PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Les sacrements n’ont pas de prix
Vendredi 9 novembre 2018
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n°048 du 27 novembre 2018)
Nos églises et notre pastorale servent-ils «le Seigneur ou le dieu argent»? Et dans le cœur des chrétiens y a-t-il le Seigneur ou l’idole de la corruption? Mettant en garde contre le «danger que nos églises deviennent un marché» et contre les «célébrations mondaines», le Pape François, a rappelé que les fidèles doivent également soutenir les nécessités économiques de leurs communautés sans être obligés de le faire selon des «listes de prix» fixés pour les sacrements, mais librement et dans le secret.
En s’inspirant du passage évangélique de Jean (2, 13-22), François a reproposé la scène où «Jésus entre dans le temple et voit ces “gens qui vendaient des bœufs, des moutons et des colombes et, assis là, les changeurs. Il fit alors un fouet de cordes et les chassa tous du temple».
«C’est une scène de violence» a-t-il affirmé, en ajoutant: «C’est vrai, quelquefois Jésus a été violent. Il a été dur, fort, mais en paroles». Mais «c’est la première fois que Jésus entre dans cette violence à travers les gestes: des gestes qui pèsent. «Comment se fait-il que Jésus entre dans cette phase violente?» «Jésus agit ainsi poussé par le zèle, le zèle de la maison de Dieu, le zèle de la maison de son Père convertie en un marché, comme il le dit lui-même: “Ne faites pas un marché de la maison de mon père!”». Et «cela le poussa à faire ces choses inimaginables. C’est l’amour pour le Père, l’unique Dieu».
«Mais l’explication du pourquoi, l’explication la plus radicale, nous la trouvons dans un dicton: “On ne peut pas servir deux maîtres: ou Dieu ou l’argent”. Pensez-y: c’est Jésus qui a donné le titre de “maître” à l’argent.
Et dans le temple, «Jésus a vu que l’on servait l’argent: il y avait l’idolâtrie. Derrière l’argent, il y a l’idole. Les idoles sont toujours en or. Et les idoles rendent esclaves». «C’est le zèle contre l’idolâtrie: cela nous fait penser à cette scène, elle aussi violente, du prophète Elie avec les prophètes de Baal sur le mont Carmel». Cette «violence d’Elie qui ne pardonne personne».
«Cela attire notre attention et nous fait penser à la manière dont nous traitons nos temples, nos églises; si elles sont vraiment la maison de Dieu, des maisons de prière, de rencontre avec le Seigneur; si les prêtres encouragent ces attitudes». Ou bien, «s’ils ressemblent aux marchés».
A cet égard, le Pape a affirmé: «Je le sais, je l’ai vu certaines fois — pas ici à Rome, mais ailleurs — une liste de prix. “Mais comment, on paye les sacrements?” — “Non, c’est une offrande”. Mais s’ils veulent faire une offrande, qu’ils doivent en donner une, ils n’ont qu’a la mettre dans la boîte pour des offrandes, dans le secret, pour que personne ne voit combien tu donnes». Et, a-t-il ajouté, «aujourd’hui aussi, il y a ce danger: “Mais nous devons subvenir aux besoins de l’Eglise. Oui, oui, oui, vraiment”. Que les fidèles y subviennent, mais dans la boîte des offrandes, pas avec des listes de prix».
«E cela arrive également aujourd’hui» a dit François, en mettant en garde contre le «danger que nos églises deviennent un marché». Mais «pas seulement cela: pensons à certaines célébrations d’un sacrement, ou commémoratives, où tu vas et tu vois cela: tu ne sais pas si la maison de Dieu est un lieu de culte ou si c’est un salon social». Il y a «certaine célébrations qui glissent vers la mondanité. C’est vrai que les célébrations doivent être belles — belles — mais pas mondaines, car la mondanité dépend du dieu argent. C’est une idolâtrie pure». Une constatation, a-t-il précisé, qui «nous fait réfléchir à nous aussi: quel est notre zèle pour nos églises, le respect que nous manifestons là quand nous entrons ?».
Que le passage évangélique qu’on appelle «la “purification du temple” nous fasse penser, nous fasse réfléchir sur nos temples, sur nos églises, sur la pastorale de nos églises: si elles sont au service de Dieu, du Seigneur Dieu, ou au service du dieu argent, c’est-à-dire un marché». Que «le Seigneur nous aide à réfléchir à cette scène “violente” de Jésus».
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