PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 20 du 15 mai 2014)
Le diable certainement
« Le diable existe également au XXIe siècle et nous devons apprendre de l’Évangile comment lutter » contre lui pour ne pas tomber dans le piège. Mais pour cela, il ne faut pas être « ingénus ». Et il faut donc connaître ses stratégies face aux tentations qui ont toujours « trois caractéristiques » : elles commencent doucement, puis, elles se répandent par contamination et à la fin, elles trouvent le moyen de se justifier. Le Pape François a ainsi mis en garde contre le danger de penser que parler du diable aujourd’hui soit quelque chose « d’arriéré ». Mais, s’est demandé le Pape, « comment fait l’esprit du mal pour nous éloigner du chemin de Jésus avec sa tentation ? ». La réponse à cette interrogation est décisive. « La tentation du démon possède trois caractéristiques et nous devons les connaître pour ne pas tomber dans les pièges ». On le comprend également de la « première tentation de Jésus » dans le désert, qui « semble presque une séduction. Le diable va lentement ». Le diable suit la tactique de la « séduction » : il parle presque « comme s’il était un maître spirituel, comme s’il était un conseiller ». Mais si « la tentation est repoussée », ensuite, « elle se répand et revient encore plus forte ». Et ici, « on voit clairement la force de cette croissance » par contamination de la tentation. Ainsi, ce qui semblait un filet d’eau, un petit filet d’eau tranquille, devient une marée, un fleuve puissant qui nous emporte ». Car, précisément, la tentation « croît toujours et contamine ». La troisième caractéristique de la tentation du démon est qu’« à la fin, elle se justifie ». Le Pape François, à ce propos, a rappelé la réaction du peuple lorsque Jésus est revenu « pour la première fois chez lui à Nazareth » et qu’il s’est rendu à la synagogue. D’abord, tous sont frappés par ses paroles, puis, immédiatement suit la tentation: « Mais celui-ci n’est-il pas le fils de Joseph, le charpentier, et de Marie ? Avec quelle autorité parle-t-il s’il n’est jamais allé à l’université et qu’il n’a jamais étudié ? ». Nous aussi, « lorsque nous sommes tentés, nous allons sur cette même voie. Nous avons une tentation qui croît et en contamine un autre ». Il suffit de penser aux médisances: si nous avons « un peu d’envie pour telle ou telle personne », nous ne la gardons pas pour nous, mais nous finissons par la partager, en parlant mal d’elle autour de nous. C’est ainsi que la médisance « essaie de se répandre et contamine un autre, et encore un autre... ». Voilà pourquoi il faut faire « attention lorsque dans notre cœur, nous sentons quelque chose qui finira par détruire les personnes, détruire une réputation, détruire notre vie, en nous conduisant à la mondanité, au péché ». Certes, « certains d’entre vous — peut-être, je ne le sais pas — pourraient dire : mais, père, comme vous êtes arriéré, parler du diable au XXIe siècle ! ». Mais « vous savez, le diable existe ! Le diable existe aussi au XXIe siècle. Et nous ne devons pas être ingénus. Nous devons apprendre de l’Évangile comment lutter contre lui ».
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