PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Lundi 12 septembre 2016
( L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 38 du 22 septembre 2016 )
Nous sommes tous Corinthiens
« Je vous demande de faire tout le possible pour ne pas détruire l’Église par des divisions, qu’elles soient idéologiques, ou pour des motifs cupides et d’ambition, de jalousies ». Les paroles que Paul écrivit aux Corinthiens pourraient également être adressées « à nous tous, à l’Église d’aujourd’hui », a-t-il expliqué en citant un passage de la première lettre : « Je n’ai pas à vous louer de ce que vos réunions tournent non pas à votre bien, mais à votre détriment» et « j’apprends tout d’abord que, lorsque vous vous réunissez en assemblée, il se produit parmi vous des divisions ». Mais avant sa réflexion, le Pape a voulu indiquer un témoignage concret, simple, direct. « Aujourd’hui, le Seigneur nous fait une grâce, une grâce de mémoire », a-t-il dit en présentant ainsi Mgr Arturo Antonio Szymanski Ramírez, « un frère évêque qui suivit tout le Concile : il était devenu évêque deux ans auparavant ». Ce prélat mexicain âgé a concélébré la Messe avec le Pape et a échangé le baiser de paix avec lui. Vendredi dernier, François l’avait déjà reçu en audience. «Agé de quatre-vingt quinze ans, il continue à travailler, en aidant le curé» a dit François, en invitant expressément à louer le Seigneur précisément «pour cette grâce de la mémoire ». Mgr Szymanski Ramirez, archevêque émérite de San Luis Potosí, est né le 17 janvier 1922. Devenu prêtre en 1947 et évêque en 1960, il a pris part aux travaux du Concile Vatican II en siégeant (en raison de son nom d’origine slave) entre le cardinal Stefan Wyszyński et Mgr Karol Wojtyła, et en ayant également de fréquents contacts avec Joseph Ratzinger. Ayant renoncé à la charge de premier archevêque de San Luis Potosí le 20 janvier 1999, Mgr Szymanski Ramírez n’a jamais interrompu son humble service parmi son peuple. Pour sa méditation, François s’est donc inspiré du passage de la première lettre de saint Paul aux Corinthiens (11, 17-26) qui parle des divisions : « La division détruit le tissu de l’Église ». Du reste, « le diable possède deux armes très puissantes pour détruire l’Église : les divisions et l’argent ». Mais « nous, qui sommes naïfs, nous laissons prendre à son jeu » : « Et je dirai davantage à propos de cette guerre: c’est une guerre sale que celle des divisions, c’est un terrorisme. Mais prenons un exemple concret: quand dans une communauté chrétienne — que ce soit une paroisse, un collège ou des institutions, quelles qu’elles soient — on médit, on jette une bombe pour détruire l’autre » ; et ainsi, « l’autre est détruit et moi je vais bien et je peux m’élever : c’est le terrorisme des médisances! ». « Les divisions dans l’Église ne permettent pas au royaume de Dieu de grandir ; elle ne laissent pas le Seigneur se laisser bien voir, tel qu’il est ». En revanche, « les divisions ont pour effet que l’on voit une partie, et une autre partie contre celle-là: toujours contre, il n’y a pas l’huile de l’unité, le baume de l’unité». Du reste, «la racine de l’unité est dans cette célébration eucharistique». «Le Seigneur a prié le Père qu’ils “soient un, comme nous”, il a prié pour l’unité ». Mais « le diable cherche à détruire jusque là ». François a alors lancé un appel à « faire tout le possible pour ne pas détruire l’Église par les divisions, qu’elles soient idéologiques, ou pour des motifs cupides et d’ambition, de jalousies ». Et « surtout à prier et à sauvegarder la source, la racine propre à l’unité de l’Église, qui est le corps du Christ, dont nous célébrons tous les jours le sacrifice dans l’Eucharistie ». Les paroles que Paul écrit aux Corinthiens sont valables également pour nous: il nous demande de nous réunir ensemble « à notre bien » et non « à notre détriment », en mettant en garde de pas être une « Église entièrement réunie pour le pire, pour les divisions : pour le pire, pour salir le Corps du Christ, dans la célébration eucharistique ». Et « Paul lui-même nous dit, dans un autre passage : “quiconque mange le pain ou boit indignement la coupe du Seigneur aura à répondre du corps et du sang du Seigneur” ». En conclusion, François a demandé dans la prière, « au Seigneur, l’unité de l’Église, qu’il n’y ait pas de divisions ». Et « également l’unité à la racine de l’Église, qui est précisément le sacrifice du Christ, que nous célébrons chaque jour ».
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