PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Résistance contre docilité
Mardi 9 mai 2017
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 022 du 01 juin 2017)
Ce furent les laïcs, «dispersés par la persécution après le martyre d’Etienne», qui apportèrent «la parole aux païens d’Antioche», où «pour la première fois ils furent appelés “chrétiens”», obtenant ensuite la voie libre et l’encouragement de la communauté des apôtres de Jérusalem à travers Barnabé. Le secret de cette première évangélisation extraordinaire a été «la docilité à l’Esprit Saint pour accueillir et annoncer la parole», a dit le Pape en invitant à prier «pour Antioche» et en offrant la Messe «pour les sœurs de la Maison Sainte-Marthe» — les filles de la charité de Saint Vincent de Paul — qui rappellent «le jour de leur fondatrice, sainte Louise de Marillac». Une persécution, donc, après «le martyre d’Etienne» qui «a reproché tant de fois leur dureté de cœur aux chefs, aux docteurs de la loi». Et «la parole la plus forte» qu’Etienne «répétait sans cesse» était précisément: «Vous avez commis le péché de résister à l’Esprit Saint». «Aujourd’hui les lectures nous parlent d’une attitude contraire: la docilité à l’Esprit Saint, qui est l’attitude des chrétiens». Ainsi, «je me demande: est-ce que ces personnes qui ont été jusqu’en Phénicie, à Chypre, à Antioche, “ne proclamaient la parole à personne en dehors des juifs”» parce qu’elles «avaient encore cette mentalité, que le salut était pour les juifs»? On lit dans le texte: «Mais certains d’entre eux, des gens de Chypre et de Cyrène, arrivés à Antioche, commencèrent à parler aussi aux Grecs, en annonçant que Jésus est le Seigneur. Et la main du Seigneur — l’Esprit du Seigneur — était avec eux». Ainsi, «un grand nombre crut et se convertit au Seigneur», comme le rapportent les Actes. Ces chrétiens «ont fait le pas d’annoncer Jésus Christ aux païens avec naturel, parce qu’ils sentaient que l’Esprit poussait à cela: ils ont été dociles». «Ce sont des laïcs qui ont apporté la parole, après la persécution, parce qu’ils avaient cette docilité à l’Esprit Saint». A cet égard, l’apôtre Jacques, «dans le premier chapitre de sa lettre, nous conseille d’accueillir avec docilité la parole, de la recevoir comme elle vient: la parole qui apporte l’Esprit». Ouvrir son cœur, la laisser entrer comme la semence qui ensuite germera». Puis «on l’approfondit» et on apprend à «connaître la parole et connaître Jésus». «Ils me connaissent et me suivent» dit le Seigneur dans l’Evangile de Jean (10, 22-30). «Un troisième pas est la familiarité avec la parole». Il est important «d’apporter avec nous la parole, de la lire, d’ouvrir notre cœur à la parole, à l’Esprit qui est celui qui nous fait comprendre la parole». La bonne voie est donc «de recevoir avec docilité la parole, de connaître la parole et de demander à l’Esprit la grâce de la faire connaître». Et «de faire en sorte que cette semence germe et grandisse dans des attitudes de bonté, de douceur, de bienveillance, de paix, de charité, de maîtrise de soi: tout ce qui fait le style chrétien». Les Actes des apôtres nous disent que «quand la nouvelle de ces gens qui, venus de Chypre et de Cyrène, annonçaient la parole aux païens, parvint à Jérusalem, eux aussi eurent un peu peur et ils envoyèrent Barnabé à Antioche. Quand celui-ci arriva et vit la grâce de Dieu, il se réjouit et exhortait tout le monde à rester, d’un cœur résolu, fidèle au Seigneur». Barnabé, était «un “homme vertueux et rempli d’Esprit Saint”». Ainsi, «l’Esprit nous guide pour ne pas nous tromper, accueillir avec docilité l’Esprit, connaître l’Esprit dans la parole et vivre selon l’Esprit». Demandons-nous «si nous résistons à l’Esprit», si «nous lui faisons résistance ou si nous l’“accueillons avec docilité”, selon le terme de Jacques». On pourrait dire «résistance contre docilité» a affirmé le Pape, en invitant à demander la grâce d’être dociles. Cela s’est précisément passé à Antioche, où on nous a donné notre nom: c’est là que, pour la première fois, les disciples furent appelés “chrétiens”. C’est beau, prions pour Antioche».
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