J’ai appris avec plaisir que la communauté ecclésiale de Pompéi se prépare à célébrer une Année jubilaire avec des initiatives pastorales appropriées, pour commémorer le 150^e anniversaire de l’arrivée du vénéré tableau de la Vierge du Rosaire. Je suis heureux de me joindre spirituellement à ceux qui célébreront cet anniversaire important et resteront en méditation priante au temple marial pompéien, pour trouver réconfort et espérance dans le doux visage de la Mère céleste.

Lorsque ce tableau arriva là-bas, le 13 novembre 1875, l’avocat Bartolo Longo, fondateur du sanctuaire, avait retrouvé depuis peu sa foi perdue pendant ses années d’études universitaires. Une voix entendue au plus profond de son âme fut comme un éclair dans la nuit, l’éloignant d’une lutte acharnée et faisant résonner dans son cœur avec une force nouvelle une parole liée à la pieuse tradition du Rosaire: «Si tu cherches le salut, répand le Rosaire». Cette devise, qu’il connaissait bien, prenait désormais dans son âme, comme cela arrive souvent dans les expériences mystiques, le sens d’une promesse et, en quelque sorte, d’un mandat.

A partir de ce moment, en effet, il devint apôtre du Rosaire et, avec d’innombrables initiatives et écrits, et surtout avec ses «Quinze samedis», il fut l’un des plus grands interprètes de cette dévotion mariale, dont une longue série d’interventions de mes vénérés prédécesseurs, notamment à partir de Léon XIII, en ont exploré en profondeur le sens, jusqu’à la Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae de saint Jean-Paul II, qui l’a relancée à l’aube du troisième millénaire en proclamant une Année du Rosaire.

Il est providentiel que le Jubilé du tableau de la Vierge de Pompéi coïncide avec l’imminente Année Jubilaire, centrée sur Jésus notre espérance, et avec le XVII^e centenaire du Concile de Nicée (325), qui a mis particulièrement en évidence le mystère divino-humain du Christ, à la lumière de la Trinité. Il est beau de redécouvrir le Rosaire, dans cette perspective, pour assimiler les mystères de la vie du Sauveur, en les contemplant avec le regard de Marie. Le Rosaire, instrument simple et à la portée de tous, peut soutenir la nouvelle évangélisation à laquelle l’Eglise est appelée aujourd’hui.

Nous sommes conscients de la nécessité de redécouvrir la beauté du Rosaire dans les familles et les foyers. Cette prière aide à construire la paix et il est important de la proposer aux jeunes pour qu’ils la sentent non pas répétitive et monotone, mais comme un acte d’amour qui ne se lasse pas d’être répandu. Le Rosaire est aussi une source de consolation pour les malades et les souffrants, une «douce chaîne qui nous lie à Dieu», mais aussi une chaîne d’amour qui devient une étreinte pour les derniers et les marginalisés, qui étaient, aux yeux de Bartolo Longo, en particulier les orphelins et les enfants de prisonniers. C’est pourquoi je vous encourage à poursuivre avec un engagement renouvelé, à travers les nombreuses initiatives du sanctuaire, la grande histoire de charité commencée par Lui: c’est le plus bel héritage spirituel laissé par le bienheureux fondateur.

Aujourd’hui aussi, puisse le Seigneur encore parler à l’humanité qui a besoin de retrouver le chemin de l’harmonie et de la fraternité à travers le message de la Vierge de Pompéi. J’espère que ses nombreux fidèles dispersés dans le monde adhèrent toujours plus fidèlement au Seigneur, témoignant de leur proximité avec leurs frères, en particulier avec ceux qui sont le plus dans le besoin.

Avec ces vœux, en me souvenant avec gratitude des manifestations de foi vécues dans cette oasis mariale le 21 mars 2015 à l’occasion de mon pèlerinage, j’invoque toutes les grâces pour la terre de Campanie, en particulier pour ceux qui vivent des situations de détresse, tandis que je vous envoie de tout cœur ma bénédiction, cher frère, ainsi qu’à ceux qui prendront part à ces événements évocateurs.

Fraternellement

François

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L'Osservatore Romano, Edition hebdomadaire en langue française, LXXV^e année, numéro 46, jeudi 14 novembre 2024, p. 5.