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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

L’Eglise a besoin de prophètes

Mardi 17 avril 2018

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n°019 du 10 mai 2018)

«L’Eglise a besoin que nous soyons tous des prophètes», c’est-à-dire des «hommes d’espérance», toujours «directs» et jamais «tièdes», capables de dire au peuple des «paroles fortes quand elles doivent être dites» et de pleurer ensemble si nécessaire. Voilà le profil du prophète tracé par le Pape François. Dans son homélie, le Pape a parlé d’un véritable «test» pour reconnaître le prophète authentique; qui n’est pas un annonciateur «de malheurs» ou «un juge critique», ni même «une personne dont la tâche est de faire des reproches». C’est plutôt un chrétien qui «fait des reproches quand c’est nécessaire», toujours «en ouvrant les portes» et en risquant également «sa peau» pour «la vérité» et pour «guérir les racines et l’appartenance au peuple de Dieu».

«Dans la première lecture, on trouve le récit du martyre d’Etienne». Une histoire qui «commence quand certaines personnes de la synagogue des affranchis, en voyant ces choses, les prodiges et la sagesse avec laquelle Etienne parlait, sont allés chez lui pour discuter; et lui discutait avec eux». Mais «eux ne pouvaient pas tenir tête à la sagesse et à l’esprit avec lequel il parlait, et au lieu de reconnaître ses arguments, ils inventèrent des calomnies et conduisirent Etienne au tribunal».

«Là, au tribunal, les gens qui étaient présents virent son visage comme celui d’un ange: transparent, fort, lumineux». Et ainsi «Etienne commença à leur parler, mais à la fin il s’aperçoit que ces gens étaient fermés, ils ne voulaient pas écouter». Comme pour dire: «Vous n’êtes pas cohérents avec la vie qui vient de vos racines». Etienne «raconte que les prophètes ont aussi été persécutés par “vos pères”, c’est-à-dire par ceux qui comme vous avaient des racines desséchées». Le passage des Actes fait remarquer qu’«en entendant ces choses, ils étaient furieux dans leur cœur: ils se sont profondément fâchés et ils grinçaient des dents contre Etienne».

Mais les Actes témoignent que, après avoir écouté les paroles d’Etienne, ses interlocuteurs «criant très fort se bouchèrent les oreilles». «C’était un geste pour dire; “je ne veux pas écouter cela”. Un geste très significatif». Et cela ne finit pas là, rapportent encore les Actes, parce qu’ils «s’élancèrent tous ensemble contre lui, ils l’entraînèrent en dehors de la ville et ils se mirent à le lapider: ainsi finit la vie d’un prophète». Du reste, «les prophètes ont toujours affronté ces problèmes de persécution pour avoir dit la vérité, et la vérité est dérangeante, elle n’est pas toujours agréable». De tous temps «les prophètes ont commencé à dire la vérité avec douceur, pour convaincre, comme Etienne, mais à la fin, n’étant pas écoutés, ils ont parlé durement». Et «Jésus aussi a dit presque les mêmes paroles qu’Etienne: “hypocrites”».

«Quel est, pour moi, le test pour savoir qu’un prophète dit la vérité quand il parle fort?». «C’est quand ce prophète est capable non seulement de parler, mais de pleurer sur le peuple qui a abandonné la vérité». Un vrai prophète est celui qui est capable de pleurer pour son peuple et aussi de dire des choses fortes quand il doit les dire. Ce n’est pas un tiède, il est toujours ainsi, direct».

C’est pourquoi, «le vrai prophète n’est pas un “prophète de malheur” comme disait saint Jean XXIII», mais «un prophète d’espérance: ouvrir les portes, guérir les racines, guérir l’appartenance au peuple de Dieu pour aller de l’avant. Donc «ce n’est pas quelqu’un dont la tâche est de faire des reproches», au contraire «c’est un homme d’espérance: il fait des reproches quand c’est nécessaire et il ouvre les portes en regardant l’horizon de l’espérance». De plus, «le vrai prophète, s’il fait bien son métier, risque sa peau et nous le voyons ici, avec Etienne». Les Actes des apôtres racontent qu’«à la fin, les témoins déposèrent leurs manteaux aux pieds d’un jeune appelé Saul et que ce Saul approuva la mort» d’Etienne». Et il semble qu’Etienne était là pour passer le flambeau» à Saul, à ce moment-là «encore un ennemi, mais auquel le Seigneur parlera et fera voir la vérité». Et «cela est la semence: la semence d’Etienne, la semence d’un martyr, la semence des nouveaux chrétiens».

«Demandons au Seigneur que ne manque par à l’Eglise ce service de la prophétie et qu’il nous envoie des prophètes, comme Etienne, qui nous aident à renforcer nos racines, notre appartenance, pour aller toujours de l’avant».

 



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