Index   Back Top Print

[ FR ]

PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Vendredi 15 mai 2015

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 22 du 28 mai 2015)

Sans peur

La peur et la tristesse rendent les personnes malades, de même que l’Eglise, car celles-ci paralysent, rendent égocentriques et finissent par vicier l’air des communautés qui, sur leur porte, affichent la pancarte «interdit» parce qu’elles ont peur de tout. C’est en revanche la joie qui, dans la douleur, parvient à se faire paix, le comportement courageux du chrétien, soutenu par la crainte de Dieu et de l’Esprit Saint. Dans la liturgie de la parole, «il y a deux mots forts sur lesquels l’Eglise nous fait méditer: peur et joie». «La peur est un comportement qui nous fait mal, nous affaiblit, nous diminue, et nous paralyse». A tel point qu’une «personne prise par la peur ne fait rien, elle ne sait que faire: elle est craintive, peureuse, centrée sur elle-même afin que rien de mal, de mauvais ne lui arrive». De ce fait, «la peur conduit à un égocentrisme égoïste et paralyse». C’est précisément «pour cela que Jésus dit à Paul: n’aie pas peur, continue à parler». La peur, en effet, «n’est pas un comportement chrétien», mais «le comportement, disons, d’une âme emprisonnée, sans liberté, qui n’a pas la liberté de regarder devant elle, de créer quelque chose, de faire le bien». La peur, toutefois, «doit se distinguer de la crainte de Dieu, avec laquelle elle n’a rien à voir». La crainte de Dieu «est sainte, c’est la crainte de l’adoration devant le Seigneur et la crainte de Dieu est une vertu». Celle-ci nous «fait avancer vers la mission que le Seigneur confie». L’«autre parole» proposée par la liturgie, «après l’Ascension du Seigneur», est «joie». Dans l’extrait de l’Evangile de Jean (16, 20-23), «le Seigneur parle du passage de la tristesse à la joie», en préparant les disciples «au moment de la passion: “Vous pleurerez et vous vous lamenterez, et le monde se réjouira; vous serez tristes, mais votre tristesse se changera en joie”». Jésus évoque «l’exemple de la femme au moment de l’accouchement, qui éprouve tant de douleur mais ensuite, une fois l’enfant né, oublie la douleur» pour laisser place à la joie. «Et personne ne pourra vous enlever la joie», assure donc le Seigneur. Mais «la joie chrétienne n’est pas un simple divertissement, ce n’est pas un bonheur passager». Au contraire, «la joie chrétienne est un don de l’Esprit Saint: c’est avoir le cœur toujours joyeux car le Seigneur a gagné, le Seigneur règne, le Seigneur est à la droite du Père, le Seigneur m’a regardé, m’a envoyé, m’a donné sa grâce et m’a fait fils du Père». Voilà ce qu’est vraiment «la joie chrétienne». Un chrétien, pour cela, «vit dans la joie». Mais «où est cette joie dans les moments les plus tristes, dans les moments de douleur? Pensons à Jésus sur la Croix : éprouvait-il de la joie ? Non, bien sûr! Mais il était en paix!». En effet, «la joie, au moment de la douleur, de l’épreuve, se fait paix». En revanche, «un amusement au moment de la douleur se fait obscurité, il devient sombre». Voilà pourquoi «un chrétien sans joie n’est pas chrétien; un chrétien qui vit continuellement dans la tristesse n’est pas chrétien». A «un chrétien qui perd la paix, au moment des épreuves,  des maladies, de nombreuses difficultés, il manque quelque chose». C’est «ce qui se passe chez les chrétiens, cela se passe dans les communautés, dans l’Eglise entière, dans les paroisses, dans de nombreuses communautés chrétiennes». En effet, «il y a des communautés peureuses, qui choisissent toujours la sûreté: “Non, non, nous ne faisons pas cela... Non, non cela n’est pas possible, cela n’est pas possible”». A tel point que «l’on a l’impression que sur la porte d’entrée, il est écrit “interdit”: tout est interdit par peur». Ainsi, «lorsque l’on entre dans cette communauté, l’air est vicié car la communauté est malade: la peur rend une communauté malade; le manque de courage rend une communauté malade». Dans la prière au début de la Messe, «nous avons demandé au Seigneur la grâce de nous élever vers le Christ assis à la droite du Père». C’est précisément «la contemplation du Christ assis à la droite du Père qui nous donnera le courage, qui nous donnera la joie, qui nous ôtera la peur et nous aidera aussi à ne pas sombrer dans une vie superficielle et amusante». «Par cette intention d’élever notre esprit vers le Christ assis à la droite du Père continuons notre célébration, en demandant au Seigneur: élève notre esprit, ôte toute peur et donne-nous la joie et la paix».

 



Copyright © Dicastero per la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana