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ESEQUIE DEL CARD. PAUL ZOUNGRANA, 10.06.2000


ESEQUIE DEL CARD. PAUL ZOUNGRANA

Pubblichiamo di seguito l’omelia che l’Em.mo Card. Jozef Tomko, Prefetto della Congregazione per l’Evangelizzazione dei Popoli, ha pronunciato oggi a Ouagadougou (Burkina Faso), in occasione delle esequie dell’Em.mo Card. Paul Zoungrana, Arcivescovo emerito di Ouagadougou, scomparso domenica 4 giugno 2000:

● OMELIA

Excellence, Mgr Jean-Marie Compaoré,

Excellences et chers Frères dans l’épiscopat,

Chers Frères dans le sacerdoce,

Frères et Soeurs dans le Christ,

Salut et introduction

"Quand à moi, je suis déjà répandu en libation et le moment de mon départ est venu. J'ai combattu jusqu'au bout le bon combat, j'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi. Et voici maintenant qu'est préparée pour moi la couronne de justice, qu'en retour le Seigneur me donnera en ce Jour-là, lui le juste Juge, et non seulement à moi, mais à tous ceux qui auront attendu avec amour son Apparition" (2 Tm 4,6-8)

"Le baobab est tombé". Oui, voici notre ancien patriarche et comme vous le dites Nikiêma, d Saamba Zungrana, couché devant nous. Comme l’apôtre Paul, il a combattu le bon combat, il a achevé sa course, il a gardé la foi ! Vous avez perdu un Père, l’Eglise Universelle un Pasteur et moi un ami. Auprès de Dieu nous avons un des nôtres.

Il y a quelques jours encore, le Pape demandait des nouvelles de son cher frère le Cardinal Zoungrana, alors que celui-ci, affaibli par l’âge et la maladie, entrait doucement avec le Seigneur dans le mystère de la Vie, comme s'il avait voulu accompagner le Seigneur dans son Ascension.

Au nom du Saint-Père, je voudrais exprimer avec émotion la profonde gratitude et l'admiration de l'Eglise universelle pour ce fils d'Afrique et fils de l’Eglise né au Burkina Faso.

Je suis venu comme l’envoyé du Pape Jean-Paul II qui s'unit à votre douleur et à votre prière de ce jour, mais je suis venu aussi payer le tribut de l'amitié avec ce grand homme qui a été pour moi un aîné et un ami fidèle.

Quand Dieu a parlé et que les anciens se sont tus, nous devons nous taire. Mais, il me reste le droit à l'action de grâce, le droit à la contemplation. Que puis-je faire d’autre en cette circonstance!

Alors, avec vous je bénis, en ce jour, le Dieu de Jésus-Christ pour l’accueil du message de l'Evangile, voici cent ans dans votre pays, dont les communautés chrétiennes rayonnent du dynamisme.

Mais je rends particulièrement grâce à Dieu pour les longues années de ministère épiscopal de ce Pasteur, le Cardinal Paul Zoungrana, qui a donné sa vie au service de tous les burkinabè, de l’Afrique et de l’Eglise. Sa figure est un des plus beaux fruits de l'évangélisation. Il mérite l'hommage authentique d’un homme de foi, d'un Pasteur et d'un Serviteur de la Bonne Nouvelle de Dieu et de son Peuple, IN CRISTO ET IN ECCLESIA jusqu’au bout sans faille et sans faiblir.

Ce matin, nous regardons une étoile qui brille sous le soleil, car le Cardinal Paul Zoungrana restera dans la mémoire de l’Eglise et de l’Afrique, une étoile qui indique le chemin et le sens de la marche, une étoile qui éclaire de la lumière de sa foi, de sa prière, de sa charité et de son intelligence.

I - Un Grand Fils d’Afrique

"Le baobab est tombé". Voici un Grand Fils d'Afrique. Avec le Cardinal Zoungrana s'achève une époque glorieuse pour l'Afrique et l'Eglise d'Afrique. Notre cher Cardinal Zoungrana disparaît à l’orée du Troisième Millénaire qui est un moment de transition pour l’Afrique. Il est tombé au seuil au moment où tout semble chanceler en Afrique. Mais le siècle qui meurt a été cent ans d’un développement prodigieux pour l’Eglise sur le Continent.

De 2 millions de baptisés en 1900, les Catholiques africains sont devenus aujourd’hui 110 millions. Le clergé autochtone qui n'existait pas rassemble aujourd'hui 26.000 prêtres. Et les Séminaires sont remplis de presque 20.000 candidats pour le sacerdoce.

Sur le plan civil, ce siècle a été celui des revendications pour l'indépendances et des grands engagements pour le développement. On se souvient encore du courage des jeunes évêques parmi lesquels Paul Zoungrana, qui ont clamé et défendu le droit à la liberté pour les peuples africains et se sont engagés à la promotion de l'homme.

Mais l’avenir de l’Afrique s’annonce incertain. Les prophètes de malheurs, ceux qui misent seulement sur les intérêts de l’argent, ceux qui revendiquent la suprématie ethnique ou régionaliste, tous au mépris de la dignité de l'homme ont contribué à la destruction systématique de la vie et des valeurs de ce continent. Dans la confusion des conflits qui déchirent et blessent douloureusement les Africains, l’Eglise n’est pas épargnée. A la suite des évêques tant de membres du clergé et du peuple de Dieu sont injustement accusés ou même assassinés. Des pays entiers vivent le martyre de la pauvreté et de la souffrance.

Et pourtant dans ce paysage de désolation, la mémoire du Cardinal Zoungrana nous interpelle à l'écho des paroles du Prophète Isaïe:

"Il présentera aux nations le droit

il ne crie pas, il n'élève pas le ton

il ne fait pas entendre sa voix dans la rue

il ne brise pas le roseau froissé,

il n'éteint pas la mèche qui faiblit

fidèlement il présente le droit

il ne faiblira, ni ne cédera

jusqu'à ce qu'il établisse le droit"

Il a toujours cru aux valeurs de l’Afrique et maintenu l’espérance contre toutes formes d’adversité. Les racines du Baobab couché contiennent encore la vie et sont garants de croissance et de résurrection. Le souvenir de ceux qui entrent dans la lignée des ancêtres doit inspirer notre action pour aujourd'hui et demain.

Le petit Paul , fils d' Odilon et d' Ursule, après son ordination sacerdotale, acquiert très vite une stature chrétienne africaine et ecclésiale d’une exceptionnelle envergure. Après une formation riche et variée faite de théologie, de droit canonique, de sciences sociales et d’économie au Burkina, à Rome et à Paris. C’est ainsi qu’un de ses prêtres disait que l’Archevêque de Ouagadougou est trop grand pour la petite Haute Volta.

L'élève des Soeurs Blanches, devenu par la suite évêque et cardinal, a retenu une chose essentielle: Jésus-Christ, Fils de Dieu a établi sa demeure en Afrique, le Christ Incarné est devenu africain. Comme prêtre et évêque, Zoungrana a toujours voulu sauvegarder l’identité du Christ afin que rien et personne en Afrique ne la défigure ni dans les revendications culturelles inadaptées, ni dans les errements de théories théologiques ou philosophiques dangereuses.

Il a maintenu la foi des Pères de l’Eglise voyant en leur profession les attentes de nos communautés naissantes.

Il a toujours essayé de donner à l’Eglise sa place dans la société africaine. L'homme qui a traversé le siècle était de son temps. Il a vécu les troubles des indépendances, le Concile Vatican II, le Synode pour l'Afrique avec la même constance.

Il est toujours resté, malgré les vicissitudes, les agitations et les crises l'homme du dialogue qui permettait de "marcher sur les oeufs". Il avait la sagesse pour concilier dans la fermeté, la vérité et la communion ; il est le Sage qui a su rassembler, unir et animer tant au niveau de la pensée que de l’action.

Aujourd’hui l’Afrique lui doit une reconnaissance justifiée pour la création du Symposium des Conférences Episcopale d'Afrique et de Madagascar (SCEAM) et de la Conférence Episcopale Régionale de l'Afrique de l'Ouest (CERAO), du Centre d’Etudes Sociales d’Afrique de l’Ouest (CESAO). Sa collaboration fut déterminante quand le Saint-Père décida de la mise en place de la Fondation Jean-Paul II pour le Sahel.

Paul, le voltaïque est devenu l'éminent Cardinal Zoungrana dans la double fidélité à l'Afrique et à l'Eglise, fidèle interprète des besoins et des aspirations de son peuple et ardent défenseur des valeurs de l’Evangile.

II - Un Fils de l’Eglise Universelle

Bien que fier de son appartenance à cette terre d'Afrique dont il revendiquait la dignité, la fréquentation et son engagement comme membre de la Société des Missionnaires d'Afrique ont cultivé en lui le sens de l'universalité et de la mission. Il a toujours manifesté une grande admiration pour le Cardinal Lavigérie et une gratitude filiale envers les Pères Blancs et les Soeurs Blanches.

Membre du clergé africain, indigène, ce noir parmi les blancs, a su communiquer son amour pour la mission universelle et son attachement à l'évangélisation de l'Afrique. C'est ainsi qu'il encouragea plusieurs de ses prêtres à travailler dans différents diocèses du Burkina et à servir d'autres Eglises en Guinée et au Niger.

Il s'est révélé collaborateur sincère et dévoué des 4 Papes. A leur service, il a été un médiateur infatigable, messager et porte-parole efficace. Il a su affronter au delà des souffrances personnelles, les crises ouvertes sur le continent africain et au sein de l'Eglise. Homme d'une grande force spirituelle qui a toujours su résister aux conflits d'influence, portant toujours avec prudence et détermination les valeurs de l'Evangile, le bien de l'Eglise et l'identité africaine. Il est devenu au long des années une personnalité incontournable.

Je me souviens de cet homme particulièrement actif au cours du Concile Vatican II, de sa précieuse contribution aux différents Synodes et de sa collaboration au sein de cinq Dicastères romains.

Quand le Pape Jean Paul II a convoqué des Cardinaux africains pour la consultation en vue de choisir le lieu du Synode africain, il a partagé ainsi son sentiment. Il disait que le coeur lui commandait la tenue du Synode en Afrique, mais les raisons de l'universalité lui suggéraient Rome, parce que Rome est Rome afin de permettre la présence permanente du Pape aux travaux et de signifier au monde la place de l’Afrique au coeur de la chrétienté universelle. En outre les Africains devaient profiter de l'occasion autour du Siège de Pierre.

III - Un bâtisseur de l’Eglise-Famille

Si Mgr Thévenoud a marqué le premier cinquantenaire de l’évangélisation du Burkina Faso, le Cardinal Paul Zoungrana aura marqué le deuxième (1960-2000). Le Fondateur puis le Bâtisseur de l’Eglise Famille de Dieu sont deux phares pour le second centenaire de l’évangélisation qui s’ouvre par le Grand Jubilé de l’An 2000.

A la suite de Mgr Joanny Thévenoud il a gardé un grand amour et une attention particulière pour le Petit Séminaire de Pabré et le Centre de Formation des Catéchistes, pépinières de vocations sacerdotales autochtones et de catéchistes, qui sont des auxiliaires indispensables des prêtes dans l’apostolat.

Comme Pasteur, et un des trois premiers prêtres du Burkina, il recommandait la plus grande exigence dans la formation. Sa vie de prêtre a été un consentement authentique total, vrai et exigeant. Heureux d'être prêtre, il a essayé de donner le témoignage d'un sacerdoce heureux et valeureux aux yeux de Dieu et devant les hommes.

Je sais comment son clergé parlait de sa rigueur. Mais tous voient en lui un modèle de chrétien et de serviteur de l’Eglise. Il attendait de tous ses collaborateurs la responsabilité du travail bien fait, le courage et la piété au quotidien. Il est resté pour vous et pour nous à Rome, jusqu’au bout, un modèle de simplicité apostolique, de charité chrétienne et de courtoisie.

Le Cardinal Paul Zoungrana étonne enfin par sa générosité et son indifférence pour la richesse matérielle. Son rang social-ecclésial aurait pu lui permettre d'accumuler des richesses pour lui-même et sa famille; mais il a servi et est mort, sans rien laisser. Voici un modèle qui pourrait servir à plusieurs responsables d'Eglises et à des Chefs politiques et administratifs.

Le catéchuménat de quatre ans dans la tradition des Pères Blancs était pour lui fondamental pour la mise en place de communautés chrétiennes solides. Après le Concile il a encouragé et soutenu la constitution des Communautés chrétiennes dans le souci d’un laïcat conscient de son identité et de son rôle dans l’Eglise et la société.

Soucieux de l'inculturation, il a été bien avant le Synode pour l'Afrique, un des initiateurs de l'Eglise-Famille

La voix du Cardinal Zoungrana a réveillé les consciences dans le souci qu'il avait de défendre les droits des pauvres et des faibles. Qui ne connaît les Lettres Pastorales du Cardinal Zoungrana? Et souvenons-nous des ses courageuses déclarations pour la défense de la démocratie dans son pays ainsi que sa croisade pour défendre la famille et les droits de la femme en Afrique.

De sa formation en Sciences sociales il a gardé la sensibilité pour les oeuvres sociales et caritatives. Il laisse ainsi un discours social et des oeuvres pour la promotion humaine en matière d'éducation et de santé.

IV - L'héritage du Cardinal Paul Zoungrana

Frères et Soeurs, on dit en Afrique "quand un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle". Mais le Cardinal Zoungrana restera une bibliothèque vivante, un livre de la vie ouvert à jamais.

"Le baobab est tombé", il s'est couché et sur le sol et le lieu où il repose une rivière d'abondances jaillit en grâces. La foi du Patriarche, celle des missionnaires, des catéchistes comme Alfred Diban Ki Zerbo est le secret de votre fécondité et de votre jeunesse à travers les âges dans l'imitation de Jésus-Christ.

On dit que la calebasse des orphelins est vide. Mais votre calebasse est pleine d'un trésor inestimable. Dans votre calebasse, il y a la perle de l'évangile. Paul VI, à Kampala et le Pape Jean Paul II vous invitent à l'engagement missionnaire.

Chrétiens d’Afrique et Eglise du Burkina Faso, que ferez-vous de l’héritage de votre Saamba (Père) Zoungrana?

Chrétiens de l'Eglise-Famille je vous dis courage, vous faites partie de la Grande Famille de l'Eglise universelle. Engagez-vous pour ce pays, pour l'Afrique et pour l'Eglise en restant témoins du Christ ressuscité.

Restez attachés au Christ incarné et à sa Mère, soyez fidèles à l'Afrique et fidèles à l'Eglise.

Si vous poursuivez l’œuvre d’évangélisation à l’exemple du Cardinal Zoungrana, vous porterez le témoignage de votre dynamisme et de vote croissance.

Quand un prêtre meurt, c'est une action de grâce qui se célèbre. Quand un évêque meurt au cours d'une année jubilaire, l'Eglise présente au Seigneur une belle offrande.

"Seigneur voici notre offrande, son nom est Paul Zoungrana".

 

Conclusion

Et comme dit saint Jérôme: "C'est une grande souffrance que nous l'ayons perdu, mais nous te rendons grâce, Seigneur, de nous l'avoir donné, du reste nous l'avons encore parmi nous, parce qui retourne à Toi, reste toujours parmi nous". (Ep 85,1)

REQUIESCAT IN PACE. AMEN

[01352-03.01] [Texte original: Français]