
[00048-01.01] [Testo originale: Francese]
○ Traduzione in lingua inglese
Your Excellencies,
Ladies and Gentlemen,
1. The good wishes which your Dean, Ambassador Giovanni Galassi, has just offered me in your name are all the more touching in that they are also extended in the name of the governments and peoples which you represent.
I in my turn extend to you, your families and dear ones my heartfelt good wish that God will bless you and grant all peoples a year of serenity, happiness and peace.
Mr Ambassador, your thoughtful greeting has been accompanied by a penetrating analysis of the international scene during the past year. The horizon indeed appears dark, and many of those who have lived through the great movement towards freedom and the changes of the 90s are surprised to find themselves gripped today by fear of a future which has once again become uncertain.
But for those who have put their faith and hope in Jesus, born in Bethlehem to become one of us, the angelic message has rung out again in the stillness of Christmas night: "Be not afraid ... I bring you good news of great joy which will come to all the people, for today is born a Savior" (Lk 2:10-11). The future is wide open, God is with us on our way!
2. The light of Christmas gives meaning to all human efforts to make our earth more fraternal and friendly, to make it a good place to live, and to ensure that indifference, injustice and hatred will never have the last word. Here we could quote a long list of actions successfully concluded by governments, negotiators and volunteers who in recent times have put their know-how and their dedication at the service of the cause of humanity.
Among reasons for satisfaction, one must surely mention the progressive unification of Europe, recently symbolized by the adoption of a single currency by twelve countries. This is a decisive step in the long history of this continent. But it is also important that the expansion of the European Union should continue to be a priority. I am likewise aware that the question has been raised about the expediency of a Constitution for the Union. In this regard, it is essential to make increasingly explicit the goals of the process of building up Europe and the values on which it must rest. Hence it is that, with some regret, I have noted that, no explicit mention was made of communities of religious believers among the partners who are to contribute to the reflection on the "Convention" instituted at the Laeken summit last month. The marginalization of religions, which have contributed and continue to contribute to the culture and humanism of which Europe is legitimately proud, strikes me as both an injustice and an error of perspective. To recognize an indisputable historical fact in no way means to disregard the modern demand for States to have an appropriate non-confessional character, and therefore Europe as well!
I am also pleased to mention the good news, so long awaited, of the beginning of a direct dialogue between the leaders of the two communities on the island of Cyprus. A legitimate parliament in Kosovo is another harbinger of a more democratic future in that region. Since last November, delegations of the People’s Republic of China and the Republic of China have taken their seats in the World Trade Organization. May this positive development help prosper all the efforts which have been made on the difficult path of rapprochement! The conversations taking place between the parties in the conflict which has so long torn Sri Lanka apart undoubtedly must be encouraged. These certainly are significant advances on the path of pacification between individuals and peoples.
3. But likewise the light which has come from the stable in Bethlehem illuminates implacably the ambiguities and setbacks in our undertakings. At this year begins, we are tragically aware that humanity finds itself in a situation of violence, suffering and sin.
On Christmas night we were present in spirit at Bethlehem and were alas forced to note that the Holy Land, where the Redeemer was born, is still, through man’s fault, a land of fire and blood. No one can remain indifferent to the injustice of which the Palestinian people have been victims for more than fifty years. No one can contest the right of the Israeli people to live in security. But neither can anyone forget the innocent victims who, on both sides, fall day after day under the blows of violence. Weapons and bloody attacks will never be the right means for making a political statement to the other side. Nor is the logic of the law of retaliation capable any longer of leading to paths of peace.
As I have already stated on many occasions, only respect for others and their legitimate aspirations, the application of international law, the evacuation of the occupied territories and an internationally guaranteed special status for the most holy places in Jerusalem can bring about a beginning of pacification in that part of the world and break the hellish cycle of hatred and vengeance. And I express the hope that the international community will be enabled to fulfil, through peaceful and appropriate means, its irreplaceable role and be accepted by all the parties in the conflict. One against the other, neither Israelis nor Palestinians can win the war. But together they can win peace.
The legitimate fight against terrorism, of which the abhorrent attacks of last 11 September are the most appalling expression, has once again let the sound of arms be heard. Barbarous aggression and killings raise not only the question of legitimate defence but also issues such as the most effective means of eradicating terrorism, the search for the factors underlying such acts, and the measures to be taken to bring about a process of "healing" in order to overcome fear and to avoid evil being added to evil, violence to violence. It is appropriate therefore to encourage the new government installed in Kabul in its efforts to achieve the effective pacification of all Afghanistan. Finally I must mention the tensions which have once more set India and Pakistan at odds, in order earnestly to request the political leaders of these great nations to give absolute priority to dialogue and negotiation.
We also need to heed the question which comes to us from the depths of this abyss: that of the place and the use made of religion in the lives of people and societies. Here I wish to say once again, before the whole international community, that killing in the name of God is an act of blasphemy and a perversion of religion. This morning I wish to repeat what I wrote in my Message for January 1: "It is a profanation of religion to declare oneself a terrorist in the name of God, to do violence to others in his name. Terrorist violence is a contradiction of faith in God, the Creator of man, who cares for man and loves him" (No. 7).
4. In the face of these outbreaks of irrational and unjustifiable violence, the great danger is that other situations will go unnoticed and leave whole peoples abandoned to their sad fate.
I am thinking of Africa, and the health emergencies and armed struggles which are decimating its peoples. Recently, during a debate in the General Assembly of the United Nations Organization it was observed that there were seventeen conflicts taking place on the African continent! In such a situation, the establishment of an "African Union" is in itself good news. This Organization should help to develop common principles capable of uniting all the member States, with a view to facing major challenges such as the prevention of conflicts, education and the fight against poverty.
And how can I fail to mention Latin America, which is always dear to me? In some countries of this great continent the persistence of social inequalities, drug trafficking, corruption and armed violence can endanger the foundations of democracy and discredit the political class. Most recently, the difficult situation in Argentina has given rise to public unrest which has painfully affected people’s lives. This is yet another reminder that political and economic activity at the national and international levels must always be inspired by the pursuit of the authentic good of individuals and peoples. With insistence I wish to encourage the people of Latin America, and of Argentina in particular, to hold on to hope amid the present difficulties, and not to lose sight of the fact that, given the great human and natural resources available, the present situation is not irreversible and can be overcome with everyone’s help. If this is to happen, private or partisan interests must be set aside, and the interest of the nation must be promoted by every legitimate means, through a return to moral values, open and frank dialogue, and the renunciation of what is superfluous in order to help those who are in any way in need. In this spirit, it should be remembered that political activity is above all a noble, demanding and generous service to the community.
5. The troubled situation of this world of ours at the dawn of the third millennium has one advantage, if I may say so: it makes us squarely face our responsibilities. Everyone is forced to ask the real questions: the truth about God and the truth about man.
God is not at the beck and call of one individual or one people, and no human venture can claim to monopolize him. The children of Abraham know that God cannot be commandeered by anyone: God is to be received. Standing before the crib, Christians can better realize that Jesus himself did not impose himself, and he rejected the use of power as a means of promoting his kingdom!
The truth about man, who is a creature. Man is true to himself only when he sees himself as coming from God, in an attitude of poverty. He is conscious of his dignity only when he acknowledges in himself and in others the mark of God who created him in his own image. For this reason I chose to put the subject of forgiveness at the heart of my traditional Message for the celebration of the World Day of Peace on 1 January 2002, for I am convinced that: "the help that religions can give to peace and against terrorism consists precisely in their teaching forgiveness, for those who forgive and seek forgiveness know that there is a higher Truth, and that by accepting that Truth they can transcend themselves" (No. 13).
This truth about God and man is a gift which Christians offer to all people, especially to their brothers and sisters who are followers of authentic Islam, a religion of peace and love of neighbour.
6. To you, Ladies and Gentlemen, I confide these reflections which rise from my prayer as well as from the things I hear from those who visit me. I ask you to pass them on to your governments. Let us not be overwhelmed by the distress of the present time. Let us instead open our hearts and minds to the great challenges lying before us:
– the defence of the sacredness of human life in all circumstances, especially in relation to the challenges posed by genetic manipulation;
– the promotion of the family, the basic unit of society;
– the elimination of poverty, through efforts to promote development, the reduction of debt and the opening up of international trade;
– respect for human rights in all situations, with especial concern for the most vulnerable: children, women and refugees;
– disarmament, the reduction of arms sales to poor countries, and the consolidation of peace after the end of conflicts;
– the fight against the major diseases, and access by the poor to basic care and medicines;
– the protection of the environment and the prevention of natural disasters;
– the rigorous application of international law and conventions.
Of course, many other demands could also be mentioned. But if these priorities became the central concerns of political leaders; if people of good made them part of their daily endeavours; if religious believers included them in their teaching, the world would be a radically different place.
7. These are the thoughts which I wanted to share with you. Darkness can only be scattered by light. Hatred can only be conquered by love. My most fervent wish, which I entrust to God in prayer and which, I believe, will be shared by all those taking part in the forthcoming meeting in Assisi, is that we should all carry in our unarmed hands the light of a love which nothing can discourage. May God grant that it be so, for the happiness of all!
[00048-02.01] [Original text: French]
○ Traduzione in lingua spagnola
Excelencias,
Señoras y Señores:
1. Agradezco vivamente los votos que vuestro Decano, el Embajador Giovanni Galassi, me ha presentado en nombre de todos Ustedes, sobre todo porque se ofrecen también en nombre de los gobiernos y de los pueblos que representan.
Correspondo a ello dirigiendo a Ustedes, así como a sus familias y a sus seres queridos, los deseos que brotan de lo más profundo de mi corazón para que Dios les bendiga y conceda a todos los pueblos un año de serenidad, de felicidad y de paz.
Señor Embajador, sus delicadas expresiones han ido acompañadas de un profundo análisis de la actualidad internacional del año pasado. El horizonte se presenta ciertamente oscuro y muchos de quienes han conocido el gran movimiento hacia la libertad y el cambio de los años noventa se sorprenden hoy al verse afectados por el miedo de un futuro cada vez más incierto.
Sin embargo, para quienes han puesto su fe y su esperanza en Jesús, nacido en Belén para hacerse uno de nosotros, el mensaje angélico ha resonado en la noche de Navidad: "No temáis, os traigo la buena noticia, la gran alegría para todo el pueblo: hoy os ha nacido un Salvador" (Lc 2,10-11). ¡El futuro está plenamente abierto, Dios asume nuestros destinos!
2. La luz de la Navidad da sentido a todos los esfuerzos humanos realizados para que nuestra tierra sea más fraterna y más solidaria, para que se pueda vivir bien en ella y que la indiferencia, la injusticia y el odio no tengan jamás la última palabra. Y aquí podría citar una larga lista de acciones orientadas hacia el bien por parte de gobernantes, negociadores o voluntarios que, en estos últimos tiempos, han sabido poner su experiencia y su entrega al servicio de la causa del hombre.
Entre los motivos de complacencia se han de mencionar sin duda la progresiva unificación de Europa, simbolizada recientemente por la adopción de una moneda única por parte de doce Países. Se trata de una etapa decisiva en la larga historia de este Continente. Pero todo es tan importante que la ampliación de la Unión Europea sigue siendo una prioridad. Sé también que se piensa en la oportunidad de una Constitución de la Unión. A este respecto, es fundamental que se aclaren cada vez mejor los objetivos de esta construcción europea y los valores sobre los que ha de apoyarse. Es por esto que, no sin cierta pena, he visto que, entre los miembros que deberían contribuir a la reflexión sobre la "Convención" instituida durante la cumbre de Laeken el mes pasado, las comunidades de creyentes no han sido mencionadas explícitamente. La marginación de las religiones que han contribuido y todavía contribuyen a la cultura y al humanismo de lo que Europa está legítimamente orgullosa, me parece que son al mismo tiempo una injusticia y un error de perspectiva. ¡Reconocer una hecho histórico innegable no significa en absoluto ignorar toda la exigencia moderna de una justa laicidad de los Estados y, por tanto, de Europa!
Me es grato recordar también la noticia tan esperada del inicio de un diálogo directo entre los responsables de las dos comunidades de la isla de Chipre. Un Parlamento legítimo en Kosovo es igualmente un buen augurio para un futuro más democrático de la región. Desde el pasado mes de noviembre, las delegaciones de la República Popular de China y de la República de China tienen un puesto en el seno de la Organización Mundial del Comercio. ¡Que este proceso positivo contribuya a hacer fecundos todos los esfuerzos realizados por la vía ardua del acercamiento! Se han de alentar las conversaciones actuales entre las partes en conflicto que deterioran desde hace tantos años el Sri Lanka. Se dan, en definitiva, unos avances significativos en el proceso de pacificación entre los hombres y los pueblos.
3. Pero la luz que emana de la gruta de Belén ilumina también, y de modo implacable, las ambigüedades y los fracasos de nuestras iniciativas. En este principio de año, constatamos que la humanidad se encuentra en una situación de violencia, de desesperación y de pecado.
En la noche de Navidad, hemos acudido espiritualmente a Belén y nos hemos entristecido al constatar que la Tierra Santa, dónde el Redentor vio la luz, es siempre, por culpa de los hombres, una tierra de fuego y de sangre. Nadie puede permanecer insensible ante la injusticia de la que es víctima el pueblo palestino desde hace más de cincuenta años. Nadie puede negar el derecho del pueblo israelí a vivir en la seguridad. Pero nadie puede olvidar tampoco a las víctimas inocentes que, de una parte y de otra, caen todos los días bajo los golpes y los tiros. Las armas y los atentados sangrientos nunca serán instrumentos adecuados para hacer llegar mensajes políticos a unos interlocutores. La lógica de la ley del talión tampoco es adecuada para preparar los procesos de paz.
Como ya he dicho muchas veces, sólo el respeto del otro y de sus legítimas aspiraciones, la aplicación del derecho internacional, la evacuación de los territorios ocupados y un estatuto especial garantizado internacionalmente para los lugares más sagrados de Jerusalén, son capaces de ofrecer un principio de pacificación en esta parte del mundo y de romper el ciclo infernal del odio y de la venganza. Y yo deseo que la comunidad internacional, con medios pacíficos y apropiados, sea capaz de desempeñar su papel insustituible, siendo aceptada por todas las partes en conflicto. Unos contra otros, los Israelíes y los Palestinos no ganarán la guerra. Los unos con los otros, pueden ganar la paz.
La lucha legítima contra el terrorismo, cuya expresión más horrible son los odiosos atentados del 11 de septiembre último, todavía ha dado la palabra a las armas. Ante la bárbara agresión y las masacres se planteó no sólo la cuestión de la legítima defensa, sino también la de los medios más adecuados para erradicar el terrorismo, la búsqueda de los responsables de tales acciones, las medidas a tomar para emprender un proceso de "saneamiento" para vencer el miedo y evitar que un mal se añada a otro mal, la violencia a la violencia. Así es conveniente animar al nuevo gobierno instituido en Kabul en sus esfuerzos de cara a una efectiva pacificación de todo Afganistán. Debo, finalmente, mencionar las tensiones que enfrentan todavía a la India y al Pakistán, para invitar insistentemente a los responsables políticos de estas grandes naciones a dar prioridad absoluta al diálogo y a la negociación.
Hemos de comprender también la cuestión que se nos plantea desde lo más profundo de este abismo: el papel y la práctica de la religión en la vida de los hombres y de la sociedad. Deseo reiterar aquí, ante toda la comunidad internacional, que matar en nombre de Dios es una blasfemia y una perversión de la religión, y repito esta mañana lo que expuse en mi mensaje del 1 de enero "Es una profanación de la religión proclamarse terroristas en nombre de Dios, hacer en su nombre violencia al hombre. La violencia terrorista es contraria a la fe en Dios Creador del hombre; en Dios que lo cuida y lo ama" (n. 7).
4. Ante estas manifestaciones de violencia irracional e injustificable, el gran peligro es que otras situaciones pasen inadvertidas y contribuyan a dejar a pueblos enteros abandonados a su triste suerte.
Pienso en África, en las diversas pandemias y en las luchas armadas que diezman sus poblaciones. Recientemente, durante un debate en la Asamblea General de la Organización de las Naciones Unidas, se hacía notar que había actualmente diecisiete conflictos en el continente africano. En una situación así, el nacimiento de una "Unión Africana" es de por sí una buena noticia. Esta Organización debería ayudar a elaborar principios comunes que unan a todos los Estados miembros, con el fin de superar mayores desafíos, como la prevención de los conflictos, la educación y la lucha contra la pobreza.
Y, ¿cómo no referirnos a Latinoamérica, a la cual nos sentimos siempre tan cercanos? En algunos países de este gran continente, la persistencia de desigualdades sociales, el tráfico de drogas, fenómenos de corrupción y violencia armada pueden poner en peligro las bases de la democracia y desacreditar a la clase política. Recientemente, la difícil situación en Argentina ha desembocado en desórdenes públicos que, tristemente, se han cobrado vidas humanas. Eso nos recuerda, una vez más, que la búsqueda del auténtico bien de las personas y de los pueblos debe inspirar siempre la acción política y económica de las instancias nacionales e internacionales. Quiero invitar insistentemente, especialmente a los habitantes de Latinoamérica y sobre todo a los argentinos, a mantener viva la esperanza en medio de las dificultades actuales, siendo conscientes de que, al contar con tantos recursos humanos y naturales, la situación presente no es irreversible y que se puede superar con la colaboración de todos. Por eso, es necesario dejar de lado los intereses privados o partidistas y promover por todos los medios legítimos el interés de la Nación, con la recuperación de los valores morales, el diálogo franco y abierto, y la renuncia de lo superfluo en favor de aquéllos que sufren todo tipo de necesidad. Con este espíritu, es preciso tener en cuenta que la acción política es ante todo un noble, austero y generoso servicio a la comunidad.
5. Esta situación contrastante de nuestro mundo comprometido con el tercer milenio tiene una ventaja, si puede decirse así: nos pone frente a nuestras responsabilidades. Todos se ven obligados a plantearse las verdaderas cuestiones: la verdad sobre Dios y la verdad sobre el hombre.
Dios no está al servicio de un hombre o de un pueblo, y ningún proyecto humano puede pretender apropiarse de Él. Los hijos de Abraham saben que Dios no puede ser patrimonio de nadie. A Dios, lo recibimos todos nosotros. Ante el pesebre, los cristianos perciben mejor que Jesús mismo no se ha impuesto a nadie y que se ha negado a emplear los instrumentos del poder para promover su reino.
La verdad sobre el hombre, que es una criatura. El hombre sólo es verdadero cuando se pone ante Dios en actitud de pobreza. Sólo es consciente de su dignidad cuando reconoce en él y en los demás la impronta de Dios, que lo creó a su imagen. Esta es la razón por la que he querido que el tema del perdón fuera el centro del tradicional Mensaje por la celebración de la Jornada Mundial de la Paz, del 1 de enero de 2002, convencido de que "El servicio que las religiones pueden ofrecer en favor de la paz y contra el terrorismo consiste precisamente en la pedagogía del perdón, porque el hombre que perdona o pide perdón comprende que hay una Verdad más grande que él y que, acogiéndola, puede transcenderse a sí mismo" (n. 13).
Los cristianos ofrecen a todos esta verdad sobre Dios y sobre el hombre, especialmente a sus hermanos y hermanas, fieles del Islam auténtico, religión de paz y de amor al prójimo.
6. Confío a Ustedes, Señoras y Señores, estas reflexiones que nacen de mi oración y de las confidencias de los que me visitan. Les ruego que las hagan llegar a sus gobiernos. No nos dejemos abatir por las dificultades del momento presente. Al contrario, abramos nuestro corazón y nuestra inteligencia a los grandes desafíos que nos esperan:
- la defensa del carácter sagrado de la vida humana en toda circunstancia, en particular ante las manipulaciones genéticas;
- la promoción de la familia, célula fundamental de la sociedad;
- la eliminación de la pobreza, mediante esfuerzos constantes en favor del desarrollo, de la reducción de la deuda y de la apertura del comercio internacional;
- el respeto de los derechos humanos en todas las situaciones, con especial atención a las categorías de personas más vulnerables, como los niños, las mujeres y los prófugos;
- el desarme, la reducción de las ventas de armas a los países pobres y la consolidación de la paz una vez terminados los conflictos;
- la lucha contra las grandes enfermedades y el acceso de los menos pudientes a las curas y los medicamentos básicos;
- la salvaguardia del entorno natural y la prevención de las catástrofes naturales;
- la aplicación rigurosa del derecho y de las convenciones internacionales.
Ciertamente, se podrían añadir muchas otras exigencias. Pero si estas prioridades estuvieran en el centro de las preocupaciones de los responsables políticos; si los hombres de buena voluntad las tradujeran en compromisos cotidianos; si los hombres creyentes las incluyeran en su enseñanza, el mundo sería radicalmente diferente.
7. Éstas son las consideraciones que deseaba presentarles. Las tinieblas sólo pueden ser disipadas por la luz. El odio puede ser vencido únicamente por el amor. Mi deseo más ardiente, que confío a Dios en la oración y que, creo, embargará a todos los participantes en el próximo encuentro de Asís, es que todos llevemos en nuestras manos desarmadas la luz de un amor que nunca se desanima. ¡Quiera Dios que así sea, para el bien de todos!
[00048-04.01] [Texto original: Francés]
● INDIRIZZO DI OMAGGIO DEL DECANO DEL CORPO DIPLOMATICO
Très Saint Père,
C’est avec une vive émotion que je m’apprête, au nom du Corps Diplomatique accrédité près le Saint-Siège, à vous présenter nos vœux pour l’année nouvelle, en un moment particulièrement instable et préoccupant de la situation mondiale.
Au début du nouveau siècle, Votre Sainteté nous avait exhortés, avec des paroles empreintes de tristesse mais aussi de vigueur, à défendre l’homme dans sa dignité et dans sa dimension transcendante, avec la ferme conviction que nous sommes tous membres d’une unique famille.
Le grand Jubilé avait lui aussi donné à beaucoup l’espérance fondée qu’il était possible de repartir de la Porte Sainte, mémoire du passé et prophétie de l’avenir, avec une vigueur et un enthousiasme renouvelés, vers des lendemains qui ne connaîtraient plus les barbaries du siècle écoulé et qui pourraient s’édifier sur le progrès réel de tous les peuples, dans un partage solidaire et fraternel des biens de la terre.
Malheureusement, l’attentat terroriste du mois de septembre dernier nous a tous mis, de manière brutale, devant une réalité bouleversante, où la haine et la violence aveugle se sont manifestées avec une cruauté extrême contre des victimes civiles innocentes. La société américaine et l’humanité entière se sont trouvées au centre d’un cauchemar angoissant, sans que l’on puisse expliquer toutes ces victimes et avec la hantise inquiétante pour les rescapés de comprendre les raisons d’une telle atrocité, que rien ne pourra jamais justifier et qui a instauré la peur diffuse que chacun puisse devenir sans le savoir la prochaine victime.
Si, d’un côté, il est indispensable de n'accepter ni tolérance ni justification pour cet acte abject de cruauté, et si tout le monde s’accorde pour dire qu’il faut punir de manière exemplaire les commanditaires de telles barbaries, tout en maintenant le respect absolu des lois et des conventions internationales, d’un autre côté, on s’est rendu compte qu’aucun pays, de quelque protection qu’il bénéficie, ne peut se considérer à l’abri de futurs attentats.
Une nouvelle ère est commencée, dans laquelle il ne sera plus permis à aucune nation de se considérer comme une île de félicité, mais où chaque pays sera appelé à s’associer aux autres en vue d’une protection commune de l’humanité entière, avec la collaboration loyale et constante des différents gouvernements et de leurs services de sécurité, plutôt qu’avec des rétorsions armées contre des populations civiles entières sans défense, ayant tendance à accuser de manière erronée et simpliste leurs ethnies et leurs religions d’être la cause première du terrorisme.
De même, la sécurité mondiale étant liée à la sécurité régionale, on souhaite que les pays les plus avancés, se réveillant de la torpeur de leur bien-être, puissent prendre en charge de manière responsable et concrète, dans le cadre de leur politique étrangère, la résolution au moins partielle des énormes déséquilibres qui demeurent encore dans le monde aussi bien en ce qui concerne la misère qui touche des millions de personnes, pour lesquelles même la simple survie est un problème désespérant, que par rapport aux situations conflictuelles et aux foyers de guerre, qui rendent instables de vastes zones de la planète.
Dans notre société actuelle, définie peut-être seulement verbalement comme un village global, ayant conscience que 20% de la population la plus développée consomme 80% des ressources globales de la planète, il sera nécessaire de prendre en considération dans ses proportions exactes la rancune croissante qu’une vaste partie de l’humanité la plus laissée-pour-compte nourrit à l’égard de l’hémisphère nord, qui semble avoir surtout comme préoccupation primordiale sa propre satiété.
Dans la conviction des croyants, Dieu a conçu l'homme pour qu’il gère les biens de la création, mais il n’a pas fait de distinction entre les pays avancés et les pays pauvres: les fruits de la terre, comme Votre Sainteté l’a affirmé à maintes reprises, appartiennent à TOUT homme, qui doit pouvoir en tirer sa propre subsistance.
Il ne semble pas que cela soit avéré quand on assiste, à l’heure actuelle, à la substitution insidieuse du vieux colonialisme armé par un nouveau colonialisme économique, plus dommageable encore, qui rend les faibles toujours plus esclaves des plus forts, lesquels jouissent de manière égoïste des matières premières et d'un travail qu’ils ne rétribuent pas de manière adéquate.
La mondialisation des marchés elle-même, qui avait suscité tant d’espérance et qui peut encore aujourd’hui être un instrument important pour le développement de tous les peuples, devrait cesser d’avoir comme objectif prioritaire le seul profit économique d’un petit nombre; avec sa valeur indiscutable, elle est au contraire appelée à fournir des moyens concrets aux pays en voie de développement, afin qu’ils puissent rivaliser avec tous les autres. Mais l’élément premier essentiel demeure l’annulation de la lourde dette extérieure accumulée jusqu’à présent par les pays sous-développés et la fin des injustes embargos économiques que depuis trop longtemps des États plus forts ont imposés à des pays plus faibles, situations qui ne font que provoquer des conditions de vie inacceptables pour des hommes, des femmes et des enfants innocents.
Au cours de la récente conférence de l’Organisation mondiale du Commerce qui s’est tenue à Doha, on a finalement vu apparaître des signes positifs en faveur d’échanges plus équitables entre tous les pays, en vue d'affronter de manière plus solidaire ce défi du nouveau siècle, en tentant d’éviter une exploitation injuste des nations les plus faibles.
À cette fin, il est temps désormais que tous les pays, dont aucun ne dispose individuellement de moyens juridiques capables de régir la croissance chaotique des transactions internationales, soient appelés à un effort de créativité. Cet effort, outre le fait qu'il revitaliserait les compétences spécifiques des organismes internationaux existants, engagerait concrètement dans la recherche de normes précises et donnerait naissance à de nouveaux Organismes supranationaux en mesure d’orienter le libre marché non seulement en fonction de profits financiers mais surtout en accord avec les normes du Droit international et avec les valeurs éthiques que doit comporter toute législation.
Il est également nécessaire qu’une collaboration internationale bien articulée puisse supprimer dans toutes les parties du globe les trafics illégaux, qui minent à la base toute forme de vie sociale, notamment
- le commerce honteux des armes, fabriquées largement et avec d’énormes profits par les pays de l’hémisphère nord, et cédées par eux à des clans dominants de pays émergents, fomentant des guerres continuelles et meurtrières entre les pauvres,
- la diffusion du trafic de stupéfiants, par lequel on attente à la santé de notre jeunesse et qui donne lieu à l’accumulation d’énormes richesses utilisées inévitablement à des fins délictueuses,
- l’esclavage de milliers de femmes, contraintes à la prostitution par des bandes organisées qui opèrent sans être inquiétées, ou presque, dans les pays les plus avancés,
- l’exploitation de nombreux mineurs, utilisés depuis leur plus tendre enfance non seulement pour des travaux pénibles et non rétribués, mais aussi pour alimenter de manière éhontée la pédophilie, qui se répand aujourd’hui à l’échelle planétaire par les moyens modernes de communication.
Il convient aussi de réfléchir sérieusement et honnêtement sur les motivations de notre progrès scientifique, dont nous sommes si fiers, mais qui, dans son développement fabuleux, ne doit pas faire oublier la place centrale de l’homme et le respect de l’environnement dans lequel nous vivons.
Sont-elles toujours moralement acceptables les manipulations génétiques sans discrimination, l’utilisation impropre d’embryons humains ou même la possibilité du clonage humain, récemment annoncé par une société américaine ?
Est-il toujours justifié l’attentat quotidien perpétré contre l’environnement de la part d’entreprises multinationales qui ne se soucient de rien d’autre que de leur profit économique immédiat ?
Est-ce un indice de solidarité que de mettre à la disposition uniquement du monde avancé les médicaments les plus modernes pour les malades frappés par le sida, tandis qu’en Afrique, où la maladie se répand majoritairement, cela ne peut se réaliser parce que les coûts imposés par les entreprises pharmaceutiques sont trop lourds pour ces pays ?
À toutes ces interrogations nous serons appelés à apporter des réponses dans de brefs délais et sans hypocrisie afin d’éviter que même les conquêtes intellectuelles ne se transforment en une culture virtuelle de l’éphémère, conditionnée uniquement par l’égoïsme de quelques-uns et prise par la soif du profit immédiat, au lieu d’être les émules d’une société nouvelle qui, s’insérant dans les cultures locales séculaires, fournirait un réel progrès pour l’humanité entière.
Dans ce sens, nous regardons avec confiance vers l’Union européenne qui, unifiée sur le plan économique et commercial, tend aussi à se proposer, après la réunion de Laeken, comme une force politique unitaire pouvant mettre concrètement en action les principes qui sont à l’origine de sa propre constitution. Une GRANDE EUROPE, de l’Atlantique à l’Oural, forte de ses racines chrétiennes, de ses institutions démocratiques, de son patrimoine culturel et de sa maturité juridique, qui n’ont pas d’égal dans le monde, pourra donner une contribution considérable au bien commun par le dialogue, la coopération, la solidarité, la subsidiarité et la promotion des droits humains, et non par l’usage unilatéral de la force.
Même dans la situation dramatique du Moyen-Orient, qui angoisse tant Votre Sainteté et nous tous, l’Europe pourra accomplir sa part, utilisant les ressources de sa diplomatie: après environ cinquante ans d’attentats continuels et de dures réactions armées, qui ont provoqué tant de morts, il n’est pas possible de remettre à plus tard des négociations sérieuses et constructives entre les parties en conflits qui, indépendamment des revendications irréalisables, puissent redonner aux Lieux Saints leur caractère sacré, et permettre aux Palestiniens et aux Israéliens d’avoir une terre pour y vivre et pour y grandir en paix dans le respect mutuel.
La condition indispensable pour un réel progrès dans un monde aussi inquiet, c’est que l’homme, comme Votre Sainteté l’a maintes fois souhaité, s’ouvre à une véritable renaissance de sa démarche spirituelle et au sens du transcendant: ce n’est pas un hasard si l’œcuménisme entre les Églises chrétiennes se poursuit de manière constructive et si le dialogue interreligieux est considéré par Votre Sainteté comme un élément essentiel pour une convivialité pacifique entre les peuples.
Avec joie, nous avons été témoins de vos pèlerinages en Grèce, en Syrie, à Malte, en Ukraine, au Kazakhstan et en Arménie, de votre message au peuple chinois, de la promulgation de votre exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Oceania, de votre message pour la Journée mondiale de la Paix; nous avons pu également réfléchir sur les conclusions de la dixième Assemblée générale du Synode des Évêques.
Avec un grand intérêt et une profonde espérance, nous vivons le dialogue continuel avec l’Islam, auquel on a récemment attribué à tort un aspect démoniaque, mais qui est au contraire l’héritage d’une culture millénaire n’ayant rien de commun avec les franges d’un intégrisme extrême, profanateur de ses propres principes: Dieu, comme Votre Sainteté l’a affirmé, ne doit pas devenir l’otage des ambitions humaines et c’est la violence humaine, quelle qu’en soit l’utilisation, qui déshonore la sainteté de Dieu.
Dans la perspective d’un christianisme qui rénovera sa propre force et qui se fera, dans un monde sécularisé, l’ardent témoin des lois immuables de son Credo, nous vous savons gré, Très Saint-Père, d’avoir décrété une journée de jeûne, qui a conduit tout homme à réfléchir sur les avantages d’une vie plus sobre et plus enracinée dans l’être, limitant la recherche fébrile des biens superflus; de même, nous attendons de la rencontre d’Assise que, par la force de la prière des croyants de toutes les religions, la justice et le pardon puissent donner naissance à un «homme nouveau» en harmonie avec Dieu et avec ses semblables.
Au terme de mon intervention, je vous exprime, Sainteté, nos vœux les plus fervents, afin que votre Magistère puisse se poursuivre, avec la sagesse et la vigueur de toujours, et être un guide et une lumière pour tous les responsables de gouvernement, auxquels est confiée la résolution du défi actuel de construire un meilleur village global où, sans se laisser prendre par le mirage des principes égoïstes de l’utilitarisme à tout prix, il y aura un espace de dignité pour que tout homme vive dans la liberté, la justice et la paix.
Bonne Année, Très Saint-Père !
[00049-03.01] [Texte original: Français]