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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE
EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE

Lundi 19 octobre 2015

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 44 du 29 octobre 2015)

Combien et comment

«La cupidité est une idolâtrie» à combattre avec la capacité de partager, de donner et de se donner aux autres. Le thème épineux du rapport de l'homme à la richesse a été au centre de la méditation du Pape François. En partant de l'extrait évangélique de Luc (12, 13-21) qui parle d'un homme riche préoccupé d'accumuler les produits de ses récoltes, le Souverain Pontife a remarqué que «Jésus insiste contre l'attachement aux richesses» et «non contre les richesses en elles-mêmes»: Dieu, en effet, «est riche» — lui-même «se présente comme étant riche en miséricorde, riche en de nombreux dons» — mais «ce que Jésus condamne est précisément l’attachement aux richesses». Du reste, il «dit clairement» qu’il est «très difficile» qu’un riche, c’est-à-dire un homme attaché aux richesses, entre dans le Royaume des cieux. A cet égard, le Souverain Pontife a fait référence également à l’extrait évangélique «du jeune si bon qui a ému Jésus», le jeune riche qui s'en alla «attristé» car il ne voulait pas tout laisser pour le donner aux pauvres. «L’attachement aux richesses est une idolâtrie». Nous sommes en effet face à «deux dieux: Dieu, le vivant, le Dieu vivant, et ce dieu d’or, dans lequel je mets ma sécurité. Et cela n'est pas possible». Même l'extrait évangélique proposé par la liturgie «conduit à cela: deux frères qui se disputent à propos de l’héritage». Nous tous, s’est dit le Pape avec certitude, «connaissons au moins une famille qui s’est divisée ainsi». Mais la cupidité est aussi à la racine des guerres: «oui, il y a un idéal, mais derrière il y a l’argent: l’argent des trafiquants d'armes, l’argent de ceux qui profitent de la guerre». Et Jésus est clair: «Faites attention et éloignez-vous de toute cupidité: c’est dangereux». En revenant à l’exemple évangélique, le Souverain Pontife a dressé le profil de l'homme dont il est question: «Cela se voit qu’il était doué, c’était un bon entrepreneur. Sa campagne avait donné une récolte abondante, elle était toujours pleine de richesses». Mais au lieu de penser à les partager avec ses ouvriers et leurs familles, il raisonnait sur la façon de les accumuler. Il en cherchait «toujours plus». Ainsi, «la soif de l’attachement aux richesses ne finit jamais. Si tu as le cœur attaché à la richesse — quand tu en as beaucoup — tu en veux davantage. C’est pourquoi, a expliqué François, Jésus invite à faire attention et à se tenir loin de toute cupidité. Et ce n’est pas un hasard si, lorsqu’il «nous explique le chemin du salut, les béatitudes, la première est la pauvreté d’esprit, c’est-à-dire “ne vous attachez pas aux richesses”: bienheureux les pauvres en esprit», ceux qui «ne sont pas attachés» aux richesses. «Peut-être en ont-ils, mais pour le service des autres, pour partager, pour faire avancer de nombreuses personnes». Certains, a-t-il ajouté, pourraient demander: «Mais père, comment fait-on? Quel est le signe que je ne suis pas dans ce péché d’idolâtrie, d’être attaché ou attachée aux richesses?». La réponse est simple, et elle se trouve aussi dans l’Evangile: «depuis les premiers jours de l'Eglise, il y a un signe: faites l'aumône». Cependant, cela ne suffit pas. En effet, si je donne à ceux qui en ont besoin, «c’est un bon signe», mais je dois aussi me demander: «Combien est-ce que je donne? Ce que j’ai en plus?». Dans ce cas, «ce n’est pas un bon signe». Je dois, plus précisément, savoir si en donnant, je me prive de quelque chose «qui est sans doute nécessaire pour moi». Dans ce cas, mon geste «signifie que mon amour envers Dieu est plus grand que mon attachement aux richesses». Il ne faut pas oublier, a dit le Souverain Pontife, que ceux que nous avons en face «sont la chair du Christ, c'est ton frère, ta sœur. Et toi à ce moment-là, tu es comme le Père qui ne laisse pas les petits oiseaux du ciel manquer de nourriture». Pour cela, a-t-il conclu, «demandons au Seigneur la grâce d’être libérés de cette idolâtrie, l'attachement aux richesses»; demandons-lui «la grâce de le regarder lui, si riche dans son amour et si riche dans sa générosité, dans sa miséricorde»; et c’est aussi la grâce «d’aider les autres avec l’exercice de l'aumône, mais comme il le fait lui». Certains pourraient dire: «Mais père, lui ne s’est privé de rien...». En réalité, c'est la réponse, «Jésus Christ, étant l’égal de Dieu, s’est privé de cela, il s'est abaissé, il s'est anéanti».



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